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——————————— Thursday 09, May 2024 ———————————

Dans le Canard enchaîné du 10 avril 2024

  • Darmanin a missionné la DGSI pour participer aux démantèlements des réseaux de dealers, travail normalement dévolu à la police judiciaire (Ofast). Argument de la DGSI : les importations de drogues relèvent de l'ingérence étrangère. Après tout, un projet d'enlèvement du ministre belge par des narcos aurait été déjoué en septembre 2022 et, aux Pays-Bas, le premier ministre aurait renoncé à ses sorties à vélo à cause des menaces des narcos. La crainte, relayée par un commissaire de la DGSI : une DGSI très à l'écoute au nom de l'ingérence étrangère, à l'abri du secret et hors de tout contrôle. Un motif (ingérence étrangère) et ses moyens, notamment techniques, utilisés pour fliquer ce qui n'en relève pas, en somme.

Dans le numéro 111 (mars - avril 2024) de Fakir

  • Dans le courrier des lecteurs, l'un d'eux pointe l'« un des derniers rapports d'Oxfam » qui consignerait que, dans les 10 dernières années, la répartition de la valeur ajoutée entre capital et travail (dividendes et salaires) serait passée de 61 % à 51 %. Le lecteur pointe un Fakir hors série qui faisait déjà état d'une baisse de 10 points (et non pas pourcents comme l'écrit le lecteur), d'environ 70 % à 60 %, sur les dix années précédentes. Plusieurs choses :
    • En 2012, Fakir parlait d'une baisse de 10 points, oui, mais entre 1983 et 2006, c'est-à-dire sur plus de 20 ans (source) ;

    • Comme je l'avais exposé, il faut prendre ce chiffre avec des pincettes, car la fenêtre temporelle pour l'obtenir a été sélectionnée afin de le grossir, et que si l'on dézoome, c'est moins vrai, on est plus proche des 5 %. C'était la même astuce pour dézinguer la rémunération du PDG de Total… ;

    • Enfin, le rapport d'Oxfam porte uniquement sur les 100 plus grandes entreprises françaises. La répartition travail/capital serait passée de 58/42 à 48/52 en 10 ans dans le CAC40 et de 61/39 à 51/49 dans les 100 plus grandes entreprises (l'étau se resserre). Ensuite, il faut se demander la représentativité de 40 ou 100 sociétés commerciales, tant en termes de taille d'échantillon que de pratiques qui faussent les chiffres (typiquement les grands patrons sont rémunérés par des actions) ;

    • J'aurai apprécié que Fakir contextualise / critique le courrier de son lecteur, afin de ne pas être obligé de le faire…

Dans le numéro 167 des Dossiers du Canard enchaîné « Réchauffement : par ici la sortie ! » (avril - mai 2023)

Crise climatique

  • On retrouve des chiffres sur la pollution des riches. D'après un rapport pondu en 2022 par Oxfam et Greenpeace, le patrimoine financier de 63 milliardaires français émet autant de gaz à effet de serre que celui de la moitié de la population française (14 millions de ménages). Empreinte moyenne de l'un de ces 63 milliardaires : 2,4 millions de tonnes d'équivalent CO2. Celle d'un Français moyen (kézako ? Je pense qu'il s'agit de l'empreinte moyenne d'un Français) : 10,7 tonnes (OFCE : 24,5 tonnes de CO2 pour un ménage, dont essentiellement les biens et services de conso et la bouffe). D'après la Paris School of Economics, les 10 % des plus riches du monde sont à l'origine de 50 % des émissions mondiales de CO2 de 2019. Partout, les pauvres sont les plus sobres… sauf aux USA où ils polluent plus que les 10 % des plus riches en Afrique subsaharienne. Mouais… Oxfam rattache un milliardaire à l'entreprise principale qu'il détient (hors holding), et donc aux émissions déclarées par celle-ci… Genre les chiffres communiqués par les sociétés commerciales sont fiables :)))) Mécaniquement, plus une société est importante, plus la part rattachée au milliardaire sera importante… sans pour autant qu'il ait le choix de la stratégie environnementale de l'entreprise (genre sur tel créneau, il n'y a pas de façon écolo de faire ou le milliardaire n'est pas actionnaire majoritaire donc il peine à impulser une direction écolo, etc.)… Ensuite, je me demandais d'où sortent les 63 milliardaires français puisque Forbes en compte 42 sur la même période. Réponse dans le rapport : addition de Forbes et de Challenges (119 milliardaires) et on retient uniquement ceux pour lesquels des données publiques sont disponibles. Tout ça me semble pifométrique : il existe plusieurs évaluations du nombre de milliardaires mais t'inquiète, on va te pondre une estimation fiable de émissions carbones des richous :)))) ;

  • Les efforts vertueux (solaire, éolien, biocarburant, hydrogène, bagnole électrique, etc.) de Total représentent 1,6 % de son chiffre d'affaires, 5 % de se production énergétique, et 12,5 % de ses investissements. (Il faudra m'expliquer en quoi la déforestation du biocarburant et l'extraction minière des bagnoles électriques sont vertueuses, mais passons…) Ça dénote un peu des annonces du PDG selon lesquelles l'intégralité des bénéfices 2022 seraient ré-investis dans les « énergies décarbonnées » alors que 70 % ont formé les dividendes et que 80 % du reste a été dans l'extraction, notamment du GNL ;

  • Comme la France a raté son objectif en matière de production d'énergies renouvelables, et afin d'éviter les sanctions de l'UE, le gouvernement serait en train d'acheter des « volumes statistiques d'énergie renouvelable » à ses voisins. Trololo. Ça me fait penser aux quotas carbone ou à la couverture légale des fournisseurs d'électricités non-nucléaires ;

  • Comme d'hab, on arrive au constat qu'il n'existe pas de solution magique (sans contrepartie) :

    • Nucléaire : l'extraction de l'uranium se fait par l'injection de liquides acides dans la roche. Les liquides frigorifiques (HFC, HCFC) des centrales ont un équivalent CO2 de 1,3 tonne pour 1 kilo (et EDF compte 14 à 17 rejets par an dépassant 100 kilos, soit 1820 tonnes, le reste, < 100 kilos, n'est pas soumis à déclaration). Le gaz SF6 utilisé comme isolant électrique dans les postes à haute tension des centrales, a un équivalent CO2 de 23,5 tonnes par kilo ;

    • Hydrogène : n'existe pas à l'état pur sur Terre, donc il faut l'extraire de l'eau via un processus très gourmand en énergie. (On peut l'extraire des hydrocarbures, mais le processus libère plus de CO2 que l'utilisation directe du gaz naturel…) L'hydrogène gris, produit en soumettant du méthane ou du charbon à de la vapeur d'eau surchauffée (vaporeformage) représente 95 % de la production mondiale, au coût de 7 tonnes de CO2 pour 1 tonne d'hydrogène. Hydrogène bleu : capter le CO2 émis lors de la production et le stocker dans des failles géologiques ou dans des poches de gaz vides. Le Canada mise sur ça. Risques : dégagement impromptu de gaz et acidification des sous-sols. Hydrogène vert : utiliser des énergies renouvelables pour produire l'hydrogène (5 % de la production mondiale). Projet Vallée Hydrogène Grand Ouest : faire de la Bretagne une région pilote fabriquant ce carburant et bénéficiant d'un réseau de distribution pour les particuliers. À Lorient, une poignée de bus et un bateau-bus roulent à l'hydrogène. Si l'UE veut tenir son objectif de 100 000 camions roulant à l'hydrogène en 2030, il faudra l'équivalent de 15 centrales nucléaires pour produire ledit hydrogène… ;

    • Le captage de CO2, justement, est glouton : 3 gigajoules (833 kWh) pour 1 tonne de CO2 enfoui. Les pétroliers se passionnent pour cette technique afin de faire de la « récupération assistée du pétrole », c'est-à-dire faire remonter du pétrole inaccessible en injectant le CO2 dans un vieux puits. Le faire avec de l'air comprimé coûte cher. 80 % des projets de captage de CO2 sont associés à de la récup' de pétrole ;

    • Aviation. Depuis janvier 2023, la France oblige les avionneurs a incorporer 1 % de biocarburant, 4 fois plus cher que le kérosène, dans leurs réservoirs. 2 % d'ici 2025 en Europe. 63 % en 2050. En 2021, la production mondiale était de 100 millions de litres contre les 360 milliards de litres nécessaires pour faire tourner tous les avions du monde. L'hydrogène ? Pour une autonomie identique, il faut l'embarquer sous forme liquide dans un réservoir 4 fois plus grand. Aucune solution technique à ce jour pour le garder liquide (-257,3 degrés Celsius). L'avion électrique de plus de 20 places reste un mirage à cause de l'espace occupé par les batteries (sans compter la pollution liée à leur production…).
  • Verra, le principal certificateur des crédits carbone, estime que moins d'un quart des acheteurs sur le marché carbone sont identifiés ;

  • La société commerciale française Flying Whales veut développer le frêt par ballon dirigeable avec de l'hélium… Comme à d'autres, cela m'évoque le souvenir du baratin commercial que furent les avions renifleurs de pétrole.


Jeux olympiques

  • « L'essentiel n'est pas de gagner mais de participer » ne vient pas du baron de Coubertin pour les JO de 1912, mais d'un pasteur de Pennsylvanie qui l'avait testé pour la première fois aux JO de Londres de 1908 sur des athlètes américains. La formule a été si utilisée par la suite pour rhabiller les désastres des athlètes français, que les Français ont fini par la croire Made in France. :D
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