Règlement européen en cours d'adoption. Ne sera pas appliqué avant 2025 au mieux.
Suite du Data Governance Act (DGA) de 2022 (règlement 2022/868) qui vise à favoriser le partage et la réutilisation des données (faciliter la réutilisation des données protégées du secteur public ‒ secret des affaires, propriété intellectuelle, etc. ‒, certification des services d'intermédiation de données, et des entités qui partagent leurs données ‒ sorte de hall of fame ‒ , centre européen de l'innovation dans les données, transfert des données à des organisations œuvrant pour l'intérêt général ‒ santé, climat, recherche, etc., au choix des États membres ‒), cf. Qu'est-ce que le Data Governance Act, le nouveau règlement européen ?
Bref, rien de transcendant, règlement plutôt timide, plus de questions que de réponses, ce qui explique qu'on n'en est pas entendu causer, y compris dans la presse spécialisée.
Sources :
Projet de loi en cours de "discussion" au Parlement français (il reste la CMP).
Critiques :
ÉDIT DU 24/12/2023 : on attend toujours la réunion de la Commission Mixte Paritaire. FIN DE L'ÉDIT DU 24/12/2023.
Sources :
2020 : les sites web qui permettent d'accéder à du porn (ça va donc au-delà des sites porno, cf. point 2022) ne peuvent plus se contenter d'une auto-déclaration "j'ai plus de 18 ans" par leurs visiteurs. En cas de manquement, l'ARCOM (ex-CSA+HADOPI) peut demander au juge judiciaire le blocage du site web contrevenant. Loi 2020-936 visant à protéger les victimes de violences conjugales (parce que, évidemment, la majorité des auteurs de violences conjugales sont accros au porn, c'est bien connu).
2021 - maintenant :
2022 :
2023 :
« Le considérant 14 de la directive e-commerce précise que « La présente directive ne peut pas empêcher l’utilisation anonyme de réseaux ouverts tels qu’Internet. » La CJUE rattache également ce droit à naviguer anonymement sur Internet aux articles 7 (droit à la vie privée) et 8 (droit à la protection des données personnelles) de la Charte UE des droits fondamentaux : « Ainsi, en adoptant cette directive [e-privacy n° 2002/58], le législateur de l’Union a concrétisé les droits consacrés aux articles 7 et 8 de la Charte, de telle sorte que les utilisateurs des moyens de communications électroniques sont en droit de s’attendre, en principe, à ce que leurs communications et les données y afférentes restent, en l’absence de leur consentement, anonymes et ne puissent pas faire l’objet d’un enregistrement. » (CJUE, gr. ch., 6 octobre 2020, La Quadrature du Net e.a., aff. C-511/18, C-512/18 et C-520/18, pt. 109 [ arrêt relatif aux données de connexion). Par ailleurs, la CJUE parle d’anonymat, et non de pseudonymat.
[…]
La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) considère, au visa de l’article 10 de la CESDH qui protège le droit à la liberté d’expression, qu’il existe un principe de droit à l’anonymat sur Internet (CEDH, gr. ch., 16 juin 2015, Delfi AS c. Estonie, n° 64569/09, § 147). Ce droit à l’anonymat est également issu du droit à la vie privée de la [ CESDH ] puisque la Cour considère qu’un internaute conserve une attente raisonnable relative au respect de sa vie privée lorsque son adresse IP est traitée lors de sa navigation en ligne, alors même que l’adresse IP est, dans ce contexte, une donnée personnelle rendue publique par la navigation (CEDH, 24 avril 2018, Benedik c. Slovénie, n° 62357/14, §§ 100–119). »
D'un autre côté, dans son arrêt Breyer contre Allemagne de 2020, la CEDH valide la collecte de données d'identification des détenteurs d'une carte SIM prépayée car l'ingérence est nécessaire et proportionnée. Donc, tout dépend de l'objectif poursuivi et des modalités de mise en œuvre.
Concernant la dangerosité de l'anonymat sur le ternet, je ressors ça : Pourquoi la levée de l'anonymat sur Internet ne mettra pas fin aux délits en ligne (une expression agressive dépend plus de l'implication dans un sujet, de la position sociale de l'auteur, et de l'acceptation sociale de tels propos).
Source : Projet de loi SREN et accès au porno : identifier les internautes ne résoudra rien.
L'ARJEL a été renommée Autorité Nationale des Jeux (ANJ) en 2020.
Avant 2022, elle devait passer par un juge judiciaire pour obtenir le blocage, par les FAI, d'un site web non-agréé par l'État. Désormais, blocage administratif + déréférencement. Idem pour la pub (ou les cotes) pour un tel site. Article 49 de la loi 2022-296 visant à démocratiser le sport en France.
Pour l'instant, la liste des sites web bloqués ou déréférencés est publique.
Source : Le blocage de site sans juge et le projet PJLSREN du gouvernement.
Règlement européen « responding to Child Sexual Abuse Material (CSAM) » en cours de discussion. Suite de la dérogation à ePrivacy de 2021.
Fait partie de la stratégie de l'UE « pour un meilleur Internet pour les enfants » (ça fait penser au Online Safety Act du Royaume-Uni, j'vais y revenir).
Faire surveiller par les hébergeurs et les opérateurs / fournisseurs, les publications, les magasins d'applis, et les messageries privées (côté client, donc avant chiffrement) afin d'identifier le pédoporn (plus largement les violences sexuelles sur mineur). LQDN considère que les chats dans les jeux vidéo sont concernés. Contrairement au DSA, pas d'exemption en dessous d'un seuil (CA, nombre d'utilisateurs, etc.) ;
Plusieurs étapes obligatoires :
Récemment, Apple s'est fait mousser en annonçant renoncer à détecter les contenus pédoporn sur iCloud. Comme le rappelle LQDN : « Néanmoins, il faut relativiser cette prise de position dès lors que la firme continue d’expérimenter une technologie similaire dans une fonction facultative dénommée « Communication Safety » qui recherche de la nudité directement sur les terminaux. ». On constate cela dans les articles de Wired et d'Ars Technica.
Sources :
ÉDIT DU 21/12/2023 :
Fin novembre 2023, les différents groupes politiques du parlement se sont mis d'accord sur une position commune refusant les injonctions généralisées de surveillance d'un acteur. Une surveillance ciblée, sur injonction judiciaire, d'individus et de groupes (genre tout un canal de discussion) sur lesquels pèserait une suspicion resterait possible. Restera à voir les détails quand la nouvelle monture du texte sera publiée genre comment cela sera-t-il fait si chiffrement de bout en bout ? La vérification de l'âge demeure (nouveautés : pas de conservation des "justificatifs" et trucs du même genre, vérification proportionnée pouet-pouet, etc.)
Suite ? Gérer le dissensus avec le Conseil (co-législateur UE). Rien n'est encore joué.
Concernant le Online Safety Act anglais : il concerne l'automutilation, les menaces, le harcèlement, les fausses infos (kézako ? Tout gouvernement, collectif ou individu en diffuse en permanence…), la pub pour des escroqueries (tout le marketing n'est-il pas une escroquerie ?), l'accès au porn par les mineurs et donc l'impossible question de la vérification de l'âge. Il a un côté DSA : il concerne aussi les adultes, il vise les grands acteurs numériques, il exige d'eux des évaluations de la menace, il prévoit de lourdes sanctions, etc. Comme le règlement CSAR, il prévoit l'analyse des messages interpersonnels mais le gouvernement a promis qu'il n'obligera pas les acteurs à compromettre le chiffrement ni à utiliser des techniques qui n'existent pas (encore heureux), et, c'est bien connu, quand un gouvernement promet, on est rassuré. :))))
FIN DE L'ÉDIT DU 21/12/2023.
Paquet législatif européen de deux textes extra-territoriaux complémentaires.
Règlement européen 2022/1925 relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique aka règlement sur les marchés numériques. Préparation entre 2020 et 2022. Entrée en application progressive entre mai 2023 et mars 2024.
Règlement plutôt axé concurrence, B2B (plateformes qui permettent à des entités utilisatrices d'attendre des consommateurs finaux), etc.
Sources :
Règlement européen 2022/2065 relatif à un marché unique des services numériques aka règlement sur les services numériques. Préparation entre 2020 et 2022. Entrée en application entre août 2023 (acteurs essentiels) et février 2024 (source).
Règlement plutôt axé contenus, citoyens (B2C), harmonisations des législations nationales (sur le retrait de contenus, par ex.), etc.
Sources :
Comme dans d'autres domaines, une partie du droit national de chaque État membre est ainsi délégué à l'UE. Il faut donc informer la CE et ne pas légiférer au niveau national (ça reviendrait à fragmenter les règlements européens, qui ont justement un objectif d'application uniforme à travers l'UE, d'harmonisation des législations).
La Commission européenne avertit la France qu'elle ne peut pas aller au-delà de ses règlements (à propos du bannissement des harceleurs des réseaux d'asociaux) :
« Si les États membres veulent ajouter des nouvelles obligations supplémentaires à celles prévues par le DSA, ils peuvent le demander, mais il faut un consensus au niveau européen. Elles ne doivent pas être incluses dans des lois nationales qui vont revenir à fragmenter l’application du DSA. Si la France le fait, qu’est-ce qui empêchera demain Victor Orban ou la Pologne de demander à un hébergeur de retirer des contenus LGBT ? »
[…]
La Commission européenne a déjà rappelé que les États-membres ne devaient pas, sur un « domaine réservé » déjà traité par Bruxelles, édicter des règles plus strictes. […] Les États membres devraient s’abstenir d’adopter des législations nationales qui feraient double emploi avec ces règlements ou qui créeraient des dispositions plus strictes ou plus détaillées dans les domaines réglementaires concernés […]
Ainsi, je me demande dans quelle mesure le DSA et le DMA limiteront le concours perpétuel de la meilleure idée liberticide. Quelle proportion des mesures proposées en France sera en conflit avec les règles européennes (dont l'essentiel porte sur les géants du numérique) et torpillée de ce fait (et des mesures ne visant pas les géants seront perçues comme inutiles…) ? Dans quelle mesure la France convaincra l'UE (comme sur les données de connexion) ?
Premier effet chez Microsoft en novembre 2023. Sur YouTube, ça donne la désactivation par défaut des recommandations, d'où une page d'accueil blanche.
Causerie Thinkerview en juin 2021. Retranscription.
Données personnelles (DCP, en vrai) et géopolitique :
L'ordinateur est fatal (inéluctable). N'existe que ce qui est implémenté (ex. : sans Unicode, des dialectes et des langues ne pouvaient être écrites avec un ordi). Rigidifie le monde (il faut entrer dans les cases prévues, et ajouter des cases après-coup pour rattraper ce qu'on nommera une bourde dans le modèle de données, ne suffit pas : il pourra toujours y avoir des cas imprévus, la multiplication des cas ajoute de la complexité, etc.). La réalité ne rentre pas forcément dans les cases. Contraint l'agent administratif comme l'usager (il a le même logiciel). Plus de négociation possible. Forte contrainte sur les individus : quand un 06 est exigé jusqu'à l'absurde, quand on ne centre pas la médecine sur le patient, etc. ;
Passe sanitaire :
Redevance copie privée (RCP) :
Macro-économie :
Ma dernière contribution à une réponse de la FFDN à une consultation de l'ARCEP (après quoi j'ai arrêté de pisser dans un violon).
Mon principal apport est la problématique des CDN que des FSI (Netflix, Valve/Stream, Google/YouTube, etc.) déploient chez les FAI (terminologie : off-nets CDN). Ils sont accessibles, et donc améliorent la qualité de service, de ces seuls abonnés, favorisant ainsi ces FAI au détriment d'autres (surtout les plus petits).
De même, seules quelques entités (FSI, opérateur de CDN) bien établies peuvent construire et opérer une telle machinerie, ce qui entraîne une concentration du marché voire une éviction des nouveaux entrants.
Cette restriction d'accès en fonction de l'IP source (ou destination) pourrait être regardée comme une atteinte à la neutralité du net. Le reproche n'est pas d'héberger des machines dans le réseau d'un FAI, mais la manière, restrictive, d'interconnecter ce nœud avec le réseau du FSI et du FAI. Il ne s'agit pas d'une offre conventionnelle d'hébergement, puisque l'apport réel est une route privilégiée entre deux réseaux qui profite uniquement à deux entités (FAI et FSI), c'est-à-dire une interconnexion privilégiée.
Un CDN on-net (dans le réseau du FSI, ou off-net sans route privilégiée) bien réparti avec des interconnexions qualitatives vers les FAI ne présente pas ces inconvénients et permet une délimitation franche (chacun son réseau, échange de trafic entre réseaux / opérateurs, etc.). C'est encore mieux si la "mutualisation" s'effectue sur des points d'échange (là encore, ça évite aux gros FAI ou FSI de graisser la patte de l'autre ou de l'entraver).
Une mini-étude sur ces CDN externalisés.
Je me demande dans quelle proportion la généralisation de cette pratique a freiné les bastons autour des interconnexions entre opérateurs réseaux (gratuite ou payante, combien, etc.) qui étaient fréquentes il y a 10 ans. (Un CDN hébergé chez un FAI désengorge ses interconnexions.)
Directive européenne 2019/790. Improprement nommée « directive copyright » (régime juridique différent du droit d'auteur qui existe uniquement en droit anglo-saxon).
À l'époque, deux dispositions avaient fait grand bruit : un droit voisin de 20 ans pour la presse, et une obligation de conclure des accords avec les ayants-droits ou, à défaut, de mettre en œuvre un filtrage automatisé des contenus publiés par les utilisateurs.
Au final, on est loin du cataclysme annoncé : le droit voisin ne concerne pas les liens ni les usages perso / non-commerciaux, et le droit de citation prévaut ; le filtrage auto n'est exigé que d'entités ayant un chiffre d'affaires conséquent et/ou un nombre d'utilisateurs actifs conséquent et/ou une certaine ancienneté, et le droit de citation, revue, parodie, critique, prévaut. Je rejoins l'analyse de Calimaq selon laquelle ces critères sont utiles et pertinents pour défendre un Internet acentré à taille humaine (qui, pour moi, passe, entre autres, par l'entrave des géants).
En avril 2022, dans son arrêt C-401/19, la CJUE a validé le filtrage automatique en insistant sur le fait que le contenu doit être manifestement illégal (les FSI n'ont pas à en apprécier de manière autonome ‒ cela vaut aussi pour les plaintes des ayants-droits qui devront être précises ‒), qu'il convient de limiter les faux-positifs (entraves aux usages licites), et qu'un recours contre une censure doit pouvoir être exercé auprès d'une personne physique du FSI. J'observe que YouTube ne satisfait pas ces critères (il ignore les usages licites, et les recours sont automatisés).
+ https://www.nextinpact.com/article/45632/reforme-loi-renseignement-pistes-senat (NI ne propose pas d'étude de la version finale du texte).
Loi 2021-998 du 30 juillet 2021 relative à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement. Prise en urgence après l'assassinat d'une flic à Rambouillet. Mon court shaarli sur cette loi.
Le Conseil d’Etat a catégoriquement rejeté l’argument selon lequel les tribunaux des Etats membres, en particulier leurs cours suprêmes (ou constitutionnelles), seraient habilités à contrôler un « ultra vires » des institutions européennes. La formulation de l’arrêt est une manière implicite de reconnaître qu’il existe un monopole de la Cour de justice de l’UE dans l’interprétation authentique du traité – contrairement à la Cour constitutionnelle fédérale allemande dans l’affaire Weiss. L’arrêt reprend également la jurisprudence (désormais classique) du Conseil d’Etat selon laquelle ce n’est que s’il n’existe pas en droit de l’Union un droit fondamental correspondant à celui garanti par le droit constitutionnel français que ce dernier doit prévaloir.
[…]
Ce point de vue [ « ultra vires » ], défendu par une partie de la doctrine de droit public allemand, a été rejeté l’essentiel de la doctrine des autres États membres, ainsi que par la doctrine allemande de droit communautaire.
[…]
Il s’agit d’une référence à la jurisprudence développée par le Conseil d’État depuis l’affaire Arcelor. Selon cette jurisprudence, qui peut être considérée comme une version française de la doctrine des contro-limiti de la Cour constitutionnelle italienne, s’il existe en droit de l’UE soit en droit primaire, soit comme principe général du droit, un droit fondamental équivalent à celui garanti par le droit constitutionnel français (dans l’affaire Arcelor, il s’agissait du principe d’égalité), le droit de l’UE tel qu’interprété par la Cour de justice doit être appliqué. Ce n’est que si un tel droit n’existe pas dans les deux systèmes juridiques (par exemple le principe de laïcité) que le droit constitutionnel français s’applique le cas échéant en n’appliquant pas une norme européenne.
Pour ceux qui n'ont pas reconnu : l'arrêt qui est commenté, daté du 21 avril 2021, est celui par lequel le Conseil d'État a adapté le droit français en matière de données de connexion aux arrêts de la CJUE. L'arrêt Weiss de la Cour constitutionnelle allemande, qui a capoté, porte sur le rachat de la dette d'États sur le marché secondaire (entre organismes financiers par la BCE (programme PSPP, couramment nommé quantitative easing).
Ces dernières années, chez les militants de tout poil (y compris les animateurs de causeries TV, donc), j'ai vu des mots inconnus apparaître de plus en plus souvent… J'y comprenais rien (et c'est toujours le cas). Et surtout, je pigeais pas l'apport de ces mots (et c'est toujours le cas). SJW, cancel culture, woke, essentialiser, anthropocène, classiste, validiste, masculiniste, transphobe, grossophobe, psychophobe, spéciste, etc.
J'avais ouvert quelques onglets pour mener des recherches :
Au final, j'ai décidé de m'en foutre. Quand il faut un doctorat en charabia (ou dans une spécialité) pour comprendre des mots excluants qui servent à montrer qui est dans le coup et qui ne l'est pas et qui s'utilisent dans des débats de terminologie interminables (façon anars et marxistes-léninistes-trotskistes), c'est que les propos ne me sont pas destinés (comme quand des chercheurs en économie ou en sociologie ou en… échangent avec un vocabulaire précis ultra chiadé pour faire avancer leur science) et qu'ils ne seront jamais majoritaires (comme l'anarchisme et le communisme, précisément). Du coup, il est inutile de s'attarder.
La presse a exigé des droits voisins pour la reprise en ligne de ses contenus (par Google News ou sur Facebook, par ex.). Les journalistes perçoivent les miettes que leurs journaux veulent bien leur laisser. Ce combat était donc celui de bourgeois possesseurs de journaux, quelle surprise.
ÉDIT DU 30/06/2024 : suite. FIN DE L'ÉDIT.
Cet été, nous avons voté la revalorisation des pensions de retraite de 4% afin d'aider nos aînés face à l'inflation […] Notre majorité @LaREM_AN reste pleinement mobilisée pour protéger le pouvoir d'achat des Français
Si vous aviez voté la hausse des salaires (ou au moins une incitation sérieuse), alors les cotisations sociales auraient suivi. Là, vous avez creusé le trou dans le système de retraites. Et vous le savez. Et vous allez vous en servir pour justifier la réforme à venir.
+1. C'est comme le MEDEF qui demandait l'exonération de toutes les « charges sociales » en cas d'une baisse subite de chiffre d'affaires durant le Covid (source). C'est reporter un problème à plus tard ou sur d'autres personnes, pas le résoudre…
VOUS ME SAOULEZ avec la vidéo de la députée LR qui veut interdire les danses aux mariages : vous êtes des gros débiles. Ils proposent n'importe quoi qui a 0 chance de passer, vous vous indignez comme des robots, et hop ce sujet envahit le débat public... Et la députée (que je ne nomme volontairement pas) ? Elle est ravie, mission accomplie : jusque là elle n'était connue que pour ne pas savoir tenir l'hémicycle quand elle préside, maintenant elle va avoir a une petite aura médiatique de droitarde et son entrée sur les plateaux.
[…]
"Oui, mais ça aurait pu être voté". Non. Désolé de me la jouer expert, mais j'ai un accès permanent à l'hémicycle : je sais comment marche ce jeu. Alors faites confiance aux gens comme moi : on vous prévient quand il y a vraiment danger et qu'il faut monter au créneau.
[…]
Surtout qu'au final, vous allez effectivement finir par transformer ça en truc voté. Exemple ? La proposition de loi Ciotti qui interdisait de filmer les flics : elle allait faire un flop total si personne ne l'avait relevée... Sauf que vous vous êtes tous indignés en pilotes automatiques, en face ils ont vu que ça mordait, ça a fait le tour des plateaux, résultat, 6 mois plus tard, elle se retrouvait dans la loi sécurité globale. Super vous vous êtes indignés, mais vous êtes contents du résultat ?
[…]
on fait pas bien de la politique si on refuse de penser stratégiquement.
[…]
Précision qui semble échapper à beaucoup : une députée LR n'est PAS l'Etat français, et n'est PAS son représentant. […] Quand c'est Macron ou un ministre qui tient ces discours (Blanquer, Vidal, Darmanin), là, il me semble que la réaction est importante, parce que ce n'est pas du tout la même chose.
Je suis d'accord pour dire que c'est l'indignation qui fait crée et fait circuler les sujets et que les propositions de lois ont très souvent un but médiatique. Mais…
Faire confiance aux experts, c'est non. Comment déterminer qui est expert ? LQDN ou Greenpeace, par ex., hurlent quasiment à chaque fois (exemple). Comment faire la part des choses (sauf à étudier soi-même chaque cas en détail) ? Comment dénoncer un comportement déplaisant d'élu sans citer d'exemple ? Ça serait aux politiciens d'être raisonnables, calmes, responsables, etc.
Les propositions de loi "qui ont aucune chance de passer" sont des ballons d'essai, parfois poussés par le gouvernement, pour discuter de la faisabilité, pour récupérer les premiers contre-arguments pour étude, pour repérer les premiers soutiens, etc. et les idées de merde ne meurent jamais. Ça n'a rien à voir avec la publicité d'une idée. Même sans bruit médiatique, le point serait gagné. Y'a qu'à voir l'historique de l'instruction en famille… Toutes les lois que j'ai suivi ont eu une phase de maturation par des propositions de loi et/ou des amendements rejetés.
Prétendre que c'est uniquement l'audimat qui transforme une idée absurde en loi est réducteur. La loi renseignement (2015), la loi séparatisme (2021), et autres lois ayant rencontrées une vive opposition argumentée ont été votées grâce à l'indignation, du coup ?
Tu fais des études (agriculture et environnement), tu apprends l'écologie scientifique, les exigences des espèces, tout - tu lis la biblio sur la disparition des oiseaux des villes qui met en avant la perte de bouffe faute de végétation spontanée mais le jour où une ville laisse volontairement pousser l'herbe sur trois pieds d'arbre en expliquant que c'est écologique, tout le monde gueule que "c'est pas possible, c'est une parodie, comment on peut être aussi ignorant de l'écologie".
C'est pareil dans toutes les spécialités. Les épidémiologistes étaient en souffrance durant le Covid. Les experts en sécurité informatique le sont au quotidien sur des comportements banalisés. Etc. S'agirait de redescendre sur l'écologie : elle est autant maltraitée que les autres idées.
De plus, je pense que la phrase « comment peut-on être aussi ignorant de l'écologie » a surtout pour objet de dénoncer que ce genre de petit geste changera rien, même si toutes les villes le pratiquent. Il y a d'autres priorités : sur-consommation, sur-production, accords internationaux, etc. On peut alors rétorquer que l'un n'empêche pas l'autre, qu'il faut jouer sur plusieurs tableaux pour avancer. Le problème est alors que les choix (comme les espaces de pleine terre) ne sont pas expliqués ni justifiés, la communication joyeuse et neutre remplace l'argumentaire.
Un vote peut avoir plusieurs propriétés / caractéristiques : confidentialité+anonymat (= secret du vote), résistance à la coercition, sincérité (qui se décompose en vérifier que mon vote est pris en compte et que le calcul du résultat à partir des votes est correct), éligibilité+unicité (= pas de bourrage, uniquement les membres de la liste électorale), disponibilité (accéder à l'urne électronique est compliqué en cas de déni de service), transparence, compréhensibilité. Toutes ces propriétés ne sont pas forcément nécessaires pour tout vote : certains votes sont à main levée. Tous les votes ne se valent pas : celui du club des jeux de cartes du village n'a pas besoin d'être fortement résistant à la coercition.
La vérifiabilité individuelle (vérifier à tout moment que mon bulletin est dans l'urne) est antagoniste à la résistance à la coercition (c'est évident, mais je source quand même). Le système de vote Civitas résoudrait cela (via un faux identifiant qui permet de voter ce que le méchant demande et/ou de prouver son vote… qui sera ignoré, mais bonjour la complexité, et, surtout, le faux identifiant est aussi reçu par le votant, donc il peut tomber entre les mains du méchant…). Belenios n'assure pas la résistance à la coercition.
Une étude (Chevallier-Mames et al.) démontre une incompatibilité formelle entre la vérifiabilité universelle (vérifier que le résultat a été correctement calculé à partir des votes individuels), l'anonymat et la résistance à la coercition. Source. Voir l'excellent schéma page 7. Comme d'hab, certains systèmes contournent en réduisant les exigences démocratiques ou en sacrifiant une propriété (tiers de confiance, supposer comme vraies des conditions inatteignables comme l'existence de canaux parfaitement anonymes, etc.). Le chiffrement homomorphe permet la vérifiabilité universelle mais pas l'anonymat (le papier l'affirme par les maths, mais il suffit de constater que la distribution des clés privés par les autorités laisse des traces et/ou la machine de vote donne un récépissé, etc.), d'où Belenios, qui l'utilise et qui garantit la vérifiabilité individuelle, ne garantit pas la résistance à la coercition.
Le vote papier parvient à concilier ces propriétés par sa localité et sa temporalité. L'absence de résistance à la coercition dure uniquement tant que j'ai le bulletin en main, et la présence de public empêche de vérifier mon vote. La vérifiabilité individuelle se constate de fait puis en assistant au dépouillement. Vérifier qui je suis et que j'ai le droit de participer à l'élection est aussi plus facile. La vérifiabilité universelle est plus compliquée à vérifier : je peux vérifier que le résultat de mon bureau de vote est correct sur le site web du ministère de l'Intérieur, mais je dois faire confiance pour tous les autres bureaux.
J'ignorais l'existence des preuves à divulgation nulle, qui permettent de prouver le contenu d'un vote chiffré (vote blanc ou pour l'un des candidats, rien d'autre, un seul vote, etc.) sans le déchiffrer.
Ainsi que les conclusions du rapporteur public qui rappelle que le référé mesures utiles est une procédure subsidiaire, et que dès lors, la suspension même temporaire de l'antenne ne pouvait avoir lieu que via le référé suspension.
Au-delà de l'aspect dramatique du cas d'espèce (personne ne nie la détresse de l'éleveur), c'est un petit rappel : on ne peut se servir du référé mesures utiles pour shunter une procédure référé suspension
Le référé mesures utiles permet de gérer les cas dans lequel l'urgence est incompatible avec la sollicitation d'une décision de l'administration que l'on attaque (ou son rejet implicite après 2 mois) ensuite en référé-suspension. Cela vient du principe qu'un référé-conservatoire / mesures utiles ne peut faire obstacle à l'exécution d'une décision administrative.
"C'est pareil en France". "J'ai cru que vous parliez de la France". Ce commentaire que j'ai quasiment sur tous les posts où j'explique le fonctionnement du régime politique russe.
[…]
D'une part, il y a une question cruciale de degré. Lorsque l'on décrit le socle du régime russe comme structuré par des loyautés personnelles, et qu'on me répond "autour de Macron, c'est pareil", cela montre juste une ignorance des politiques russe et française.
L'existence de liens personnels dans les équipes politiques au pouvoir est caractéristique de tous les régimes occidentaux. On ne choisit pas une équipe dirigeante sur petites annonces; les carrières politiques se construisent dans des cercles et les liens perso comptent.
La question cruciale n'est pas là. La question cruciale est: est-ce que ces élites exercent au sein d'institutions qui contraignent leur action, ou est-ce qu'elles remplacent les institutions? Nous avons observé le début de cette désinstitutionnalisation avec Trump mais aussi constaté la résistance des institutions à un exercice du pouvoir purement personnel. Dans le régime russe, les institutions sont vidées de leur substance. Le lien personnel est surdéterminant. Cette différence de degré est en réalité une différence de nature
[…]
Cela fait un moment déjà que la science politique a renoncé à une délimitation claire entre démocratie et autoritarisme qui sont des idéaux-types impossibles à observer à l’état pur. D’un point de vue quantitatif, l’hybridité des régimes politiques est la norme. […] En tout cas, un certain nombre d’espaces autoritaires est normalement présent dans tout régime politique sans le disqualifier. […] Pour prendre la décision de décréter un confinement Covid, un pouvoir politique va s’appuyer sur un diagnostic d’experts plutôt que sur un référendum populaire. Les experts ne sont élus par personne mais cooptés. Le Conseil scientifique est une « enclave autoritaire ». Ce qui est intéressant, c’est notre réaction à ces espaces autoritaires, car en protestant lorsqu’ils paraissent injustifiés ou inadmissibles, nous définissons le bon dosage des espaces de décision démocratiques et autoritaires dans notre société au moment M.
[…]
Les sciences sociales décrivent des logiques qui se rencontrent partout et à toutes les échelles. Exemples: la concentration ou la personnalisation des pouvoirs . La science politique est précisément la science de l’exercice du pouvoir. Elle utilise des concepts qui sont opérants dans beaucoup de contextes où le pouvoir s’exerce. Ce n’est pas pour autant que c’est « la même chose ». Le travail comparatif est le plus compliqué en sciences sociales. Construire une comparaison rigoureuse est mission quasi impossible
Je me demande de plus en plus si la comparaison est une figure utile au discours. Si je qualifie une situation, une personne, un processus, etc. et que je suis obligé de recourir à la comparaison, c'est soit que mon interlocuteur n'a pas compris le problème ou ma qualification du problème ou la gravité à laquelle je conclue (pour attirer son attention, provoquer une réaction, etc.), soit qu'il s'en moque ou qu'il ne partage pas mon avis. La comparaison sert alors d'épouvantail, à forcer le trait pour expliquer en quoi ce que je décris est important et grave. Soit elle ne convaincra pas plus, soit elle convaincra sur des bases erronées et mon interlocuteur ne sera convaincu, par tromperie, qu'un temps. Dans les deux cas, je perds. D'autant que la comparaison nécessite que mon interlocuteur connaisse aussi la situation à laquelle je me réfère, et la qualifie pareillement que moi… Je complexifie donc mon argumentaire… pour quel résultat ?
Peut-être faut-il uniquement qualifier une situation, et ne pas comparer ? D'un autre côté, faire des liens entre des sujets me paraît utile… précisément pour illustrer l'universalité d'une pratique et la remettre en question en tant que telle. Je peine à croire que les différentes déclinaisons de l'autoritarisme (famille, école, emploi, asso, gouvernement, etc.) soit une coïncidence, mais au contraire une caractéristique (tare ?) commune, sous-jacente à ses déclinaisons, qu'il serait illusoire de résoudre lieu après lieu.
D'un dernier côté, les parallèles nuancés sont longs donc difficiles à mémoriser (pour ceux qui ne sont pas spécialistes du sujet, qui manipulent tous les jours avec les concepts) et tout autant à transmettre… Compliqué de faire avancer une de tes préoccupations avec ça.