Une hécatombe : 200 000 des 700 000 représentants du personnel (délégués syndicaux, élus au comité d’entreprise, etc.) pourraient disparaître d’ici à décembre 2019, à cause de l’ordonnance Macron qui institue dans les boîtes une seule et unique structure, le comité social et économique. Le couperet tomberait principalement sur la CGT et la CFDT, qui perdraient chacune 60 000 délégués ; FO ferait une croix sur 35 000 de ses représentants. Les autres formations verraient s’envoler, au total, 50 000 de leurs élus.
Ces chiffres ont été présentés lors d’une réunion organisée le 31 janvier au ministère du Travail, dans le cadre de la préparation du rapport sur la « valorisation » des compétences des représentants syndicaux. Ce dernier a été confié par Muriel Pénicaud à Jean-Dominique Simonpoli, ancien responsable CGT reconverti dans le conseil tarifé aux entreprises, et à Gilles Gateau, DRH d’Air France. Les évaluations effectuées chez le transporteur aérien corroborent d’ailleurs les projections nationales : après fusion des instances du personnel, la population des salariés protégés tombera de 760 à 500 à Air France. Les syndicats vont presque y laisser leur chemise…
Heu… Je compte entre 28 et 29 % de perte au niveau national contre environ 34 % chez Air France… Y'a quand même une différence de 38 000 au niveau national en fonction de la projection que l'on retient. :-
Militants et plus
Le sort de ces élus déchus commence à inquiéter fortement les directions des confédérations, qui craignent des représailles. Les délégués du personnel ou les élus aux comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) étaient en effet considérés par nombre de patrons comme des emmerdeurs patentés. Aux yeux de Pierre Gattaz, ils nuisaient gravement à la santé de l’entreprise en exigeant que le boulot nuise un peu moins à celle des salariés… L’un des patrons de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa), Christophe Sadok, est chargé de formuler des propositions pour recycler les futures victimes. Pauvre Sadok… Il n’a pas fini de pomper.
Les crédits d’heures qui leur étaient accordés seront redistribués aux petits malins qui vont rester en place. Nombre de militants commencent donc à craindre que l’ordonnance Macron ne crée des bureaucrates syndicaux, qui passeront plus de temps à commenter la stratégie économique de l’entreprise plutôt qu’à défendre les salariés. Encore des nostalgiques…
Heeeu… C'est inexact : l'ordonnance Pénicaud-Macron diminue le nombre d'heures réservées pour les actions syndicales en fonction de la taille de la société. De plus, ce nombre d'heures sera fixé par négociation avec la société employeuse… … …
Dans le Canard enchaîné du 14 février 2018.