Résumé : comment j'ai passé 5 mois à cogiter sur l'achat de nouvelles chaussures à cause de blocages mentaux (plus cher = mieux ?, acheter toujours acheter…, quel modèle choisir ?, des chaussures, c'est des chaussures, quoi…). Il faut dire que c'était mon premier changement de modèle. Je publie ce shaarli pour les personnes dans ma situation. Si t'as des baskets qui prennent l'eau après trois semaines d'utilisation et dont les semelles se trouent à de multiples endroits après deux mois et sont totalement déchirées après six mois, ce n'est pas normal, change de marque / modèle, n'hésite pas à dépenser plus pour des semelles plus épaisses, c'est rentable sur le long terme : moins de temps passé à les renouveler + réduction de ton empreinte écologique + économie. Si l'apparence a aucune importance pour toi, si tu ne sais pas quel modèle choisir, si tu ne sais pas t'écouter (quel modèle me tente) ni te projeter (quel modèle me va bien), si le choix te paralyse, demande conseil aux gens que tu respectes, surtout s'ils portent des chaussures qui ne te parlent pas mais qui te paraissent pas trop-trop mal.
Si l'on m'avait dit que j'écrirai un jour un shaarli ayant pour thèmatique les chaussures… Shit happens. Au-delà de chaussures, il est surtout là pour consigner mes blocages mentaux et mes contradictions, ce qui n'est pas inintéressant à archiver afin de visualiser, plus tard, les améliorations et les régressions.
Je porte des fringues et des chaussures pour deux raisons : masquer mon corps et m'adapter aux conditions du terrain (température, pluie, sol irritant ‒ genre l'asphalte ou le sable ‒, chemin caillouteux, bris de verre, etc.). Forcément, j'ai jamais compris pourquoi ces éléments devaient être des éléments de distinction sociale (on notera que c'est bien pareil dans d'autres domaines : Kéké claque tout son fric pour avoir le "meilleur" tuning de voiture, JeanMi fait de même afin d'avoir le plus puissant ordinateur, etc.). Forcément, j'ai jamais compris le baratin sur l'apparence des fringues, ni la mode. Pour moi, le seul critère devrait être la fonctionnalité : est-ce que ce bout de tissu me protège mieux contre tel risque local ?
Conséquence : cela fait plus de 15 ans que j'ai le même modèle de chaussures : des baskets basses noires de """"marque"""" Atemi qu'on trouve à la Halle aux chaussures pour 25 € (24,90 ou 24,99, je ne sais plus). Maman les avait choisies, affaire classée. Bon, j'avoue, y'a très longtemps, je me suis permis une énorme folie : changer de couleur. Le même modèle, mais en noir au lieu de blanc. Wouhou ! (Et je me souviens des propos des camarades de classe de sexe féminin pour me faire revenir au blanc en mode "ça ne te va pas, le noir".)
Ça fait plus de 5 ans que j'avais un doute : je trouvais que ces chaussures s'usent super vite. Je ne fais pas de sport. Je me contente de déplacements en ville. Métro-boulot-magasins-dodo. Peut-être faudrait-il acheter un modèle plus coûteux "pour voir" ? J'hésite… J'ai été éduqué sur le modèle « ce n'est pas parce que c'est plus cher que ça répond à ton besoin : si ça se trouve, la différence de prix paye la marque et/ou une fonctionnalité dont tu n'as pas besoin ». Il faudrait choisir un nouveau modèle… Il faudrait étudier la question… Ça me fait chier. Ça me paralyse, donc je fais rien.
Au fil des années, ce doute progresse… Quand même, elles durent vraiment pas longtemps, ces chaussures. J'en parle aux amis. « Non mais c'est normal des chaussures qui prennent l'eau, oui, même quand elles ont que quelques mois d'âge ». OK… J'affine mon diagnostic et j'en parle à quelques collègues : « elles durent deux mois, après y'a de gros trous partout dans la semelle ». On me répond (enfin ?) que « ce n'est pas normal, suis-je sûr de moi ? ». Cette fois-ci, je procède avec rigueur : je consigne la date d'achat dans mon agenda. Deux mois passent. Au moindre sol mouillé, à la moindre pluie, mes chaussures "neuves" sont des piscines municipales. J'en rachète. Idem deux mois après. C'est confirmé : durée de vie = 2 mois.
Pour être précis : au bout de trois semaines / un mois, la semelle laisse passer l'eau, mais, ça va encore. Au bout de deux mois, la semelle a plusieurs trous d'une taille supérieure à une pièce de deux euros. À la moindre eau présente sur le sol, les chaussures se transforment en piscines. Au bout de six mois, la semelle est déchirée de partout (image), je marche à même le sol, ma peau se fait râper, etc.
Ça me gonfle. Le prix, encore, ça va : je peux me permettre de claquer 25 € tous les 2 mois. C'est inutile, mais je peux me le permettre. L'impact écologique et le travail de gamins étrangers qu'un changement fréquent amplifie me dérangent beaucoup plus. Devoir me déplacer fréquemment, en transports en commun, dans la zone commerciale extérieure à la ville afin d'acheter de nouvelles chaussures, ça, c'est trop : c'est chiant, les transports en commun sont déplaisants au possible, c'est une perte de temps, etc.
On tente un modèle de chaussures plus coûteux ? Pfff, ça fait chier… J'ai jamais choisi mes chaussures (ni mes fringues). Les personnes qui m'ont expliqué qu'il faut pas se prendre la tête, qu'il faut « juste » s'écouter : « est-ce que cette chaussure me tente ? Est-ce que je me vois bien les porter ? » : vous êtes sérieuses ? Je vois juste des chaussures. Aucune me tente. J'arrive pas à me projeter avec. Un rayonnage de chaussures me fait aucun effet. À part générer un profond ennui, bien entendu.
Et puis, à quoi bon dépenser plus d'argent dans des chaussures si, au final, c'est la marque qui empoche la différence pendant que des gamins étrangers fabriquent les chaussures au moindre coût ? Je me dis qu'acheter des chaussures produites en France, ça me motiverait à me bouger. Les collègues me calment tout de suite : ça n'existe pas vraiment. Le Coq sportif externalise à l'étranger. Les baskets Venexan sont fabriquées en Italie (ce qui me rappelle la maltraitance des employés du cuir dans les régions italiennes), etc. Caruus, Ubac et compagnie vendent des baskets en matières qui m'ont l'air très perméables, ce qui ne répond pas à mon besoin (je chausse des baskets, qu'il fasse soleil ou qu'il pleuve), sans compter qu'il faut acheter via le web (j'vais y revenir).
Des collègues se proposent de me faire découvrir des boutiques de pompes du centre-ville. Allons-y. J'ai droit à une formation accélérée sur chaussures de ville, chaussures de sport, running, etc. J'ai rien capté, j'ai rien retenu. Sauf qu'une chaussure en cuir bien foutue, ça fait la moitié d'une vie facile et que ça se fait réparer chez un cordonnier.
Des chaussures de ville ont l'air pas si mal que ça… Sauf qu'elles m'explosent les talons quand je marche (l'impulsion remonte dans mes jambes, c'est très bizarre). Un modèle de baskets semble pas trop mal, mais il n'y a pas vraiment ma taille alors que j'ai un pied plus large que la moyenne au niveau de la jonction des métatarsiens et des phalanges. Il faut donc que la chaussure soit un peu flexible à cet endroit-là pour laisser paraître un bout d'os. J'aurai au moins découvert ça sur mon compte. Youpi…
Ce qui devient sûr, c'est que je ne veux pas de chaussures de ville. Le cuir à entretenir (cirage, etc.), ça sera sans moi. Et ça fait quand même un p'tit air "je me la pète" qui ne me plaît pas. Des baskets, ça sera très bien. Ça passe partout (sauf dans les soirées habillées, mais j'y vais jamais). Ça ne fait pas chier. Quel modèle choisir ? Rebelote…
Mon intérêt se dégonfle. Puis, je remarque les chaussures portées par deux collègues. Elles ne sont pas si mal… C'pas trop-trop mon truc, mais c'pas si mal. Je leur en parle. C'est des Timberland. On cherche sur le web : ça ressemble à des Chukka Bradstreet jaunes (mais ça n'en est pas, c'est le modèle équivalent d'il y a deux ans…). Ça fait baroudeur, me dit-on. Ça m'ira bien, me dit-on. Tu parles… À part sur Internet, j'ai baroudé nulle part ! C'est confortable me dit-on… Ouais, la vendeuse des chaussures de ville en cuir qui me défonçaient le talon m'a dit pareil… Y'a beaucoup de bullshit dans les mots employés pour présenter / vendre des chaussures (comme dans tout autre domaine).
J'hésite. La couleur ne me plaît pas. Ça existe en noir, me dit-on, même si un peu de couleur ne me ferait pas de mal, me dit-on. Ai-je vraiment envie de chaussures qui, me dit-on, donnent une allure de baroudeur ? Ce n'est pas ce que je suis… Ai-je vraiment envie de dépenser plus de 100 € pour une paire de chaussures ? C'est hallucinant, comme chiffre. J'ai toujours eu des besoins simples… 100 €, ça symbolise quand même un autre standing, et c'est une autre image de toi que tu donnes…
Je cogite des semaines et des semaines. Mes chaussures actuelles atteignent le stade « semelles totalement déchirées en plusieurs endroits, donc je marche à même le sol ». Soit je rachète les mêmes et, donc, je continue à perdre mon temps en déplacements et à avoir une empreinte écolo pourrie, soit j'achète les Timberland des collègues, soit j'achète un autre modèle… qu'il faut que je prenne la peine de dénicher, ce qui me démotive au plus haut point. Allons-y pour des Timberland.
Reste à trouver un magasin qui en vende. Hors de question d'acheter sur le web. Arnaques. Enfer de la livraison. Coordonnées bancaires potentiellement enregistrées dans une base de données qui se fera pirater un jour. Galère pour retourner un produit. Difficulté pour choisir la bonne taille (j'ai eu raison : une Timberland qui me va c'est deux pointures au-dessus de l'habituelle !). Etc. Évidemment, il n'y a pas de magasin / revendeur référencé dans ma ville sur le site web officiel. Je fais le tour de plusieurs magasins du centre-ville : rien. Une collègue me dit qu'elle a acheté les siennes à Go Sport. Enrichir le groupe Casino, quelle belle perspective… Mais entre ça ou commander sur le web ou conserver mon modèle actuel de chaussures…
Au final, Go Sport déstockait, donc plein de modèles de marques différentes étaient en promotion. J'ai donc acheté une paire de Timberland Bradstreet noires hautes (aucune idée de la déclinaison, ce n'était pas consigné sur l'étiquette) et une paire de Timberland Advendure alpine noires basses (idem). Au moins, ça fera été et hiver (les Bradstreet sont difficiles à supporter par forte chaleur, d'après mes essais). Total : 133 €. Quelles différences ? Les Advendure alpine sont totalement plates. Le talon des Bradstreet est légèrement surélevé par rapport à la pointe des pieds. Mais, surtout, les Bradstreet sont des """"taille"""" haute / tige haute, c'est-à-dire que la chaussure arrive au moins à la cheville voir la dépasse. Les Adventure alpine sont des """"taille"""" basse / tige basse, donc l'inverse : les chaussures n'arrivent pas la cheville.
J'ai également acheté la paire de chaussures pas tout à fait à ma taille dans le magasin du centre-ville. Ça s'avère être des Clarks Stafford Park5 basses bleu marine. Vu le tissu et les trous, on est plutôt sur un modèle d'été. C'était aussi du déstockage, donc le prix était cassé, mais je ne m'en souviens plus. La critique est unanime : ça fait vieux. Je ne trouvais pas… Une fois qu'on me l'a dit et argumenté (forme, aspect jaunâtre de la semelle, etc.), ouais, en effet, ça fait chaussures de vieux…
Entre les discussions entre collègues et l'achat, 5 mois se sont écoulés. Cinq mois de doutes, de "j'ai pas envie", de "ça va servir à rien", de "je ne sais pas quoi choisir", de "ça ne me ressemble pas" et de discussions en boucle. Si l'on regarde bien, en plus de me suggérer un modèle de chaussures en le portant, la principale qualité de mes collègues a été une capacité de projection ("ça t'irait bien") que je n'ai pas (par manque de confiance en moi ou parce que, vraiment, des fringues, ça ne me parle pas ?). Merci à eux pour leur persévérance. :)
Reste à trouver le bon serrage des lacets. J'avais serré à fond, comme un fou, afin que mon pied ne bouge pas afin d'éviter les ampoules. Grave erreur : ça étouffe le pied et ça fait encore plus mal. Il faut pouvoir passer un peu moins d'un doigt entre l'arrière du pied et l'arrière de la chaussure. Au final, il m'a fallut deux semaines d'adaptation et deux mois de pansements quotidiens pour que mes pieds se fassent aux chaussures.
Maintenant, ce que tout le monde veut savoir : est-ce que l'investissement est rentable ? Depuis le début de la dernière semaine d'août 2019, à l'exception de trois semaines / un mois, j'ai porté exclusivement mes Bradstreet. Après 7 mois, Les semelles ne prennent pas l'eau au contact du moindre sol mouillé. Elles ne sont pas trouées du tout. Après 7 mois d'utilisation, elles ne sont même pas au premier stade d'usure de mes anciennes chaussures. De mémoire, cette paire m'a coûté 80 €. 80 € c'est environ 3 fois 25 € (prix de mes anciennes chaussures). Si celles à 25 € ont d'énormes trous dans la semelle après deux mois, on s'attend à ce que les Timberland tiennent au moins six mois. C'est chose faite. Je suis donc satisfait. \o/
Alors oui, les semelles extérieures sont râpées à plusieurs endroits et les semelles intérieures sont profondément déchirées au niveau des talons et des gros orteils (photo après trois mois d'utilisation quotidienne ; photo après sept mois). Le moment de m'équiper de semelles avec du """"gel"""" (élastomère thermoplastique) dont on me rebat les oreilles ?
Au final, les chaussures à 25 € ne sont pas toutes nazes : mes pieds mettent à dure épreuve les semelles, il faut croire. Comme celles de mes Timberland sont plus épaisses et moins flexibles / souples, forcément qu'elles tiennent plus longtemps. Cela signifie également que je ne suis pas lié à une marque : n'importe quel modèle de chaussures avec des semelles épaisses me conviendra. Cela signifie aussi, qu'il est probable qu'il existe des chaussures à la semelle tout aussi épaisse / résistante pour un prix plus modique que celui des Timberland.
Je prévois déjà mon prochain blocage. Ce sera lors du renouvellement, lorsque mes chaussures Timberland seront fichues. Les modèles que je possède actuellement n'existeront plus par effet de mode, ce qui signifie, qu'il faudra prendre le temps de chercher leur remplaçante… ou de copier à nouveau sur des gens de confiance.
J'avais un problème d'usure similaire avec mes chaussons. Les derniers ont fait 10 mois. J'ai décidé d'en acheter des plus costauds et donc plus chers. Va pour des pantoufles en velours à 27,99 € chez Damart. Les semelles sont plus épaisses que sur mes anciens chaussons, donc ça devrait le faire. Il est encore trop tôt pour me prononcer : ça fait seulement 7 mois (dont 4 mois à temps complet) que je les porte. Le tissu des semelles intérieures s'est totalement déchiré, mais, contrairement aux modèles de pantoufles que je possédais avant, cela ne signifie pas que la semelle commence à de désintégrer et qu'elle va libérer de la """"mousse"""" un peu partout.
Au final, qu'ai-je appris ?