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——————————— Sunday 12, January 2020 ———————————

Les agents qui recensent la population sont payés à la tâche par les mairies

Résumé : dans ma ville, 83 % de la rémunération des agents chargés du recensement de la population est variable. Ils sont payés à la tâche, au nombre de logements et d'habitants recensés. Cela me révulse. On réduit les effectifs de la fonction publique pour de mauvaises raisons (la restriction budgétaire, c'est-à-dire le repli, le recroquevillement, ne peut pas être un projet de société viable) puis les mairies, qui ont légalement d'autres choix, embauchent temporairement et à bas coût des personnes en nécessité d'emplois (retraités, travailleurs pauvres, cumulards, etc.) et les contraignent à des objectifs chiffrés de performance indépendant de leur volonté et compétences. La rémunération est insuffisante en proportion du temps de travail effectué, ce qui, à mon avis, constitue un contournement de la législation sur les salaires minimums. Je ne pensais que ce modèle d'emploi, cette humiliante mendicité organisée, très répandue sur le web (la modération des contenus sur les réseaux sociaux, l'espionnage des utilisateurs de reconnaissance vocale, et diverses choses que les marketeux rangent sous le terme trompeur d'intelligence artificielle - voir les travaux d'Antonio Casilli -, etc.) et dans notre quotidien (Uber Eats, Deliveroo, etc.) était déjà entré dans nos administrations. Où va-t-on ? :(



On sonne à ma porte. Normalement, afin d'éviter les dérangements (démarcheurs commerciaux, Témoins de Jéhovah, enfants à Halloween, erreur de sonnette, etc.), j'ouvre uniquement si j'attends quelqu'un. Mais, aujourd'hui, par la fenêtre, je vois un bout de vélo. Est-ce cette amie ? Nous n'avions pas prévu de nous voir, mais peut-être ai-je oublié ?

Non, c'est une femme qui se présente comme agent recenseur pour le compte de la mairie de mon lieu de résidence (gare aux arnaques, je me suis rendu compte, après-coup, qu'elle ne m'a pas présenté de carte / document officiel lui permettant de justifier de sa mission, mais je la reconnais sur une photo dans un article de presse). Je lui oppose mon refus de participer au recensement 2019 de la population (8 % des logements d'une ville chaque année). Mes raisons ? Rien de sérieux. Ça me gonfle. Les fichiers fiscaux contiennent déjà les informations qui permettent d'orienter la politique publique de la ville : qui je suis, mon âge (donc mes probables attentes en termes de loisirs, etc.), mon niveau de revenus, la qualité de mon habitant (qui, là encore, montre qui je suis), etc. Elle aura la bonté de ne pas me rappeler qu'un tel refus persistant est sanctionnable par 38 € d'amende.

Nous discutons. De tout, de rien. Puis, elle me dit que mon refus est dommage, car elle perçoit 1 € par logement recensé et 2 € par formulaire rempli. Je suis abasourdi : elle est rémunérée à la tâche ?! J'essaye de savoir qui met en œuvre une telle pratique : est-ce une agence d'intérim ou autre ou est-ce directement la mairie ? Elle me confirme qu'elle est bien employée directement par la mairie. Vache…



Intrigué, je me motive à effectuer des recherches. Le compte-rendu (point 35 page 12) d'une réunion de mon Conseil municipal très bien référencé dans un moteur de recherche web mentionne :

35 - PERSONNEL : Recensement de la population 2020. M. Joël PEYRE,
Rapporteur. Le Conseil Municipal, après en avoir délibéré :

  • ACCORDE l’ouverture de 20 postes d’adjoint administratif de 2ème classe non titulaires (cette mission pouvant être assurée en interne par des agents titulaires) et les nominations d’un coordonnateur chargé du pilotage des opérations, de deux coordonnateurs adjoints et d’un correspondant du répertoire d’immeubles localisés.
  • FIXE les conditions de rémunération des agents recenseurs titulaires et non titulaires telles que définies et le montant de la prime allouée à l’ensemble des agents recenseurs titulaires et non titulaires tel que défini.
  • IMPUTE la dépense correspondante au chapitre 012 du budget principal
  • AUTORISE Madame le Maire ou l’élu(e) délégué(e), à signer les contrats de recrutements des agents non titulaires et à désigner par arrêté, les personnes concourant à la préparation et à la réalisation des enquêtes de recensement.
  • ADOPTE -

Hum… « telles que définies ». Cela signifie que les rémunérations ont été évoquées précédemment à la prise de décision et qu'elles figurent dans un document administratif porté à la connaissance du Conseil municipal.

En effet, le recueil des actes administratifs (point 35 page 256) qui couvre la date de réunion du Conseil municipal contient ces informations. Point négatif : le PDF contient des numérisations au format image des décisions et il semble être techniquement malformé, donc il est impossible d'utiliser la fonctionnalité de recherche d'une visionneuse de documents, donc il faut lire entièrement la table des matières puis scroller jusqu'au bon endroit / document…

On y apprend que les agents recenseurs seront rémunérés avec une dotation de l'INSEE. Ils seront embauchés en CDD. La rémunération comprendra :

  • 6 jours de formation + reconnaissance préalable du terrain rémunérés au 1er échelon du grade d’adjoint administratif de 2e classe ;

  • 1,15 € net par feuille portant sur un logement, 1,75 € net par bulletin individuel. Tarifs préconisés par l'INSEE ;

  • Une prime. 51 € net si l'intégralité des feuilles portant sur un logement sont traitées dans le temps imparti + 51 € net si les bulletins individuels sont traités dans le temps imparti + 51 € net en fonction de la fiabilité des informations collectées (les critères d'évaluation ne sont pas précisés). Soit 153 € net à tout casser de prime. Si l'on veut juger de la proportionnalité, on notera que les fonctionnaires coordinateurs empocheront une prime de 350 € net chacun (mais oui, voyons, cela rémunère leurs RES-PON-SA-BI-LI-TÉS, mais c'est bien sûr !)…



Faisons quelques calculs.

La rémunération d'un adjoint administratif 2e classe au 1er janvier 2020 est de 1542 € brut pour 30 jours d'emploi. Pour un emploi de 6 jours, cela représente 1542 / 30 * 6 = 308 € brut. Soit environ 240-250 € net.

Un article de presse m'apprend que 4 468 logements sont concernés par cette campagne de recensement. 20 agents recenseurs ont été recrutés.

Un agent recenseur peut espérer une rémunération totale et optimale de 250 + 257 + 782 + 153 = 1 442 € net.



En réalité, elle sera bien moindre :

  • Environ 2 % des habitants ne répondent pas ;

  • Le temps de la vie en famille et du couple durable étant révolu, mon nombre d'habitants est sur-évalué, mais, d'un autre côté, il prend en compte les logements sous-découpés en plusieurs studios ;

  • Je ne suis pas parvenu à savoir si les bulletins individuels remplis par Internet (42 % en 2016 dans ma région d'après l'INSEE) seront payés à l'agent recenseur ;

  • Il est peu probable que tous les habitants soient disponibles lors du passage de l'agent recruteur. Beaucoup mangent à leur travail (ou restaurant d'entreprise ou…). L'ouverture de la porte ne signifie pas que tous les occupants du logement seront présents ;

  • D'après ce que m'a dit ma recenseuse, le délai imparti est très court, donc, j'en déduis que percevoir la prime dans son intégralité est illusoire.

En résumé, 83 % de la rémunération est variable. Donc, oui, dans ma ville, les agents recruteurs sont payés à la tâche et à la performance en ce qui concerne la prime. Si l'on pondère grossièrement mes calculs en retirant l'intégralité de la prime et que l'on divise par 2 le nombre d'habitants, on arrive à 72 % de rémunération variable. Ça change bien rien, donc.



D'autres formes d'emploi et de rémunération sont possibles. Des fonctionnaires municipaux pourraient être chargés du recensement, par exemple. Il est parfaitement possible de rémunérer exclusivement en salaire fixe en augmentant le nombre de jours travaillés pris en compte. Bref, d'autres choix s'offrent aux mairies. Évidemment, la contrainte de la dotation de l'INSEE sera opposée aux alternatives que je viens de formuler.

Dans cette simple affaire, je perçois le dévoiement banalisé de notre monde.

  • Par volonté politicienne (la restriction budgétaire ne peut pas être un projet politique au sens noble du terme), un manque de fonctionnaires se fait sentir, donc on recrute des travailleurs temporaires tout en faisant mine de lutter contre les contrats courts. On ne me fera pas gober le raccourcis selon lequel il vaut mieux employer temporairement afin de s'adapter à cette charge de travail ponctuelle plutôt que de payer des fonctionnaires à rien glander : plein de fonctionnaires sont surchargés de taff et pas que ponctuellement ;

  • Dans un esprit de performance (à quoi ça sert ?), on rémunère ces employés temporaires à la tâche. Évidemment, la rémunération est insuffisante en elle-même. Évidemment, cette rémunération est insuffisante en proportion du temps de travail effectué (les habitants sont absents, il faut revenir, etc., ce que m'a confirmé ma recenseuse). Tout cela constitue un bon moyen de contourner les revenus minimaux légaux. Évidemment, ces emplois s'adressent à des gens sans emploi ou en recherche de revenus complémentaires comme les retraités ou les travailleurs pauvres. Des gens pour qui il s'agit d'une offre qu'ils ne peuvent pas refuser. à encore, je ne goberai pas le propos niais et mielleux qui consiste à trouver génial de fournir des emplois, de plus précaires ;

  • Être plus ou moins contraint de tenter de contrer un refus en indiquant ta miséreuse rémunération à la tâche… Même si tu ne le dis pas, tu as bien conscience de savoir que tu mendies. Cela est humiliant, dégradant… Ma recenseuse, quel courage.

Bref, ce monde du paiement à la tâche, Uber Eats, Deliveroo, Amazon Mechanical Turk, etc. me déplaît au plus au point. Et je me rends compte qu'il est déjà entré dans nos institutions publiques.



Ha, au fait, ma recenseuse est une retraitée (surprise, hein). Elle était infirmière. Elle a candidaté à ce poste de recenseuse sous la contrainte économique. Si l'on ne veut pas être contraint d'avoir ce parcours indigne (comment peut-on être contraint de travailler après avoir mis sa vie au service des autres ?!), peut-être faut-il nous bouger pour obtenir un véritable système de retraite, c'est-à-dire protecteur, équitable, solidaire et donc juste, en lieu et place du système injuste et de chacun pour soi que nous concocte, en ce moment, le gouvernement actuel (capitalisation donc fragilité sur le long terme, parcours et incidents de la vie ignorés donc maintien des inégalités biologiques, baisse - ou hausse - de la valeur d'acquisition et de paiement du point donc des pensions en fonction du gouvernement, etc.).

Contrepèteries

J'arrivais jamais à trouver le sens caché des contrepèteries.

Il y a peu, j'ai commencé à lire le livre du gus qui tient depuis 30 ans la rubrique Sur l'album de la Comtesse dans le Canard Enchaîné. Il y donne deux-trois conseils sur la procédure permettant de les décrypter : commencer par repérer les mots quasi-tabous, ceux qui, avec quelques substitutions de lettres ou de syllabes formeront des mots tabous (exemples : tresses => fesses, lard / bar / gare => dard, berge => verge, ueu/ueux => cueux (queues), l'apaise => l'abaise (l'a baise)). Ensuite, trouver des mots à proximité avec lesquels permuter des lettres ou des syllabes. Exemple : je te laisse le choix dans la date. Il y donne aussi la correction de 30 ans de contrepèteries politiques.

Il faut croire que lire ces contrepèteries et leur correction m'a fait progresser puisque j'ai jamais aussi bien décodé l'album de la Comtesse qu'aujourd'hui. \o/

Voilà, je voulais juste partager mon bonheur avec vous. \o/

Ci-dessous, je vous laisse réfléchir vous aussi au dernier Album de la Comtesse en date publié dans le Canard enchaîné du 8 janvier 2020. Permutez ou déplacez sans contrepartie des lettres ou des syllabes deux à deux. L'orthographe ne compte pas, seul le son formé, la phonétique, compte. À la fin de ce shaarli, je vous mets en évidence les contrepèteries que j'ai mis au jour. Comme vous le verrez, il en manque, ce qui veut dire que je peux encore progresser. \o/


UNE PILE DE DRONES PARÉS QUI TUENT
Trump pâlot assassine qui a lésé des bêcheurs de son camp aux vues usant des frondeurs. En Iran, il promeut des coteries et des clans en Irak. Il fait monter le cri des populations, brûle et provoque des sanctions en imposant son plan et sa guerre. Avec ces pyromanes qui ont le feu en eux, on va droit vers un globe dézingué.

LECTEURS : « Ghosn a filé. » — « Ah, l’honneur d’un Delon réputé disco pour la population ! » — « Fable raciste avec “Les deux hiboux”. » -— « Le garçon boucher qui scie au chaud scie la panse. » — « Si do mi fa sol. » — « Caisses frottées. » —- « Fécond sur les tresses. » Une histoire de fou de tresses ?

LU : « La bricoleuse, qui déballe les packs et branche le tout, pâlit quand elle ponce. » — « Voyez, des pots défilent dans des fêtes où l’on est tancé. » — « On voit des bidasses drôlement attifés dans ces forteresses ! » — « Rêve dans les sables : enlisés dans des dunes, des gros lards espèrent des secours dans ces sables »









Ce que j'ai déniché :

UNE PILE DE DRONES PARÉS QUI TUENT
Trump pâlot assassine qui a lésé des bêcheurs de son camp aux vues usant des frondeurs. En Iran, il promeut des coteries et des clans en Irak. Il fait monter le cri des populations, brûle et provoque des sanctions en imposant son plan et sa guerre. Avec ces pyromanes qui ont le feu en eux, on va droit vers un globe dézingué.

LECTEURS : « Ghosn a filé. » — « Ah, l’honneur d’un Delon réputé disco pour la population ! » — « Fable raciste avec “Les deux hiboux”. » — « Le garçon boucher qui scie au chaud scie la panse. » — « Si do mi fa sol. » — « Caisses frottées. » — « Fécond sur les tresses. » Une histoire de fou de tresses ?

LU : « La bricoleuse, qui déballe les packs et branche le tout, pâlit quand elle ponce. » — « Voyez, des pots défilent dans des fêtes où l’on est tancé. » — « On voit des bidasses drôlement attifés dans ces forteresses ! » — « Rêve dans les sables : enlisés dans des dunes, des gros lards espèrent des secours dans ces sables »

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