Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ne cesse de le répéter : il n’est pas question de donner des pouvoirs de police aux militaires de l’opération Sentinelle. En clair : la mission des 10 000 troufions mobilisés se borne à une présence dissuasive. Les soldats ne peuvent intervenir — comme n’importe quel citoyen — qu’en cas de péril imminent.
Il n’empêche : sur le terrain, le kaki commence à prendre ses aises. Exemple : depuis le 10 juin, à Paris, les bérets verts du 1er régiment étranger de cavalerie (1Er REC, qui fait partie de la Légion) ont remplacé au pied levé les gendarmes mobiles et pris le contrôle de la portion de la rue Boissy-d’Anglas comprise entre la place de la Concorde et la rue du Faubourg-Saint-Honoré.
Fusil Famas au poing, les légionnaires se comportent quasiment comme des policiers dans cette voie qui longe l’ambassade des Etats-Unis. Ils contrôlent les laissez-passer des véhicules, jettent un œil sur les chargements et invitent les piétons à passer leur chemin.
Les (véritables) forces de l’ordre se sont évanouies dans la nature... Les militaires ne font qu’exécuter les ordres. Le gouvernement a décidé, pour la durée de l’Euro de foot, de retirer la plupart des pandores et des poulets en faction devant les ambassades ou les sites sensibles parisiens pour les envoyer patrouiller aux abords des stades et des fan—zones.
Sans laisser sur place un seul officier de police judiciaire pour encadrer la présence des légionnaires du 1er REC et lui donner un vernis juridique. Les soldats doivent se débrouiller tout seuls pour contrôler plusieurs dizaines de lieux dans la capitale.
« Certaines autorités ont voulu aller encore plus loin, témoigne un officier supérieur, en confiant aux bérets verts le soin de faire des contrôles d’identité et de fouiller les véhicules. » Mais toutes ces demandes, précise le même galonné, ont été rejetées « par le gouverneur militaire de Paris, qui ne voulait pas trop déborder de sa mission ».
Tout est dans le « pas trop ».
+1. D'abord les militaires en arme dans les rue pendant plus de 15 ans, pour dissuader on ne sait trop qui (ça n'a visiblement pas dissuadé grand'monde). Maintenant ils contrôlent les laissez-passer et vérifient vite-fait les chargements. Et demain, ça sera quoi ? :/ Les militaires au commandement (cf http://shaarli.guiguishow.info/?-7kDmQ ) ?! NO WAY, il est plus que temps de rentrer à la caserne et de faire joujou à l'entraînement à la guerre ! Armée de métier -> isolement -> endoctrinement -> plus facile de faire pan-pan sur les citoyen-ne-s lorsqu'un ordre en ce sens arrivera. Et les laisser pavaner dans les rues leur donne un sentiment de supériorité, "t'as vu, je protège une population, gros, t'as vu". NO WAY.
Dans le Canard Enchaîné du 29 juin 2016.