Depuis l'arrestation, le 1er décembre, de Meng Wanzhou — numéro 2 du groupe chinois d’équipements de télécoms Huawei —, l’humeur n’est plus aux risettes ! Le 19 décembre, lors d’une entrevue matinale et très discrète à Bercy, Bruno Le Maire a demandé à Patrick Drahi, le pédégé d’Altice, de renoncer à son accord avec Huawei. La raison ? Sécurité nationale !
Opérateur des réseaux mobile SFR et Portugal Telecom, Drahi avait pourtant, dit un expert, négocié des équipements Huawei « à un bon prix » (nettement plus bas qu’avec ses concurrents).
Le groupe, fondé en 1988, était censé construire le cœur de réseau de SFR, jusqu’à présent piloté par le finlandais Nokia (ex-Alcatel) et l’américain Cisco. Cet ensemble de câbles à très haut débit relie les principaux nœuds du réseau, auquel des liaisons de plus faible capacité sont raccordées. En cas de panne ou de piratage, c’est le black-out…
Le patron d’Altice avait également prévu d’installer des antennes Huawei pour le développement de la 5G à Paris, notamment dans le quartier Balard, a deux pas du ministère des Armées. Les grandes oreilles s’étaient dressées… L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) a illico refusé l’autorisation d’ouvrir le cœur du réseau à Huawei. Pour les antennes, en revanche, rien n’avait été prévu dans la loi. Le roi des télécoms a profité de ce vide juridique…
A la baguette
« L’installation dans le XVe arrondissement de Paris est purement expérimentale, se défend Arthur Dreyfuss, secrétaire général de SFR. A Vélizy, nous menons aussi une expérimentation en 5G, mais avec Nokia. Et, à Nantes, nous confronterons Nokia et Huawei. » Pour éviter qu’un autre opérateur ne serve de cheval de Troie aux Chinois, le gouvernement a présenté, le 16 janvier, un amendement à la loi Pacte visant à renforcer les pouvoirs de l’Anssi. L’agence contrôlera un éventail d’équipements beaucoup plus large avant leur déploiement.
Cet échec chinois a laissé meurtrie la petite armée de lobbyistes travaillant pour Huawei. Son chef de file ? Jean-Louis Borloo, bombardé il y a deux ans administrateur de la filiale technologies France du groupe (« Le Canard », 8/3/17).
C’était plus facile de travailler pour Tapie…
Ouais, c'est sûr que Cisco et Nokia (dont la branche équipements n'appartient pas à Microsoft), tout comme la présence massive de Microsoft dans nos armées et nos écoles, ça pose moins de problèmes de souveraineté et de sécurité nationale ! Tartufes !
Dans le Canard enchaîné du 6 février 2019.