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——————————— Sunday 17, June 2018 ———————————

Journal Fakir sur Twitter : ""On dépense un pognon dingue en aides à la presse pour que les Français lisent @LePoint, alors qu'ils pourraient s'abonner à @Fakir_."(Et c'est le "leader du free market" qui le dit...)… https://t.co/Hxp8KZr5gB"

"On dépense un pognon dingue en aides à la presse pour que les Français lisent @LePoint, alors qu'ils pourraient s'abonner à @Fakir_." (Et c'est le "leader du free market" qui le dit...)

Je tousse. Fakir a bénéficié d'environ 13 k€ d'aide publique directe à la presse en 2015 et 20 k€ en 2016 (source). Moins que Le Point, mais je n'aime pas la malhonnêteté.

Des orangs-outans à la FNSEA

Mais qu'arrivent-ils aux agriculteurs affiliés à la FNSEA, fameux syndicat ami des néonicotinoïdes, du productivisme et de la dérègulation ? Les voilà au coude-à-coude avec les écolos, qui hurlent contre la bioraffinerie de La Mède ! Ils s’insurgent contre Total, qui, pour faire tourner cette raffinerie, va importer 300 000 tonnes d’huile de palme ! Ils veulent « alerter l’opinion publique ». Ils disent que « la nourriture des Français est en danger » (France Inter, 1/6). Et les orangs-outans d’Indonésie aussi, que menace la déforestation due à la plantation frénétique de palmiers.

Se seraient-ils convertis à l’écologie, à la protection des espèces menacées et de l’environnement ? Non : ils veulent juste protéger leur propre filière française d’huile tirée du colza et leur groupe agro-industriel Avril, qui produit oléagineux et protéagineux, et ne se gêne pas pour importer 200 000 tonnes d’huile de palme par an. Ouf!

LALALALALALALALALALALALALALALALALALALALALALALALALA !

Dans le Canard enchaîné du 13 juin 2018.

En Chine, ne bouge pas une oreille

L'expérience est édifiante. L’hiver dernier, un journaliste de la BBC est allé trouver la police de la ville de Guiyang (sud-ouest de la Chine) pour lui proposer un petit jeu. Il confie aux agents une de ses photos, se perd dans la foule et attend de voir en combien de temps il est retrouvé. Sept minutes plus tard, il est encerclé. Cette histoire est extraite d’une incroyable enquête, publiée par « Les Echos » (6/6), sur la mise sous surveillance de près de 1,5 milliard de Chinois. Les caméras de surveillance dopées à la reconnaissance faciale qui sont installées jour après jour dans les villes et les campagnes font des merveilles. C’est le plus grand et le plus efficace réseau du monde…

Le deuxième pilier de la surveillance à la chinoise s’appelle le « crédit social ». Ça a l’air banal, dit comme ça, mais c’est terrifiant. Il s’agit de classer les comportements des citoyens en fonction d’une batterie de critères, récoltés via le big data, puis d’en déduire une note en fonction de laquelle on se voit attribuer des droits… ou en perdre.

Sont notées la promptitude à régler ses factures, les habitudes d’achat et de consommation, mais aussi les relations d’amitié. Vous passez du temps sur les jeux vidéo, une petite bibine à la main ? Vous serez classé personne oisive ou peu digne de confiance, on peut vous empêcher de prendre le train ou l’avion. Le crédit social est encore à l’état d’expérimentation au niveau local, mais 11 millions de Chinois en vivent déjà quotidiennement les conséquences.

Notons que les USA font quelque chose de similaire pour évaluer la solvabilité des emprunteurs. Des sociétés commerciales comme Acxiom, Equifax, Epsilon, Experian, etc. collectent des données intimes afin de permettre de noter les demandeurs de crédits.


Le géant américain Facebook a admis récemment avoir noué des accords de partage de données avec l’équipementier Huawei, soupçonné d’être utilisé par Pékin comme instrument d’espionnage (« Wall Street Journal », 7/6). A Sanmen, les personnes téléphonant à de mauvais payeurs tombent immédiatement sur un message les informant que leur interlocuteur est sur liste noire.

Faut-il pour autant s’inquiéter ? Les dirigeants chinois ne veulent que le bien de leurs ressortissants. « Le sentiment de sécurité est le meilleur cadeau qu’un pays puisse offrir à son peuple », a expliqué Xi Jinping juste avant le XIXe congrès du Parti, à l’automne dernier. Merci qui ?

Dans le Canard enchaîné du 13 juin 2018.

Parcoursup, loi Orientation et Réussite des Étudiants, et réforme du lycée

Je cherchais des textes argumentés sur tout ça. Parmi ce que j'ai lu et écouté, je retiens et je conseille la lecture de (liste non ordonnée) :

Je retiens :

  • Accroissement du nombre d'étudiant⋅e⋅s. Essentiellement fabriqué par les barrières imposées à l'entrée des grandes écoles et par la démocratisation scolaire de la moitié des années 85 qui n'a pas été accompagnée des moyens nécessaires ;

  • Les universités manquent de moyens pour augmenter leur capacité d'accueil, notamment dans les secteurs d'avenir (droit, social, santé, sport)… Ce que l'on nomme filières en tension, lolilol ! Manque exacerbé par l'autonomie des universités (loi LRU) qui les a mises en concurrence ;

  • Le tirage au sort injuste d'Admission Post-Bac (APB) dans les filières "non sélectives" est surjoué, semble-t-il, puisqu'il concernait 1 % des environs 800 000 lycéen⋅ne⋅s en 2017… ;

  • La non-optimalité d'APB semble également surjouée puisque ce que le gouvernement nomme « échec d’orientation » est en réalité une réorientation après la première année qui concernerait 50 à 55 % des étudiant⋅e⋅s. Où est l'échec d'avoir tenté une filière, d'avoir compris que ça ne correspond pas à ses aspirations et/ou à ses compétences et recommencer ? D'autant que la méthodologie et les filières sont différentes entre le lycée et l'université… Prévoir ce qui va t’intéresser relève de la divination… ;

  • Solutions (à part augmenter les moyens des universités, bien entendu) ? Soit on fait la carte scolaire (affectation en fonction du lieu de résidence) qui engendre des inégalités territoriales (école de pauvres, école de riches) donc de la tension sociale (des catégories de personnes qui ne se connaissent pas). Soit on fait une sélection au mérite comme dans les grandes écoles, ce qui entraîne un système malsain de compétition et d’absence de réflexion sur le fond des choses. Soit on fait de l'appairage de vœux hiérarchisés par l'étudiant⋅e (c'était APB, avec un classement en plus dans les filières sélectives, donc au mérite) et on génère du stress chez les futur⋅e⋅s étudiant⋅e⋅s en liste d'attente tout l'été en attendant que des étudiant⋅e⋅s plus haut dans la hiérarchie se désistent pour un de leur choix plus prioritaire. Soit on fait des critères à mi-chemin entre le mérite, le lieu d'habitation et autres (c'est Parcoursup). En plus de ça, on peut décider d'avoir des critères uniformes à l'échelle nationale ou des critères locaux ou les deux (Parcoursup est dans ce cas). Si les critères ne sont pas centralisés, on est dans un système dans lequel deux diplômes avec le même intitulé ne signifient pas la même chose et on retombe sur le problème des inégalités territoriales… ;

  • Parcoursup est une généralisation à toute l'université du principe de classement déjà appliqué dans les grandes écoles et dans les filières "en tension" ;

  • Quels sont les problèmes de Parcoursup ?
    • Les universités manquent de moyens humains pour examiner les dossiers… C'pas grave, un programme informatique qui fera le tri. Du coup, les CV et les lettres de motivation seront ignorés. Bah du coup, on retombe sur un système au mérite. Ha, ben non, parce qu'avec les autres critères ubuesques, notamment le lieu de résidence, ce n'est pas forcément les mieux noté⋅e⋅s qui seront les mieux classé⋅e⋅s ;

    • On continue la guéguerre entre les universités commencée avec la LRU… Avec la loi ORE, chaque université doit continuer être attractive, donc chacune propose des parcours et des diplômes différents. Avec la réforme du lycée, les options dès la seconde (déjà existantes) et le contrôle continu pour 40 % de la note finale du Bac créeront des parcours différenciés qui seront ou non excluants. C'est cohérent. C'est individualisé, comme un cocon. C'est une illusion… ;

    • C'est un changement profond de mentalité : les lycéens n'entreront plus à l'université pour acquérir le savoir, mais pour « devenir les entrepreneurs de leur orientation post-bac cherchant à maximiser leur capital scolaire, pour maximiser leur capital économique futur ». Le⋅a lycéen⋅ne se propose à plusieurs universités, comme il se proposera plus tard à plusieurs sociétés employeuses, qui l’acceptent ou non… On passe d'un système d'affectation avec des critères contestables (comme la place du vœu dans la hiérarchie de l'étudiant⋅e ou la préférence aux étudiant⋅e⋅s de l'académie sur ceux⋅celles d'en dehors l'académie) qui faisait une proposition sur un de leur vœux à 98 % des bacheliers et proposait leur premier vœu à 60 % de ces mêmes bacheliers à une bourse d'échange dans laquelle le ministère s'efface derrière une logique d'offre et de demande. C'est de la compétition, pure et dure. C'est de la futilité. Adieu la possibilité de flâner et celle de se tromper puis de se réorienter, non, faut savoir ce que tu veux, maîtriser ton destin. ;

    • Parcoursup a été appliqué avant que la loi soit votée… Démocratie, où es-tu ? ;

    • Tout ceci sert aussi à créer et préserver une élite au sein de la classe moyenne (non, parce que les gosses de riches, vont dans les grandes écoles ou dans le privé, faut pas déconner), comme ce qu'on voit dans les grandes écoles. C'est aussi du contrôle social : les universités ont toujours été des lieux de contestation sociale. Le savoir donne du pouvoir, donc autant choisir à qui on le donne, de préférence à des gens qui ne remettront pas en cause l'élite actuelle, car ils en font partie. C'est de la reproduction sociale des élites. Les exclu⋅e⋅s seront la merde de ce monde prête à servir à tout.

Bref, encore une fois, on ne traite pas les vrais problèmes comme l'accroissement du nombre d'étudiant⋅e⋅s ou l'échec de la politique de mise en concurrence des universités… C'est un choix, c'est voulu, ce n'est pas une erreur.

Glyphosate : de Rugy sabote son Assemblée | François Ruffin

Ruffin, comme d'autres avant lui, nous expose l'organisation des débats dans notre parlement, une organisation conçue pour décourager les député⋅e⋅s et de limiter les débats sur le fond sur des sujets de société.

Qu’on résume : depuis une semaine, sur le projet de loi agriculture, nous siégeons de 9 h 30 le matin à 1 h du matin suivant. Samedi et dimanche compris. Avec, en parallèle, les missions et les commissions. Dans ce tunnel continuel d’amendements, plus de deux mille au total, difficile de deviner quand vont passer les trucs importants. On fait le guet. On perd des centaines et des centaines de votes, à lever la main en cadence. Et après sept jours de cette guerre d’usure, ce mardi, à 1 h moins deux minutes, le président de Rugy décide, arbitrairement, de prolonger les débats. Comme si le glyphosate était un point anecdotique, ou justement parce qu’il ne l’est pas. Parce que, sinon, ça repoussait la discussion au mardi 16 h 30. Et alors, l’hémicycle serait plein, les débats animés sur cette promesse du président Macron, la passion soulèverait les rangs.

Et ça, il ne faudrait surtout pas.

[…]

Oui, il faut accuser : le président de Rugy, qui organise lui-même le sabotage du parlement! Comment? Par ces prolongations nocturnes, certes, ces méthodes de cosaques. Mais au-delà: lui qui devrait nous protéger, lui qui devrait préserver le législatif contre l’exécutif, lui s’en fait le complice quotidien pour nous gaver de lois. Car, pour ce projet Agriculture, qui s’annonçait un marathon, de Rugy aurait pu bloquer deux semaines. On serait retournés chez nous le vendredi, en circo, les idées remises au clair. Mais non, il fallait faire vite. Au pas de charge. Parce que, derrière, arrive Elan, sur le logement, et là encore, on bouclera et bâclera en une semaine, samedi et dimanche compris. Et qu’on se souvienne, juste avant, du projet de loi « Asile et immigration », voté en catimini un dimanche soir ! C’est un dimanche, encore, ce dimanche dans la nuit, que fut rejetée la fin des poules en cages, autre engagement du candidat Macron.

[…]

Le président de l’Assemblée fait tout, alors, non pour permettre le débat, mais au contraire, pour le miner, pour l’enterrer, pour l’amoindrir. Plutôt que de résister à la toute-puissance de l’Elysée, il agit en porte-flingue.

« J’y peux rien »

Je le cite: « Ce n’est pas le Président de l’Assemblée qui décide de l’ordre du jour. »

Hypocrisie.

Certes, c’est la conférence des présidents qui en décide. Mais, avec les présidents de commission et les vice-présidents, le groupe En Marche! y est ultra-majoritaire.

Et si le président de Rugy, face au gouvernement, disait: « Ca suffit. Vous allez cesser ce gavage. Nous ne travaillons plus dans des conditions dignes pour fabriquer la loi. Nous ne pouvons pas siéger sept jours sur sept. Nous prendrons deux semaines pour étudier l’agriculture, et votre Elan sur le logement sera repoussé à plus tard », bref, si le président de l’Assemblée nationale jouait son rôle, c’est-à-dire défendre l’Assemblée nationale, il est évident que la donne en serait bouleversée, que l’exécutif prendrait un peu moins le Parlement pour son paillasson.

Mais François de Rugy s’est choisi un autre rôle : non pas de résistant au gouvernement, mais de quotidien complice.

La preuve avec son choix, très personnel celui-là, le fait du prince, de prolonger les débats jusqu’à 2 h du matin.

Pour s’assurer que l’hémicycle, en pleine nuit, ne serait pas secoué par des polémiques.

Donc, j’accuse toujours de Rugy.

Pas seulement sur cet amendement, mais de même sur la loi logement, de même sur asile et immigration, et qu’importe qu’on soit pour ou contre, là n’est pas le souci, c’est juste une question de démocratie.

J’accuse de Rugy de rendre l’Assemblée morte et morne, de veiller sur elle comme un croque-mort, d’en faire une chambre d’enregistrement des désirs du président. Et de préparer, avec l’Elysée, une réforme constitutionnelle qui ne fera qu’aggraver le mal : tout le pouvoir à l’exécutif.

Le 6 juin, de Rugy continuait de se dédouaner sur l'Élysée sur France Info…

Fake loi

Tous les journaux l’ont écrit, les radios et télés l’ont annoncé, les réseaux sociaux en frémissent encore : une loi destinée à lutter contre les fake news va entrer en vigueur. En même temps, « vigueur » est peut-être un bien grand mot. Pas un ténor de la politique ne s’est risqué à saluer cette naissance. Pas un juriste de renom, pas un professeur de droit, pas une association de journalistes. Les commentateurs les plus aimables ont observé que ce texte ne servirait à rien.

D’autres, moins optimistes, craignent des effets pervers : un petit coup de canif dans la liberté d’expression, la création d’un label de vérité d’Etat, ou encore, plus amusant, un résultat à l’exact opposé du but poursuivi. Une information estampillée de « faux officiel » s’en trouvera valorisée, et ne manquera pas d’exciter la curiosité.

En apparence simple initiative parlementaire, le texte d’origine a été déposé par le groupe LRM de l’Assemblée. En réalité, il venait tout droit de l’Elysée. Traumatisé par la circulation d’informations malveillantes pendant sa campagne, et par l’expérience funeste de Hillary Clinton, Macron tenait absolument à cette loi. Difficile, d’ailleurs, de soutenir que la flambée virale, sur le Net, d’imputations diffamatoires ne mérite pas une réponse. Mais l’idée d’une procédure judiciaire, ultrarapide en période électorale, pour ordonner le retrait d’une information a été presque unanimement saluée comme vraisemblablement inapplicable, peut-être dangereuse, et sûrement inefficace. Sur cette base solide, le texte a poursuivi son bonhomme de chemin.

Mascarade mondaine

La commission des Lois a entendu par dizaines des juristes, des avocats, des experts divers, des journalistes, des informaticiens. Ils ont été écoutés poliment : tous ou presque ont soutenu que la démarche n’était pas la bonne. Au terme de cette mascarade mondaine, les disciplinés députés n’ont tenu aucun compte des avis qu’ils avaient sollicités. Egalement consulté, le Conseil d’Etat, dans les termes choisis qui font son charme, a observé que « le droit français contient déjà plusieurs dispositions visant en substance à lutter contre la diffusion de fausses nouvelles ». Et de noter que rapporter devant un juge la preuve de la fausseté d’une information ne sera pas une promenade de santé. Au total, selon le Conseil, « la réponse du juge des référés, aussi rapide soit-elle, risque d’intervenir trop tard (…), voire à contretemps ».

Et c’est ainsi, au bout du chemin de croix, que ce chef-d’œuvre législatif, conspué de tous bords, a été triomphalement adopté à l’Assemblée grâce aux seules voix des macronistes. Il est probable que ce texte ne fera pas trop de mal. Il ne fera même rien du tout. Sauf nous rappeler la forte maxime de Montesquieu : « Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires. »

ÉDIT DU 24/06/2018 À 11H12 : la proposition de loi n'a pas été définitivement adopté le 7 juin. Déjà car il n'y a que l'Assemblée nationale qui l'a étudié, ensuite parce que les créneaux impartis dans l'agenda parlementaire ont été dépassé. L'étude de ce texte par l'Assemblée continuera le 3 juillet et les jours suivants. Puis par le Sénat a une date inconnue. FIN DE L'ÉDIT DU 24/06/2018 À 11H12.

Que c'est beau, la soi-disant démocratie : tout le monde est contre ? D'accord, faisons ça !

Que c'est beau, le corporatisme de la presse. Les journalistes, même ceux et celles des journaux que j'apprécie comme le Canard, sont toujours prompts à nous exposer en détail en quoi les lois qui visent leur profession sont malsaines. Dommage qu'il⋅elle⋅s ne fassent pas de même avec les autres lois…

Dans le Canard enchaîné du 13 juin 2018.

Le Premier ministre confirme que la loi se construit dans les ministères

Autre salve du Premier ministre : il canonne, cette fois, la députée Aurore Bergé et ses amis, qui se sont montrés très offensifs lors de la discussion sur la loi Elan :

C'est aux députés de se mettre d'accord en amont avec les ministres, plutôt que de débouler en séances avec des dizaines d'amendements. »

Mais en voilà une bonne idée ! Que la loi soit conçue, en secret, par les conseillers technocrates de Matignon ou, mieux, de l'Élysée, en parfaite contradiction avec la séparation des pouvoirs !

Rien de neuf… Isabelle Attard parlait déjà de cette concentration du pouvoir à l''Élysée en 2015. Juste une énième confirmation…

Dans le Canard enchaîné du 13 juin 2018.

Des taxés et l’addition

Chirac s’était battu pendant sept ans à Bruxelles pour obtenir le taux réduit de TVA dans la restauration, avant que Sarkozy l’impose, en 2009. Et voilà-ti-pas que Macron, qui décidément ne respecte rien, veut revenir sur cette grande conquête sociale. Il s’agit de faire des économies. Et notamment de diminuer de 5 milliards les aides aux entreprises, a annoncé le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin.

Stopper quelles aides ? Les aides pour se lancer et les aides aux TPE / PME ou les aides pour les multinationales du CAC 40 ? D'accord pour les deuxième, pas toujours d'accord pour les premières, ça s'étudie au cas par cas.


Il faut dire que, depuis des années, les rapports s’empilent pour montrer l’inutilité de la mesure, qui détourne 3 milliards par an des caisses de l’Etat. La dernière en date, menée par l’Institut des politiques publiques (IPP), est la plus cruelle. Contrairement au « contrat d’avenir », signé en 2009 avec la profession, qui prévoyait le partage du bonus en trois parts égales, les bénéfices des restaurateurs ont augmenté de 24 %, contre seulement 4,1 % pour les salaires, les prix ne diminuant que de 1,9 %. Plus grave, la baisse de charges n’a entraîné aucune création d’emplois, alors que les restaurateurs en avaient promis 40 000.

La cause semble donc entendue, et la TVA avait déjà été remontée à 10 % sous Hollande. Mais Darmanin, après avoir lancé son ballon d’essai, est revenu à plus de prudence. Il y a 175 000 restaurateurs en France qui ne demanderont sûrement qu’à expliquer à leurs centaines de millions de clients leur opinion sur la promesse de Macron de ne pas augmenter les impôts.

Ho, c'est tout comme le CICE. Ainsi il ne suffit pas de baisser les abominables charges qui pèseraient sur le gentil patronat pour que celui-ci crée des emplois ou répartisse mieux la richesse au sein de ses sociétés commerciales. Qui l'eût crû ?!

Dans le Canard enchaîné du 13 juin 2018.

À l’aide, les sondeurs !

« Quatre français sur dix jugent le niveau des aides sociales trop élevé. » C’est le verdict des « Echos » (8/6) commentant un sondage Elabe qui devrait fournir du biscuit aux partisans des purges dans les minima sociaux. Mais, vu de plus près, les supporteurs du « trop d’aides » ne sont pas si nombreux : pour l’allocation de chômage, ils sont 34 % de sondés à trouver les sans-emploi excessivement secourus. Et pour les allocations familiales ? Seulement 25 % de cobayes protestent. Pour le logement : 22 %. La pauvreté : 15 %. La santé, la vieillesse, les retraites : moins de 10 % !

Alors, comment arrive-t-on à ce chiffre de 40 % ? Une seule explication : certains estiment les autres trop soutenus « en général ». Mais, lorsqu’on descend dans le détail (santé, emploi, grand âge, etc.) et que l’on se sent soudain très concerné, l’indignation décroît.

Pour le coup, ce sont peut-être les sondeurs — et quelques journalistes — qui auraient besoin d’aide pour prendre la vraie mesure de la psychologie française…

Ne faisons pas de procès aux Echos, car nombre d'autres journaux ont choisi de relayer ce sondage sous ce titre et d’en tirer la même conclusion : BFM, l'Express, Europe 1, Sud-Ouest, Liberation, Valeurs actuelles, le Figaro, etc.

Ensuite, il faut mettre ces titres en relation avec une déclaration off d'un conseiller gouvernemental relayée par le Canard enchaîné :

Pour éviter que les oppositions se coagulent contre ces économies budgétaires [ 7 milliards d'économies sur les minima sociaux d'ici à 2022 ], il était prévu qu'aucune donnée chiffrée ne devait sortir avant que l'opinion soit préparée par des sondages opportuns et par une communication gouvernementale justifiant par avance ces mesures. Au nom de l'efficacité et de la nécessaire réforme. »

Elabe et la presse subventionnée se sont chargées des sondages, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Agnès Buzyn et les médias aux ordres habituels (Europe 1, RTL, etc.) se sont occupés de la communication gouvernementale.

Dans le Canard enchaîné du 13 juin 2018.

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