Le directeur du groupe Audiens est parti avec un beau parachute doré.
Que les gros salaires lèvent le doigt ! Après l’augmentation maousse du président de la Macif, révélée par « Le Canard » (23/1), un autre groupe de complémentaires retraite et de santé clôture ses comptes 2018 sur un bel exploit de tiroir-caisse.
Chez Audiens, le patron, Patrick Bézier, est parti, en juin 2018, avec un parachute en or massif : douze mois de salaire, soit 300 000 euros net, qui s’ajoutent aux indemnités légales. Le directeur général n’était, jusque-là, pas trop maltraité : en 2017, son salaire culminait à 422 000 euros brut annuels, selon les éléments recueillis par « Le Canard ».
Pas mal, pour un groupe de protection sociale à but non lucratif ! Au total, entre son salaire, ses indemnités de départ à la retraite et un énorme solde de tout compte (congés payés, etc.), ce patron très protégé a ainsi touché 1,9 million brut en 2018. De quoi tutoyer certains dirigeants du CAC 40…
Malhonnêteté du Canard : les sommes légalement dues ne peuvent pas être valablement prises en compte…
Générosité bien ordonnée
Le méritant dirlo, qui était aux manettes d’Audiens depuis quinze ans, a aussi eu droit à deux retraites chapeaux, l’une au titre de l’article 39 du Code général des impôts, l’autre au titre de l’article 83. De quoi faire saliver les nombreux précaires qui cotisent chez Audiens : le groupe gère les congés spectacles des intermittents ou encore les caisses de retraite des pigistes…
Notre nouveau retraité n’a pas encore tiré sa révérence : il est toujours « conseiller spécial » de la nouvelle patronne, Odile Tessier, et président d’Audiens Care, le pôle santé du groupe. Mais ces deux casquettes sont portées « à titre bénévole », assure Patrick Bézier. C’est beau ! Quant au montant de ses émoluments, Patrick Bézier trouve « plus honnête de parler en net, et même en net après impôts (sic) », et tout est question de point de vue, explique-t-il au « Canard » : « Audiens regroupe une dizaine d’institutions de retraite, de prévoyance, etc. Je touchais un salaire pour diriger chacune d’elles. Ramené à chaque société, ça fait des montants très raisonnables. » Défense de rire ! « Par exemple, pour diriger la mutuelle d’Audiens, j’étais payé 5 000 euros par mois. » Une aumône. Et certains reprochent encore aux mutuelles d’augmenter leurs tarifs pour payer leurs copieux frais de gestion…
Les conditions très dorées de son départ, elles, ont été fixées « il y a un peu plus de dix ans, quand les choses allaient bon train, ajoute Bézier, et tout a été approuvé en conseil d’administration ». Sympathique de la part des syndicats et du patronat, qui gèrent paritairement le groupe ! « Il a très bien manœuvré, pendant des années, pour se mettre tout le monde dans la poche, notamment la CGT, qui y joue un rôle clé », estime un ancien de la maison.
Et, si Audiens est « à but non lucratif », Patrick Bézier juge ses émoluments « dans la norme »… du secteur lucratif : « On fait le même métier que des groupes d’assurances où les dirigeants touchent, eux, des stock-options. »
Vive le nivellement par le haut !
Pour rappel, j'ai approfondit la question des frais de gestion des assurances-santé et ceux de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie (comparaison public / privé, proportion des cotisation, utilisations, etc.) dans un autre shaarli.
Dans le Canard enchaîné du 6 mars 2019.