Il est bien, ce documentaire sur le financement présumé de la campagne présidentielle de Sarko par Kadhafi. Toutefois, il y a quelques malhonnêtetés intellectuelles à souligner comme le fait de cumuler des factures personnelles payées par Claude Guéant sans en préciser l'étalement sur plusieurs mois ou comme la voix off qui ne lit pas exactement le document affiché à l'écran alors que la partie passée sous silence à l'oral met en lumière une discordance entre deux témoignages exposés dans le documentaire.
Je note :
C’est avec discrétion que François Hollande devait se rendre, dans la matinée du 22 mai, devant les frères de la loge Roger-Leray, l’« une des plus politiques », selon un dignitaire du Grand Orient de France. Cette loge a longtemps compté parmi ses membres un certain… Jean-Luc Mélenchon. Depuis qu’il n’a pas appelé explicitement à battre Le Pen au second tour de la présidentielle, le leader de La France insoumise est en délicatesse avec la maçonnerie. Certains frères ont même demandé son exclusion…
À l'occasion de cette « tenue blanche fermée » — non publique —, le grand maître de l’obédience en personne, Philippe Foussier, devrait faire le déplacement. Il connaît parfaitement Hollande. Membre du Parti socialiste, il a profité de son discours annuel, le 1er mai au Père-Lachaise, pour accuser Macron de « complaisance » avec les religions et ainsi de « porter atteinte » au principe de séparation des Eglises et de l’Etat. Pas très fraternel !
Après son triomphe dans les supermarchés, l’ancien chef de l’Etat devrait envisager une tournée des temples…
Dans le Canard enchaîné du 23 mai 2018.
Quel gros malin, ce leader de Podemos, la gauche radicale espagnole… Avant de s’acheter une villa à 600 000 euros, avec piscine et jardin de 2 000 m2, dans une bourgade cossue au nord de Madrid, Pablo Iglesias avait eu la bonne idée de critiquer ceux qui font pile-poil pareil.
Faites ce que je dis, pas ce que je fais, gogolième épisode… Crédibilité = 0. Mais que savent faire les leaders de la gauche à part jacter d'un monde auquel ils n'envisagent pas une seconde de prendre part, mais qui est juste un moyen pour prendre le pouvoir puis de servir leurs intérêts, comme un programme dit de droite ?
La presse n’a pas mis longtemps à exhumer son tweet de 2012 visant un ministre de l’Economie : « Confierais-tu la politique économique du pays à quelqu’un qui dépense 600 000 euros dans un penthouse de luxe ? » Ou cette autre saillie, en 2015 : « Ça mesemble dangereux, ces politiques qui s’isolent, vivent dans des banlieues riches, dans des maisons, qui ne savent pas ce que c’est que de prendre les transports publics. » Aïe, aïe, aïe…
Certes, le salaire d’Iglesias est plafonné à 2 200 euros, comme celui de sa femme, porte-parole de Podemos, et le couple a emprunté 540 000 euros sur trente ans. Mais ce n’est pas une excuse, dézinguent leurs propres camarades : la charte du parti impose de « vivre comme les gens ordinaires », a balancé le maire de Cadix, tandis qu’un autre élu Podemos torpillait un achat « incompatible » avec la défense « des plus nécessiteux ».
Mouiiiiiiiii le salaire est plafonné, mais Iglesias a très probablement d'autres entrées d'argent, comme des droits d'auteur ou des revenus sur capitaux issus de ses émissions TV qui l'ont amené où il est. Un peu comme Ruffin qui déclare plafonner son salaire au SMIC et vivre seulement de ça… après Merci Patron !, son succès en salle et les droits d'auteur qui en découlent… … … On se moque du monde…
Heureusement, nos Insoumis nationaux sont plus compréhensifs. « Un couple d’Espagnols s’endette sur trente ans pour acheter une maison de très grande banlieue et l’oligarchie espagnole fait mine d’appeler cela un privilège », a tweeté l’Insoumise salariée de Bolloré, sur C8 , Raquel Garrido. Tandis que Mélenchon s’en est pris aux « méthodes pourries » du « parti médiatique », lui qui avait déclaré un patrimoine de près de 1 million d’euros lors de la présidentielle de 2017.
Un débat (de pierre) de taille…
Dans le Canard enchaîné du 23 mai 2018.
Le gendarme des barbouzes vient de faire un drôle d’aveu. Chargée de surveiller les écoutes administratives (qui ne sont pas soumises à l’autorisation d’un juge), la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR) présentait, le 18 mai, son rapport annuel d’activité. A cette occasion, son président, Francis Delon, a reconnu que la CNCTR « n’a[vait] pas les moyens » de vérifier l’utilisation effective de certains gadgets de haute technologie.
Il s’agit des Imsi-catchers, des appareils portatifs qui permettent de siphonner tout ou partie des données transmises par un relais téléphonique. Idéal pour identifier le téléphone utilisé par un suspect, mais aussi pour capter les conversations vocales ou numériques émises ou reçues dans un secteur donné.
Non, l'IMSI-catcher se fait passer pour un relais téléphonique auprès de TOUS les téléphones qui se trouvent dans son périmètre géographique. L'idée est que les téléphones portables s'accrochent dessus, que l'IMSI-catcher les convainc éventuellement de passer à un protocole d'échange moins sécurisé, puis que l'IMSI intercepte éventuellement TOUS les appels et les SMS, quitte à faire le tri après coup dans les flux pechés.
Sur le papier, tout semble pourtant verrouillé. Les barbouzes doivent consigner dans un registre chaque utilisation de leurs Imsi-catchers, dont la mise en œuvre est soumise, au cas par cas, au feu vert préalable de la CNCTR. De plus, leur usage est contingenté : il est interdit d’utiliser plus de soixante de ces engins simultanément sur l’ensemble du territoire français.
Mais la Commission ne peut pas pousser plus loin ses vérifications car les lmsi—catchers en service sont étrangement dépourvus de tout système de contrôle de leur fonctionnement. Rien n’empêche donc un agent de s’en servir en loucedé. Les services peuvent également rouler la CNCTR dans la farine en lui demandant l’autorisation d’espionner une cible indiscutable pour mieux en surveiller une autre, inavouable celle-là.
Autre source de fraude potentielle : les lmsi-catchers peuvent aussi servir pour des missions judiciaires, mais la CNCTR ne dispose pas des compétences nécessaires pour vérifier qu’un juge a bel et bien donné son accord à leur usage.
« Au risque de paraître naïfs, nous devons faire confiance aux fonctionnaires », a lâché Francis Delon au cours de sa conférence de presse, avant de souligner que l’existence de lourdes peines devrait suffire à dissuader les fraudeurs.
Et on est priés de le croire sur parole…
Dans le Canard enchaîné du 23 mai 2018.
Malgré ses déclarations, le gouvernement n’a rien à opposer aux sanctions “secondaires” US, qui vont s’imposer au monder entier.
Ce n'était pas la joie, mardi 15 mai, à la réunion convoquée par Bruno Le Maire et Jean-Yves Le Drian à Bercy. L’objectif du raout ? Rassurer une soixantaine d’entreprises françaises désireuses de travaillser en Iran, malgré l’embargo dont Donald Trump vient d’annoncer le rétablissement — après avoir dénoncé le traité signé en juillet 2015 avec le pays des mollahs.
« Les ministres nous ont expliqué que l’interdiction faite aux entreprises européennes de travailler avec l’Iran [était] inacceptable et [nous ont] assurés de leur détermination à nous défendre, explique un homme d’affaires iranien présent sur place. Mais, après l’indignation, rien. Ils sont restés secs. » Et un collaborateur du ministre des finances de confirmer, en privé : « Nous ne sommes pas optimistes. »
On le comprend. Les Américains ont mis en place une punition qui a tout de la bombe atomique : les sanctions « secondaires ». Depuis la signature de l’accord avec l’Iran, seules étaient appliquées des sanctions « primaires », ne visant que les US persons : les Américains, donc, ainsi que les étrangers travaillant aux Etats-Unis, les entreprises américaines ou leurs filiales à l’étranger — tous menacés d’amendes, voire de prison, en cas de business avec l’Iran.
Pestiféré bancaire
Cette interdiction est désormais étendue à n’importe quelle entreprise ou individu dans le monde (les fameuses sanctions secondaires). Quelle que soit leur nationalité, les traîtres à la cause pourront tomber sous le coup de mesures administratives décidées par le seul Trump, non contestables en justice. Un boulanger français exportant en Iran ses croissants fabriqués en France avec du beurre et de la farine français, sur des machines françaises, par des ouvriers français et réglés en euros, risque désormais de tomber sous le coup des 12 sanctions secondaires prévues par l’Iran Sanctions Act : inscrit au fichier international SDN (« ressortissants spécialement désignés », en français), il ne verra plus les grandes banques mondiales lui apporter leur concours. Il ne pourra plus travailler avec des fournisseurs, des clients ou des actionnaires US ; ses actifs aux Etats-Unis seront gelés, et lui-même ne pourra plus mettre les pieds sur le territoire américain sous peine d’être arrêté.
En principe, ces peines ne s’appliquent qu’aux Etats-Unis. Mais un robuste chantage les étend à la France —— sur le modèle de ce qui est arrivé en 2014 à la BNP, dont la filiale suisse avait financé (en dollars) des opérations pétrolières sous embargo américain, notamment en Iran. Les Américains lui ont laissé ce choix cornélien : soit le paiement d’une amende astronomique (8,9 milliards de dollars), soit l’interdiction de toutes ses activités aux Etats—Unis, ce qui aurait entraîné sa mort.
Rebelote avec Total, qui a préféré prendre les devants. Le groupe pétrolier a annoncé, le 16 mai, qu’il abandonnait le gigantesque gisement gazier de South Pars 11, justifiant ainsi sa décision : « Total ne peut se permettre d’être exposé à des sanctions secondaires américaines » qui lui feraient perdre le financement en dollars de 90 % de ses opérations dans le monde. En outre, ses 30 % d’actionnaires américains détaleraient (entraînant l’effondrement de son cours en Bourse), et ses 10 milliards de dollars d’actifs aux USA seraient gelés.
Droit du plus fort
« Si les Etats-Unis arrivent à imposer ainsi leurs décisions, estime l’avocat d’affaires Jean-Michel Darrois, ce n’est pas par le droit, c’est par la force. Si la République de Saint-Marin avait banni la BNP de son territoire, ça ne lui aurait fait ni chaud ni froid. » Les Saint-Marinais vont voir rouge !
En 1996, les Etats-Unis avaient déjà mis en place des sanctions similaires. L’Europe, alors unie, avait porté l’affaire devant l’Organisation mondiale du commerce, obligeant les USA à reculer. Mais, le 17 mai, au sommet européen de Sofia, Macron a refusé la perspective d’une « guerre stratégico-commerciale avec les Etats-Unis sur le cas de l’Iran ». Il serait d’ailleurs un peu seul : l’Allemagne ne veut pas entendre parler d’un affrontement avec les Etats-Unis et les pays d’Europe centrale, qui se défient de la Russie, chérissent l’Otan.
Grand-père à sauver
Restent « des mesures au coup par coup », indique-t-on à la Direction du Trésor. « Bruno Le Maire a demandé au secrétaire américain au Trésor des dérogations aux sanctions et l’application de la “clause du grand—père”, qui prévoit que les investissements déjà initiés en Iran ne soient pas remis en question ». Les Etats-Unis, dont le but avoué est d’asphyxier l’Iran, seront sûrement très réceptifs à la demande européenne.
Trois autres initiatives sont pour le moins mal parties. Primo, la Banque publique d’investissement (BPI) a mis fin à son projet de banque 100 % étanche par rapport au dollar pour financer en euros le commerce avec l’Iran. « Les Etats-Unis ne pourraient pas attaquer ce financement, mais les entreprises, elles, resteraient menacées par les sanctions secondaires », indique un participant à ce projet.
Deuzio, Bruxelles a réactivé, le 18 mai, le « règlement européen » de 1996 autorisant les entreprises à ne pas se conformer aux sanctions américaines. On imagine mal Total et ses pairs se faire hara—kiri aux USA pour les « autorisations » de la Commission.
Tertio, Bruno Le Maire a proposé, le 20 mai, que « le coût d’éventuelles sanctions financières imposées par les Etats-Unis soit pris en charge par l’Union européenne ». Après, bien sûr, que Bruxelles aura obtenu le vote de tous les pays européens et trouvé les dizaines — voire les centaines — de milliards à verser à Washington.
Une simple formalité.
Impérialisme US entretenu par un manque de courage politique de l'UE (pourtant fondée sur l'idée de devenir une puissance économique à même de pouvoir résister à ce genre de pressions extérieures) et par une discordance des politiques économiques des membres de l'UE face à un pouvoir fédéraliste qui, de fait, est mieux organisé. Mais d'un autre côté, le géant US est un géant parce que nous le rendons géant (nous consommons toute la merde qu'il nous propose)… Œuf et poule…
Dans le Canard enchaîné du 23 mai 2018.