Chirac s’était battu pendant sept ans à Bruxelles pour obtenir le taux réduit de TVA dans la restauration, avant que Sarkozy l’impose, en 2009. Et voilà-ti-pas que Macron, qui décidément ne respecte rien, veut revenir sur cette grande conquête sociale. Il s’agit de faire des économies. Et notamment de diminuer de 5 milliards les aides aux entreprises, a annoncé le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin.
Stopper quelles aides ? Les aides pour se lancer et les aides aux TPE / PME ou les aides pour les multinationales du CAC 40 ? D'accord pour les deuxième, pas toujours d'accord pour les premières, ça s'étudie au cas par cas.
Il faut dire que, depuis des années, les rapports s’empilent pour montrer l’inutilité de la mesure, qui détourne 3 milliards par an des caisses de l’Etat. La dernière en date, menée par l’Institut des politiques publiques (IPP), est la plus cruelle. Contrairement au « contrat d’avenir », signé en 2009 avec la profession, qui prévoyait le partage du bonus en trois parts égales, les bénéfices des restaurateurs ont augmenté de 24 %, contre seulement 4,1 % pour les salaires, les prix ne diminuant que de 1,9 %. Plus grave, la baisse de charges n’a entraîné aucune création d’emplois, alors que les restaurateurs en avaient promis 40 000.
La cause semble donc entendue, et la TVA avait déjà été remontée à 10 % sous Hollande. Mais Darmanin, après avoir lancé son ballon d’essai, est revenu à plus de prudence. Il y a 175 000 restaurateurs en France qui ne demanderont sûrement qu’à expliquer à leurs centaines de millions de clients leur opinion sur la promesse de Macron de ne pas augmenter les impôts.
Ho, c'est tout comme le CICE. Ainsi il ne suffit pas de baisser les abominables charges qui pèseraient sur le gentil patronat pour que celui-ci crée des emplois ou répartisse mieux la richesse au sein de ses sociétés commerciales. Qui l'eût crû ?!
Dans le Canard enchaîné du 13 juin 2018.