Récemment, j'ai eu des problèmes de santé. Des gens plus ou moins proches de moi l'ont appris. Forcément, ça cause assez vite du coût des soins (ce qui est révélateur de la merde dans laquelle nous sommes : en quoi le coût des soins devrait être un sujet de causerie prioritaire ?!). Ces gens-là ont appris que je n'ai pas de mutuelle… alors que je suis un gauchiste qui vante la mutualisation des risques de la vie à tour de bras. Comment en suis-je arrivé là ? Faites ce que je dis, pas ce que je fais ? Coût de la cotisation ? Que nenni.
Je n'ai pas de mutuelle car ça me gonfle, ça me fatigue. Vraiment. Lourdement. Sincèrement. C'est compliqué au-delà de la complexité inhérente à tout système (genre la physique quantique, la philosophie, la biologie, etc., c'est complexe, mais c'est sans artifice pour compliquer artificiellement les choses).
Jusqu'à peu, je n'avais pas non plus d'assurance habitation. Pour la même raison. Puis je me suis rendu compte que le contrat proposé par mon assurance ne comportait pas tant que ça de clauses d'exclusion absurdes, donc, j'ai plié.
Je crois toujours à la mise en commun (de pognon ou d'autre chose). Je crois toujours à la mutualisation des risques (maladie, accident, vieillesse, chômage, etc.). Je crois toujours que c'est l'organisation optimale d'une société humaine, car cela conduit à une société plus fraternelle, plus égalitaire, donc moins violente et plus agréable pour tout le monde.
Mais les implémentations actuelles de ce concept me découragent.
Le régime étudiant. Le régime général. Les autres régimes. Les conditions de remboursement imbitables. Les trouzemilles bases. Les trouzemilles taux (général ‒ 60-70 % ‒, Alsace-Moselle ‒ 80-90 % ‒, ALD ‒ 100 % ‒, pour une consultation, pour des médocs, etc.). Les soins pris en charge ou non. Les modalités, la prise en charge et le remboursement qui diffèrent pour chaque soin. La franchise. Les diverses retenues. Etc. Ce monde est sérieux ?!
Vu que les gouvernants ont sabordé la Sécu depuis 25-30 ans (arrivée de la CSG donc le financement de la Sécu glisse progressivement des mains des employés et des patrons pour aller dans les mains des gouvernants, qui ont transformé la mutualisation en prestation sociale et qui ont décidé des conditions à la place des premiers concernés), il faut compléter ce premier tas de merde par un deuxième : les complémentaires santé privées. Youpi ! Assurances aux mains d'actionnaires ou mutuelles dirigées par leurs cotisants ? Que ce choix me passionne ! Des plaquettes commerciales imbitables, quelle chance ! Là encore, des conditions de remboursements fluctuantes, des modalités, des franchises, etc. En moyenne, 22 % d'une cotisation à une complémentaire ne sert pas aux remboursements des soins. Les taxes et l'inflation ne sont pas en cause. 8 % servent à la pub (faut bien payer Chevallier et Laspalès pour qu'ils te mettent dans la tête que « la Matmut elle assure »). Les patrons se rincent également, en tout cas chez Macif, Audiens et Matmut.
Putain, mais qu'est-ce que ça peut me foutre qu'un œil n'ait pas la même complexité qu'un tibia (exemples au hasard, sans vérification de la validité médicale de cette assertion), ce qui engendre des coûts différents et donc un remboursement plus ou moins conséquent ?! Je veux être pris en charge en intégralité, point ! Je ne veux pas avoir à me demander combien, comment, pourquoi ! Je ne veux pas comparer des contrats imbitables !
Voilà ce qui me convaincrait de signer : un truc S-I-M-P-L-E. Moi + toi mettre argent dans caisse. Moi ou toi taper dans caisse pour payer totalité soins quand moi ou toi avoir besoin. S-I-M-P-L-E. Si ça fait monter le prix de la cotisation, je m'en fous. Je préfère qu'un tel système soit géré par le public, mais ce n'est pas obligatoire (genre des assos ou assimilées à une échelle locale, ça pourrait avoir de la gueule, mais ça risque d'être moins efficace car moins de cotisants, c'est moins d'argent dans la caisse) tant que ça ne va pas sur les marchés financiers. Un tel système inciterait à la solidarité, car chacun y voit bien ce qu'il va gagner en participant à ce système. C'est immédiat et compréhensible, contrairement au système actuel. C'est en partie cela qui dissuade les citoyens.
Alors on va me débiter le mythe du gars qui va trois fois par semaine chez son médecin généraliste et qui plombera nécessairement le système décrit ci-dessus. Si jamais une telle personne existait dans les statistiques, je l'inciterai à continuer, je serai heureux de payer. Pour moi, la responsabilité incombe au médecin. Et, pragmatiquement, je préfère un gus soucieux de sa santé qui se fera dépister tôt une saloperie, quand le traitement sera aisé, plutôt que trop tard, quand le traitement sera compliqué et coûtera un « pognon de dingue ».
Bref, je conchie l'organisation actuelle de l'assurance maladie. Inutilement compliquée. Décourageante. Qui ne donne pas envie d'être solidaire.