Après les régions (passées à droite), le ministère de la Ville et celui des Outre-Mer retirent leurs subventions à l'Observatoire International des Prisons qui fournit des chiffres et des études sur les politiques carcérales et les détenus, qui accompagne les détenus et leur famille, qui veille à la salubrité et au respect de la législation en taule, etc.
En 2021, l'observatoire de la délinquance sera transféré au service statistique ministériel de la sécurité intérieure, un bidule géré, entre autres, par l'INSEE.
La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires sera rattachée au Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation du ministère de l'Intérieur (même source). Comme si la dérive sectaire était exclusivement liée à la radicalisation islamique ou à un enjeu de sécurité. Il y a aussi de la détresse sociale, l'isolement (des vieux ou dans les quartiers, par exemple), l'individualisation de notre société et ses diktats (je pense aux dérives du développement personnel), etc.
Le Conseil national de la protection de l'enfance devrait être regroupé avec le Groupement d'intérêt public enfance en danger (même source). En attendant, plus de secrétaire général. Pratique pour organiser les réunions. En attendant, les contrats de travail ont été renouvelés pour un an. Savoir que ton travail tombera dans l'oubli, ça te motive à le faire, c'est sûr.
Dans la majorité des cas, je trouve que la fusion proposée flatte le bon sens. Mais, je constate que les regroupements envisagés le sont avec des structures éloignées du terrain, d'où un risque d'obtenir des chiffres dénués de tout sens, dénués de toute humanité. Je pressens également qu'une réduction des effectifs aura lieu après les regroupements au motif éculé que trop de gens bossent sur un même sujet alors que le temps est aux économies. Au final, ces observatoires des politiques publiques seront affaiblis, comme l'est la DGCCRF, elle qui a perdu 20 % de ses effectifs en 10 ans, et nous n'aurons plus d'analyses, autres que purement comptables, des action menées / à mener.
Connu pour ses recherches et ses enquêtes sur le monde carcéral, ses guides pratiques, son accompagnement des détenus et de leurs familles, l’Observatoire international des prisons (OIP) est-il voué aux oubliettes ? En 2014, il recevait de l’Etat et des collectivités une subvention annuelle de 424 211 euros. En 2019, cette somme a été divisée par… trois. Conséquence : un budget passé, en cinq ans, de 811 565 à 592 147 euros et une association en danger. Les critiques répétées de l’OIP envers la politique pénale et carcérale du gouvernement n’ont sans doute pas arrangé son cas…
Des taulards soulignent pourtant que son action les aide à « tenir bon » et à « ne pas devenir violents avec le personnel ». Ou remercient l’OIP pour l’appui apporté lors du décès d’un proche prisonnier, une inscription pour des études par correspondance, l’achat d’un fauteuil roulant. Ou évoquent des procédures judiciaires lancées à la suite d’une mort suspecte, de l’insalubrité et de la promiscuité dans une cellule, de violences diverses… A ce titre, le ministère de la Justice, dix-sept fois condamné depuis 2011, doit toujours 25 335 euros. Radin !
Appel aux dons
Contacté par « Le Canard », le ministère de la Cohésion des territoires, qui, sans prévenir, a fermé le robinet, explique : « Les indicateurs ne démontrent pas que les actions de l’OIP sont liées aux QPV (quartiers prioritaires de la politique de la ville) ». Fine analyse !
La plupart des 72 000 détenus seraient-ils des cadres issus des beaux quartiers ? Mais le ministère rassure : « Nous subventionnons les Petites Sœurs des équipes de Saint-Vincent-de-Paul, qui vont au parloir ! »
Elles, au moins, sont sympathiques et ne critiquent jamais le gouvernement.
Dans le Canard enchaîné du 13 novembre 2019 et via https://mastodon.social/@FranckNoir/103130541924289953 via https://social.jesuislibre.net/@tuxicoman .