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——————————— Sunday 18, February 2018 ———————————

L‘opposition à Paris, c‘est pas du luxe

Coup de fil d’un conseiller Les Républicains de Paris à un dirigeant de LVMH, le 6 février, après la publication le même jour d’un article à la gloire d’Anne Hidalgo, dans « Le Parisien » (propriété du groupe de luxe). Le conseiller de droite s’étonne que ce journal réserve ses louanges à la maire de Paris :

« Hidalgo s’était plainte auprès de nous du mauvais traitement dont elle faisait l’objet au “Parisien”, rétorque le dirigeant de LVMH. Bernard Arnault nous a donc demandé de rattraper le coup et de faire quelque chose de bien pour elle. Elle a quand même été très correcte en nous renouvelant la concession du Jardin d’acclimatation au bois de Boulogne ! »

« Et, nous, l’opposition parisienne, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » se lamente le conseiller LR. Qui s’attire cette réplique :

« Si tu savais à quel point Bernard Arnault se fout de l’opposition parisienne… »

Pourquoi ? Ses membres n’achètent plus de sacs Vuitton et ne boivent plus de coupes de champagne Moët Hennessy ?

Alors là… Tout est détestable : le comportement du conseiller LR et celui du groupe LVMH… Petit marigot boueux et pestilentiel…

Dans le Canard enchaîné du 14 février 2018.

Intermarché, un peu de lait et beaucoup de briques

La guerre des prix fait de nouveau rage dans les rayons. Sauf que, cette fois, ce n’est pas à la baisse, mais à la hausse ! Après avoir bradé 1 million de pots de Nutella à moins 70 %, Intermarché tente de se racheter une conduite en commercialisant une marque de lait équitable baptisée « Les éleveurs vous disent merci ! ».

Vendue 88 centimes en magasin, cette brique de lait UHT demi-écrémé serait, dixit Intermarché, « celle qui rémunère le mieux ses éleveurs ». C’est écrit sur l’emballage : les producteurs percevront la moitié de ce prix, soit 44 centimes par litre. Pour mémoire, une brique de qualité équivalente proposée par l’enseigne sous la « marque distributeur » Pâturages vaut 73 centimes.

Le coût de production moyen d'un litre de lait est d'environ 37 centimes d'euros.


« C’est notre déclinaison des Etats généraux de l’alimentation, solennise Thierry Cotillard, le président d’Intermarché. Pour que la future loi atteigne son but et permette aux agriculteurs de vivre dignement, il faut une transparence » (« L’Opinion », 5/2).

Voie lactée

A propos de « transparence », le patron des Mousquetaires oublie de préciser que la laiterie de Saint-Père-en-Retz (Loire-Atlantique), qui produit ces briques, appartient à… Intermarché ! Autrement dit, si le profit généré rejaillira bien sur les 136 éleveurs de la laiterie, il ruissellera aussi sur l’enseigne… Pour l’instant, celle-ci n’a cependant signé qu’un engagement minimal de 5 millions de litres par an.

Donc la grande distribution remonte la chaîne de production (les économistes parlent de concentration verticale) donc rien ne change concernant l'indépendance des éleveur⋅euse⋅s et le problème de répartition des richesses le long de la chaîne demeure…


Une goutte de lait dans l’océan lacté des 21,8 milliards de litres produits chaque année en France… Une goutte qui, en passant, permet aux Mousquetaires d’afficher leur respect des règles fixées par le projet de loi de rééquilibrage des relations commerciales entre producteurs et distributeurs. Au risque de donner envie à d’autres grandes surfaces de copier cette astuce ?

Alain Bazot, le président d’UFC-Que choisir, estime que la future loi provoquera une inflation sur les produits alimentaires et se traduira par une augmentation annuelle des dépenses pouvant aller jusqu’à 177 euros par ménage. « On nous demande de relever les prix de tous les produits alimentaires, dont 70 % sont fabriqués par Danone, Unilever ou Coca—Cola », se lamente Michel-Edouard Leclerc (France lnter, 12/2)

Panier gonflé

« Faux, rétorque une proche du ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert. L’objectif du gouvernement consiste à réduire les ventes à perte sur des produits d’appel vendus en grande quantité comme Nutella pour pousser les enseignes à réduire leurs marges (entre 40 et 60 %) sur les denrées agricoles. »

Joli jeu de bonneteau désiré par le gouvernement. Je ne suis pas convaincu qu'il ait lieu. :)


Michel-Edouard Leclerc fait mine d’oublier que ce sont les magasins qui fixent les prix de vente. Et choisissent quelles marchandises leur serviront de vaches à lait...

Dans le Canard enchaîné du 14 février 2018.

Les privés de la route écrasant le champignon

Mais que fait la police ? Elle ne fait pas. C’est à des agents privés, et non à la maréchaussée, que sera bientôt confié le soin de conduire 350 voitures banalisées avec radar embarqué pour flasher les excès de vitesse.

En février 2017, l’Etat a choisi un prestataire : la société Fareco, filiale du groupe de BTP Fayat. La boîte s’y connaît : elle fournit déjà en radars la moitié de ceux qui flashent les feux rouges grillés. Seul pépin, le nouveau contrat de 53,8 millions d’euros a été remporté sans qu’un appel d’offres européen soit lancé.

Délit de favoritisme, grogne l’association Anticor, qui, la semaine dernière, a déposé une plainte contre X auprès du parquet national financier. Dans son viseur, le ministère de l’Intérieur, qui a passé le marché. Mais, du côté de Beauvau, on explique n’avoir fait qu’appliquer le Code des marchés publics : il ne peut y avoir d’appel d’offres lorsqu’ « un élément de propriété intellectuelle est en jeu ». Or Fareco serait la seule société française à détenir un « certificat d’homologation » des radars embarqués. Sauf que, cette homologation, rappelle Anticor, elle la doit à un premier marché remporté en 2012.

La répression, quelle affaire !

Est-il désormais nécessaire d’avoir gagné un premier marché pour enlever les suivants ? Surtout, alerte Jérôme Karsenti, l’avocat d’Anticor, « est-il légitime que l’Etat transfère sa souveraineté au détriment du citoyen ? Les pouvoirs publics disent que nos sociétés ont besoin de plus de sécurité, or ils délèguent à des gens dont ce n’est pas la mission première ».

Accentuer la répression routière se justifie, aux yeux du ministère de l’Intérieur, par la nécessité de réduire le nombre de morts (3 477 en 2016) et de blessés (29 000 hospitalisés) sur la route. Mais sanctionner plus et mieux les conducteurs grâce à la privatisation permet aussi de remplir davantage les caisses de l’Etat ou des collectivités locales.

« La même privatisation s’est opérée avec la verbalisation du stationnement confiée à des sociétés privées », note Karsenti. Depuis le 1er janvier, la loi de modernisation de l’action publique permet aux collectivités locales de décider de leur politique de stationnement, de la déléguer à des prestataires privés et de décider des tarifs.

A Paris, Anne Hidalgo a augmenté ces derniers de 100 à 200 % (de 17 à 35 ou 50 euros), selon les quartiers. Les salariés des deux sociétés privées, Streeteo et Moovia, qui ont remplacé les pervenches sont des stakhanovistes : 60 contrôles par heure. Résultat, selon Christophe Najdovski, l’adjoint chargé du transport : en dépit des dysfonctionnements, le taux de paiement aurait augmenté de 10 %. Les futurs conducteurs de radars mobiles pourraient se montrer tout aussi zélés sur le bitume.

Pour l’Etat, les collectivités et certaines filiales du BTP, la répression, c’est une affaire qui roule !

Malheureusement. :(

Dans le Canard enchaîné du 14 février 2018.

Société Civile des Producteurs Associés - Déclaration annuelle d'utilisation de musique d'attente téléphonique

On a reçu ça au boulot il y a quelques temps (oui, je l'ai caviardé). Je ne savais pas à quoi ressemble cette déclaration, maintenant je sais.

Je constate que, si l'on utilise des musiques libres de droit, il faut fournir un justificatif… Ce qui en décourage l'utilisation puisque les artistes engagés dans cette voie-là signe rarement un bout de papelard depuis l'autre bout du ternet… Dans notre cas, nous utilisons une solution commerciale qui intègre le logiciel libre Asterisk, XiVo, ainsi que l'une des "musiques" livrées par défaut avec Asterisk. La société qui vend cette solution nous a signé un papier pour satisfaire la SCPA.

Je ne sais pas comment est calculée l'estimation du nombre de lignes… En cherchant dans l'annuaire ? En demandant le routage aux opérateurs téléphoniques ? Dans notre cas, c'est erroné. De plus, chez nous, toutes les lignes peuvent être jointes de l'extérieur (juste, ce n'est pas publié dans l'annuaire) et une musique d'attente peut être jouée sur chaque ligne. Ben oui, même si tu me téléphones sur ma ligne directe, je peux te mettre en attente. Il me semble que c'est un comportement standard… Donc la facturation est illogique.

Chaque année, la SCPA nous envoie cette déclaration… Avec une estimation du nombre de lignes erronée… Sans tenir compte qu'on a déjà répondu xx fois qu'on utilise de la musique libre de droit… Tout ce papier gaspillé… Toute l'énergie humaine gaspillée pour taxer une niche (non mais sérieux, qui savoure une musique d'attente téléphonique ?!)… Tout cet argent qui nourrit des intermédiaires inutiles… Tout cet argent qui n'est pas redistribué aux artistes, aux interprètes et aux producteur⋅rice⋅s car les organismes de collecte ne font même pas l'effort de rechercher ces personnes afin de leur filer leur chèque…

Les bonnes positions des missionnés

Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot sont les derniers du lot. Ils sont devenus, à la demande du ministre Collomb, « députés en mission », chargés de préfigurer la future police de sécurité du quotidien.

Au total, depuis l’élection d’Emmanuel Macron, 12 parlementaires se sont vu confier une mission. Sous Sarko, dans le même laps de temps, ils étaient 15. Sous Hollande, 9. Petit joueur, le camarade François.

Pendant la durée de “leur mission — six mois au plus —, les heureux élus sont dispensés de tout travail parlementaire. Mais ils peuvent encore participer aux scrutins… en déléguant leur vote à des collègues. Comme ils ont également la possibilité de bénéficier de l’appui de hauts fonctionnaires pour mener à bien leur tâche et recruter des collaborateurs. Ces derniers, selon un décret daté du 3 juillet 2006, peuvent percevoir des indemnités mensuelles brutes d’un peu plus de 2 000 euros. A l’image de leurs employeurs, ils peuvent « prétendre au remboursement de frais de transport et de séjour ».

« Confier une mission, c’est un sucre d’orge, une poire pour la soif, s’amuse un collaborateur de Matignon. C’est une manière de faire plaisir, de récompenser un parlementaire méritant. » Ou éventuellement d’écarter temporairement un récalcitrant. Dans un cas comme dans l’autre, le rapport commis par les parlementaires missionnés finit souvent… aux archives.

Un ministre n’a encore missionné personne : celui de la Cohésion des territoires. Sans doute parce que Jacques Mézard, lorsqu’il était « simple » sénateur radical de gauche du Cantal, avait eu une idée prémonitoire : dans une proposition de loi organique votée par le Sénat le 3 février 2016, il proposait, ni plus ni moins, de « supprimer les missions temporaires confiées par le gouvernement aux parlementaires ». Cette proposition de loi de Mézard est sur le bureau de l’Assemblée depuis le 6 juillet 2017. Elle attend encore d’être inscrite à l’ordre du jour, puis examinée et, enfin, votée.

Le « nouveau monde » parlementaire risque d’attendre.

Dans le Canard enchaîné du 14 février 2018.

Massacre à la tronçonneuse chez les syndicalistes

Une hécatombe : 200 000 des 700 000 représentants du personnel (délégués syndicaux, élus au comité d’entreprise, etc.) pourraient disparaître d’ici à décembre 2019, à cause de l’ordonnance Macron qui institue dans les boîtes une seule et unique structure, le comité social et économique. Le couperet tomberait principalement sur la CGT et la CFDT, qui perdraient chacune 60 000 délégués ; FO ferait une croix sur 35 000 de ses représentants. Les autres formations verraient s’envoler, au total, 50 000 de leurs élus.

Ces chiffres ont été présentés lors d’une réunion organisée le 31 janvier au ministère du Travail, dans le cadre de la préparation du rapport sur la « valorisation » des compétences des représentants syndicaux. Ce dernier a été confié par Muriel Pénicaud à Jean-Dominique Simonpoli, ancien responsable CGT reconverti dans le conseil tarifé aux entreprises, et à Gilles Gateau, DRH d’Air France. Les évaluations effectuées chez le transporteur aérien corroborent d’ailleurs les projections nationales : après fusion des instances du personnel, la population des salariés protégés tombera de 760 à 500 à Air France. Les syndicats vont presque y laisser leur chemise…

Heu… Je compte entre 28 et 29 % de perte au niveau national contre environ 34 % chez Air France… Y'a quand même une différence de 38 000 au niveau national en fonction de la projection que l'on retient. :-


Militants et plus

Le sort de ces élus déchus commence à inquiéter fortement les directions des confédérations, qui craignent des représailles. Les délégués du personnel ou les élus aux comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) étaient en effet considérés par nombre de patrons comme des emmerdeurs patentés. Aux yeux de Pierre Gattaz, ils nuisaient gravement à la santé de l’entreprise en exigeant que le boulot nuise un peu moins à celle des salariés… L’un des patrons de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa), Christophe Sadok, est chargé de formuler des propositions pour recycler les futures victimes. Pauvre Sadok… Il n’a pas fini de pomper.

Les crédits d’heures qui leur étaient accordés seront redistribués aux petits malins qui vont rester en place. Nombre de militants commencent donc à craindre que l’ordonnance Macron ne crée des bureaucrates syndicaux, qui passeront plus de temps à commenter la stratégie économique de l’entreprise plutôt qu’à défendre les salariés. Encore des nostalgiques…

Heeeu… C'est inexact : l'ordonnance Pénicaud-Macron diminue le nombre d'heures réservées pour les actions syndicales en fonction de la taille de la société. De plus, ce nombre d'heures sera fixé par négociation avec la société employeuse… … …

Dans le Canard enchaîné du 14 février 2018.

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