Chassez-le par la porte, il revient par la fenêtre ! Alors que Bercy tente de réfréner les ardeurs de Huawei en France, le géant chinois des télécommunications lorgne toujours les cercles de pouvoir. Invités le 8 juillet par l’équipementier à sa troisième « soirée singulière » au musée du Quai Branly, Bruno Le Maire et Agnès Pannier-Runacher, sa secrétaire d’Etat, ont jugé plus sage de décliner.
Plusieurs membres de cabinets ministériels ont également été approchés par le communicant Xavier Hurstel afin de participer à un déjeuner-débat le 9 juillet au Cercle de l’union interalliée. Le thème ? « Quelle contre-offensive pour Huawei face à la stratégie américaine ? » Comme l’indique le carton, les convives de ce gueuleton animé par Renaud Girard, chroniqueur international au « Figaro », trinqueront à « l’invité d’honneur, Ken Hu en personne, président en exercice de Huawei ». Tchin-tchin !
Rocher connecté
Il n’en a pas fallu davantage pour que les grandes oreilles se dressent et fassent part de leurs craintes aux pouvoirs publics. « Si la 4G posait des problèmes de secret des correspondances, la 5G, elle, touchera à la souveraineté », concède un membre du cabinet d’Agnès Pannier-Runacher. Grâce à cette technologie, les débits seront multipliés par dix, et le temps de connexion sera réduit ; des robots pourront pratiquer des opérations à distance ; les voitures prendront leur autonomie ; les maisons et les villes deviendront intelligentes.
La 5G fait aussi revenir l'être aimé, fait repouser les cheveux et guérrit le cancer (c'est Verizon, opérateur américain, qui s'avance sur ce dernier point via un bien curieux raccourcis mental). Ça serait bien que les journalistes vérifient ce genre de promesses marketing avant de les relayer…
Mais celui qui contrôle les réseaux pourrait aussi tout paralyser : la circulation, les transactions financières et les communications. Pas question que cet honneur revienne à la Chine, ont décrété les USA, qui viennent d’interdire tout équipement venu de ce pays touchant à la 5G.
Le 26 juin, le Sénat examinera le projet de loi renforçant les contrôles. Un opérateur devra obtenir du Premier ministre une autorisation préalable à l’installation de ce type d’équipement. Le dispositif législatif est censé être adopté avant le lancement, à l’automne, des enchères pour la 5G sur le sol hexagonal.
La proposition de loi, qui devrait être définitivement adoptée ce mois-ci, oblige cette demande d'autorisation uniquement pour les opérateurs d'importance vitale et leurs fournisseurs. Reste à voir comment cela va s'appliquer concrétement puisque les ondes n'ont pas vraiment de frontières claires.
En attendant, chacun de leur côté, les téléphonistes français mènent leurs petites expérimentations avec du matériel… chinois. Le plus avancé, c’est Xavier Niel. Son réseau Monaco Telecom activera la 5G sur le Rocher dès le mois de juillet. Avec du matériel Huawei. « Plus sûr, et moins cher », résume un opérateur.
En voilà un qui mérite d’être invité au déjeuner de l’Interalliée !
Qu'est-ce que c'est que ce charabia ?! Est-ce vraiment un article de presse ?! :O
Les bénéfices vantés de la 5G sont du pipeau complet de la part des opérateurs qui espèrent ainsi, en prétendant spécialiser les usages, contrecarrer la neutralité du net. Et je te parle même pas des enjeux sociétaux en matière de réseaux de télécommunications, des laissés-pour-compte, de la fracture numérique, etc. Tout ça est balayé par ce baratin technologique…
Tous les réseaux sont vitaux, filaires comme sans-fil, industriels, civils, et militaires, pourquoi se réveiller uniquement à propos de la 5G ?! On ne se plaint pas des infrastructures ADSL et fibres optiques qui reposent sur du matériel Cisco (équipementier américain). La NSA, ça vous dit quelque chose ? Même chose pour Juniper (autre équipementier américain). Pourtant, en 2016, on y découvrait une porte dérobée. On parle des pare-feux Checkpoint (Israël) présents un peu partout ? Défiance à géométrie variable.
La 5G toucherait à la souveraineté ? Pas plus que le branche énergie d'Alstom, que l'on a vendu à General Electric. Pas plus que la puce GPS américaine embarquée dans nos missiles Scalp qui nous empêche de les exporter sans l'aval des ricains. Pas plus que notre Défense qui dépend de logiciels Microsoft (américain). Bref, pas plus que tant d'autres choses. La souveraineté en matière d'équipements de télécommunication, c'était Alcatel… que l'on a laissé fusionner avec l'américaine Lucent puis être rachetée par le finlandais Nokia. Quel manque de mise en perspective !
Tout ce baratin et ces mesures sont l'avatar d'une guerre économique avec les Chinois, mais c'est plus vendeur de parler de souveraineté.
La seule information utile de cet article, c'est que Bercy est enfumé (par Orange, comme à la bonne époque des débats sur la neutralité du Net ?) sur les enjeux de la 5G. Je suis navré de constater que le Canard l'est tout autant…
Notons que cela fait suite à la discussion, fin 2018, entre Bercy et Drahi (SFR) afin que ce dernier renonce à équiper son cœur de réseau de matériel Huawei.
Dans le Canard enchaîné du 26 juin 2019.