Fin mai, lors du conseil municipal de Fréjus (83), le maire d’extrême droite David Rachline, a fait voter la prise en charge de ses frais d'avocat dans deux affaires. La première concerne une citation directe pour diffamation contre la nouvelle députée européenne La France insoumise, la fréjussienne Manon Aubry qui a déclaré dans Var-matin, fin avril que « le RN à Fréjus vend le patrimoine de la ville à ses copains ». La seconde concerne un dépôt de plainte contre un Fréjussien qui aurait écrit sur un abribus : « Les magouilles du maire, chez moi, c’est fini. » Et l’opposition d’interroger sur cette dépense inutile d’argent public : « Dire ce que l’on pense de vous, est-ce un crime de lêse-majesté ? […] Il faudrait prendre un peu de hauteur, Monsieur le maire… »
Un maire fait prendre en charge ses frais d'avocat, dans des procédures dont il est à l'origine, par ses contribuables. Admirons le creusement des inégalités entre l'élu et le citoyen. Dans ce genre de situations, pourquoi ne pas également prendre en charge les frais d'avocat du citoyen (avec un montant supérieur à celui de l'aide juridictionnelle, même traitement que l'élu, en somme) ? Comment le procès pourra-t-il être équitable entre un élu assisté qui pourra utiliser tous les artifices et un citoyen qui devra nécessairement compter ses sous ?
Tout ça pour de la possible diffamation, c'est-à-dire quelque chose qui ressemble à "mouin, mouin maîtresse, Manon et le citoyen ont été trop trop mézant avec moi !". Comment un conseil municipal a-t-il pu voter ça ? :(
Pour rappel, quand les citoyens se sont réunis pour financer les frais d'avocat du gilet jaune-boxeur Dettinger, Schiappa avait estimé qu'il s'agissait d'une odieuse complicité. Pourquoi faudrait-il accepter deux poids, deux mesures ?
Dans le numéro de juin 2019 du Ravi, journal satirique en PACA.