Rappel : Il reste que ce week-end pour défendre la neutralité des réseaux au niveau européen. La manière la plus simple de contribuer à cela est de se rendre sur https://savetheinternet.eu/en/#act et de remplir le questionnaire composé de 5 questions. Cela génère un mail automatique qui prend en compte vos réponses et qui, si vous le validez, sera envoyé au régulateur européen des télécoms. Y'en a pour 5 minutes…
Note : vous pouvez aller sur la version française du questionnaire, https://savetheinternet.eu/fr/#act pour comprendre le questionnaire et les explications mais il n'est pas recommandé d'envoyer un mail en français car le régulateur européen des télécoms ne donne aucune indication sur leur lecture / prise en compte.
Passons au sujet de ce shaarli :
Le lobby des télécoms est toujours très actif à Bruxelles. Il faut dire qu'avec l'UE, les points de désaccords ne manquent pas. En témoigne les récents blocages de fusions au Royaume-Uni et au Danemark par l'Autorité de la concurrence européenne. Ces décisions ont passablement agacé les intéressés, qui misent sur ces « consolidation » pour diminuer la concurrence, augmenter leurs prix, et donc leurs bénéfices.
L'autre gros sujet qui fâche concerne les règles de la neutralité du Net. Ce principe suppose que toutes les flux de données en ligne soient traités de manière équitable. Ou en d'autres termes, qu'ils ne soient pas discriminés. Sur le fonds, les opérateurs voient cette mesure d'un très mauvais œil. Pour accroître leurs revenus, ils veulent bénéficier de « différentes catégories de qualité pour proposer de nouveaux services », comme le disait récemment Tim Hoettges, le DG de Deutsche Telekom.
Or début juin, l'organe européen des régulateurs des télécoms (Berec) a dévoilé des « lignes directrices » pour garantir la neutralité du Net sur le Vieux Continent. Or certains positionnements ont suscité une levée de boucliers des opérateurs. L'un d'entre eux concernent le « zero rating », une pratique consistant pour les FAI à ne pas comptabiliser l'accès à un service spécifique dans le décompte de la consommation de data. Le Berec veut encadrer cette pratique pour éviter qu'un service soit favorisé au détriment d'un autre. Concrètement, si une appli musicale est incluse en illimité dans un forfait mobile, le Berec souhaite que si l'accès à Internet est bridé une fois la limite de données atteinte, cette limitation concerne aussi l'appli « zero rating ». Ce qui ne plaît pas aux opérateurs télécoms.
Heu c'est pourtant sobre comme approche. :O Quand tu n'as plus de forfait, tu n'as plus de forfait, point. Si l'on te donne accès à des sites web préselectionnés, c'est uniquement ceux-là que tu consulteras pendant les 28 jours du mois en hors-forfait. Parce que ce seront les seuls pas bloqués ou pas ralentis ! Même chose si c'est des services ou applications, hein. Notamment pour les personnes qui ont un faible quota d'Internet mobile car pas de thunes. On discrimine toujours plus les pauvres.
[...] dans un manifeste dévoilé par le Financial Times, les poids lourds BT, Deutsche Telekom, Telecom Italia ou encore Vodafone [ NDLR : et encore 13 signataires supplémentaires dont Orange et Nokia et Ericsson (LOL) :S ] ont carrément menacé les autorités de l'UE de retarder leurs investissements dans la 5G, la prochaine génération de très haut débit mobile, si le cadre réglementaire n'était pas assoupli !
Bien peu diplomatique, le ton employé illustre à quel point le sujet est sensible. En outre, les opérateurs demandent que les acteurs du Net, à l'instar de Skype ou de WhatsApp - qui concurrencent leurs services en empruntant librement leurs tuyaux - soient soumis aux mêmes règles du jeu qu'eux. Ce qui n'est pas le cas actuellement.
C'est le cas si ces fournisseurs de services ne sont pas leur propre fournisseur d'accès à Internet. S'ils sont leur propre opérateur (comme Wikimedia ou Google ou Facebook) alors oui, les interconnexions IP ne sont pas de la fourniture d'accès à Internet donc ça échappe aux lignes directrices du BEREC. independence?
En menaçant de retarder leurs investissements dans la 5G, les opérateurs jettent un sacré pavé dans la mare. Depuis quelques temps, Bruxelles se démène pour que l'UE reste en pointe dans le développement de cette prochaine génération de très haut débit mobile. En plus de permettre d'acheminer les données beaucoup plus rapidement, la 5G est perçue comme la prochaine grande rampe de lancement de l'Internet des objets. Ce qui permettra, d'ici quelques années, de faire émerger de nouveaux business, comme celui de la voiture connectée. [ NDLR : ou la santé ou la ville connectée, etc. ]
Lol. On n'a même pas encore de la 2G ou de la 3G partout en France et encore moins en EU et encore moins de la 3G qui fonctionne que les opérateurs partent déjà pour la 5G. Minute, papillon ! L'innovation au prix d'accroitre la fracture numérique ?
Via https://www.laquadrature.net/fr/euractiv-les-operateurs-europeens-font-du-chantage-a-la-5g
http://arstechnica.com/tech-policy/2016/07/5g-vowed-by-telcos-demand-weak-net-neutrality/ :
The 3,000-word document also makes certain promises: signatories have committed to starting large-scale demonstrations of 5G technology by 2018, and launching 5G commercially in at least one city in every EU country by 2020.
Y'a aucune promesses : la 5G a toujours était prévue pour l'horizon 2020 !
The telcos also want net neutrality laws to allow “innovative specialised services,” adding that “5G introduces the concept of network slicing to accommodate a wide variety of industry verticals’ business models on a common platform, at scale and with services guarantees.”
[...] Plus qu’un réseau, la 5G sera en fait un ensemble de réseaux cohabitant de façon transparente pour l’utilisateur.
Boarf, on découpe la plage de fréquences. On est au niveau physique de ce que font les VLAN des services spécialisés TV & téléphone au niveau logique.
Il [ NDLR : l’équipementier chinois Huawei ] avait aussi diffusé cette illustration qui montrait bien la répartition des différentes applications possibles en fonction des besoins de chacune [...]
Or si les applications ont des besoins différents et peuvent demander à accéder à telle partie du spectre qui offre plus de distance de couverture, ou à telle autre qui offre une meilleure latence, il devient techniquement nécessaire d’arbitrer entre les utilisateurs du réseau, et de fixer des règles qui permettent de savoir qui peut accéder à quoi, selon quels critères et quelles priorités. Sauf à imposer un système auto-géré par déclarations de besoins, et par des algorithmes non discriminants, les opérateurs mobiles se retrouvent en position de choisir qui a accès à certaines parties de la 5G, et donc de vendre cet accès.
Ben. Les opérateurs veulent des niveaux de services différents pour des cas d'usage spécialisés (genre ville connectée, maison connectée (ça se fait déjà chez SFR)). C'est OK dans les guidelines du BEREC. Faut juste que l'optimisation soit objectivement (critères techniques genre latence, débit, etc) nécessaire. Les telcos disent que oui donc c'est OK… Donc là, s'ils grognent, c'est que ce qu'ils veulent, c'est :
Et si ça n’était pas assez clair, les opérateurs veulent se garantir le droit de vendre des accès à certains pans de la 5G. « Il est essentiel d’assurer la monétisation de la 5G pour conduire les investissements. La monétisation peut prendre place à travers toute la chaîne de valeurs avec les utilisateurs finals, les fournisseurs de services et les verticaux de l’industrie, pour assurer de justes retours [sur investissement]. Les opérateurs devraient aussi être libres de mixer et gérer différentes générations de technologies, mobiles ou autres, qui permettent à la technologie mobile 5G de servir leurs clients de façon optimale ».
In this context we must highlight the danger of restrictive Net Neutrality rules, in the context of 5G technologies, business applications and beyond. 5G introduces the concept of “Network Slicing” to accommodate a wide-variety of industry verticals’ business models on a common platform, at scale and with services guarantees.
Donc, en gros, la 5G c'est de la convergence de réseaux. Accès Internet + réseaux IOT (genre Sigfox). Donc moins d'acteurs. Donc les opérateurs telcos veulent pas déployer seuls, c'est ça leur argument, en fait. Donc, ils recherchent une garantie de rentabilité de déploiement d'une infrastructure. Mooouiiii à ce train-là, on n'aurait déployé aucun réseau (électricité, eau potable, etc.) puisqu'au tout début, qui pouvait prévoir l'usage et donc la future rentabilité de ces réseaux ? Et plutôt que d'envisager du co-investissement de déploiement (où ensuite chaque acteur commercialise son service IOT bullhsit), les telcos attendent une rente des fournisseurs de services comme FT qui loue la boucle locale cuivre alors que la ligne est déployée depuis plus de 30 ans et que y'a jamais de travaux de maintenance dessus ! (ils attendent aussi des fréquences bradées de la part des États).
5G network slices are meant to run on shared infrastructure without deteriorating the agreed levels of service.
Bah donc si vos services spécialisés ne détériorent pas le niveau de service promis pour l'accès à Internet, alors les lignes directrices actuelles du BEREC ne peuvent rien contre vous. :)
The EU regulatory framework should be reformed to have as a primary objective a requirement for NRAs (National Regulatory Authorities) to secure long-term benefits to consumers and European economic development by incentivising investments in connectivity by all players
Ok, ils ont toujours à l'idée de faire casquer les fournisseurs de services. L'idée est de dire que sans services, les réseaux ne valent rien. Et sans réseaux, on n'accède pas aux services. Sauf que quand je paye mon abonnement d'accès à Internet, je paye pour que mon FAI monte son réseau et me donne accès à tout Internet ! Pourquoi aller demander de l'argent aux fournisseurs de services en échange d'une priorisation ? Le FSI aussi il monte son réseau où il a recours à un FAI qui doit monter son réseau ! Le FAI répartie les coûts sur ses clients, comme dans tout business ! Après, si les FAI vendent forfaitairement et à 30 €/mois quelque chose qui n'est pas forfaitaire ou à 30 €/mois, c't'un autre problème.
https://edri.org/telcos-commission-attack-net-neutrality-berecs-independence/ :
Seventeen operators have made an anti-net neutrality statement called the “5G Manifesto” that one can even find on the European Commission’s website. Among other things, the manifesto criticises BEREC’s draft guidelines for creating (unspecified) uncertainties for investment. The rather hysterical statement even threatens the regulators with a delay in investment unless they “take a positive stance on innovation and stick to it.” This demand is mirrored in some of the almost comically biased questions in the 5G networks “consultation” launched by the European Commission.
Even more worrying than the content of the manifesto is the endorsement it has received from the European Commission and, in particular, from the European Commissioner for Digital economy and Society Günther H. Oettinger. In fact, the Commission has promoted the anti-net neutrality declaration not only once, but at least three times on the European Commission’s website (see here, here and here). In addition, the Commissioner applauded these companies in social media. Does this mean that the Commission is “very much” welcoming an attack against net neutrality, the law and the regulators’ independence?
Bah EU = exécutif fort, comme en France.
Moi j'sors ma boule de cristal et j'dis que SFR et d'autres annonceront des licenciements massifs au nom des règles trop strictes de l'EU alors qu'il n'en est rien : http://www.numerama.com/business/177155-patrick-drahi-regrette-davoir-promis-de-ne-pas-licencier-chez-sfr.html