Sur les aspects liberté et convivialité de la voiture, je pense que DataGueule se trompe. J'ai le regard d'un gus qui n'a ni permis ni voiture, qui n'en a jamais eu et qui n'en aura jamais, par contrainte réglementaire donc un gus qui se déplace en transports en commun depuis 15 ans environ (et qui a beaucoup marché, aussi) + qui a habité dans 5 villes de France (situées dans le top 20 des villes les plus peuplées) en tant qu'étudiant puis en tant que travailleur + qui a toujours vécu des campus universitaires puis des emplois situés en périphéries des villes.
Quand je parle de liberté de conduire, je veux dire que je peux aller n'importe où, quand je le désire sans rien demander à quiconque. Exemple : aller visiter quelques-uns des beaux paysages locaux là où aucun transport en commun ne va, transporter des objets lourds ou nombreux, etc. Seul, si j'en ai envie. Jusque-là, ça ressemble à un usage pragmatique de la voiture.
Ben, c'est la même chose à l'intérieur des villes : les transports en commun sont loin d'aller partout et surtout pas à toute heure. J'ai vécu dans des villes où t'as plus de transports en commun après 21h… Super pour la soirée entre potes ! Mais, d'un autre côté, je ne souhaite pas avoir de transports nocturnes car ce sont des boulots à la con pour les personnes qui les exercent. Mais, quand je vois des métros totalement automatisés qui ferment à 2h du mat'… Ouaaais, les faire tourner toute la nuit quasiment à vide va gaspiller de l'énergie, ouais mais à part ça ? Ne peut-on pas mettre des capteurs de présence comme sur les escaliers mécaniques qui fonctionnent en éco dénergie et se remettent à pleine puissance dès que quelqu'un-e monte dessus ?
Même chose pour les campus universitaires et les emplois dans le domaine informatique qui sont situés en périphérie, dans des endroits pas habitables et pas ou peu accessibles en transports en commun (15 minutes de marche en étant exposé à tout vent, sans rien pour arrêter la pluie dans un endroit où le ciel pisse beaucoup…, un bus toutes les 40 minutes, pas de pistes cyclables voire même pas de trottoir sur des routes à très forte fréquentation…, etc.). 1h+ de trajet en cumulant marche+bus+tram en comparaison de 15 minutes en voiture… Est-ce que le jeu du transport en commun en vaut la chandelle ?
La liberté, c'est aussi de pouvoir bouger en toute flexibilité genre quand tu fais de l'associatif, t'aimerais bien participer / discuter / livrer des objets à deux assos qui, forcément, ont toutes deux le seul samedi comme jour de réunion. L'auto permet ça, pas les transports en commun + la marche. C'est ça le problème de fond : avec les transports en commun, il faut tout organiser, tout planifier. Il faut faire plus régulièrement tes courses alors qu'une voiture te permet de transporter pour 15 jours - 3 semaines de bouffe… Perte de temps. Il faut que les camarades associatifs décalent la réunion pour ta tronche. Pour participer à certaines réunions (notamment avec les élu-e-s ou la presse) ou juste pour gérer un truc perso genre l'arrivée de la fibre ou une fuite d'eau chez toi, pas question de faire un aller-retour tranquillou depuis le taff, noooon, faut poser ta demi-journée ! Super pratique.
Quand je parle de convivialité de la voiture, je veux exprimer le fait d'être seul (ou avec des gens que j'apprécie) dans un habitacle qui sert d'espace vital. Les transports en commun, c'est des boîtes de sardines : tu es toujours serré contre des inconnu-e-s. Tu es toujours serré contre des gens qui ont oublié de prendre un bain (parfois pour de bonnes raisons genre douche en panne au club de sport ou panne du système de production d'eau chaude) ou qui se ramènent avec leur bouffe exotique. Tu es toujours en compagnie d'une source de bruit genre gus-se au téléphone, bébé qui braille, gamin-e qui hurle ou tape contre un objet sans que les parents interviennent… Tu peux prendre un casque audio… sauf que je ne suis pas branché musique le matin et après une journée de taff : j'aime bien avoir des moments de vide, de transition. De mon expérience, ces problèmes-là ne peuvent pas être résolus en adoptant des horaires de travail décalées : il y a toujours des emmerdeur-se-s dans les transports en commun, même à 10h ou à 20h. Sans compter que, fondamentalement, je ne vois pas l'intérêt d'être à plusieurs s'il n'y a aucune interaction sociale positive mais uniquement de la nuisance.
Je pense qu'il est vain de chasser les autos de l'intérieur des villes : il faudra toujours des routes pour avitailler les commerces du coin, à moins que l'on décide de les supprimer pour les remplacer par des hangars automatisés depuis lesquels des multinationales puissantes nous livreront à domicile à l'aide de drones, mais ce monde-là sera sans moi. Donc, si l'infrastructure existe, autant l'utiliser.
Pour l'instant, les infrastructures cyclistes sont peu nombreuses et très mal conçues (ha, ici la piste cyclable s'arrête brutalement à cet endroit ! Ha, cette piste cyclable est entrecoupée de routes à traverser tous les 100 mètres alors que l'on est en périphérie ! Ho, cette piste cyclable t'emmène subitement en plein milieu de la route, pile entre les bus et les voitures !) mais même sans ce problème, je ne suis pas sûr que le vélo soit la solution. Contre la pollution, oui, ça fera le job. Contre les incivilités, en revanche… J'veux dire, quand on sera des troupeaux entiers de vélos à la sortie de nos taff, que se passera-t-il ? On aura déporté le problème des bouchons et l'absence de confort des transports "habituels" sur le vélo. Sans compter l'assurance vélo (remplaçante de l'assurance auto) obligatoire pour assurer le vol de ton vélo (ou d'une de ses roues :- ) et les éventuels dommages aux autres… On aura déporté une partie des coûts d'une auto sur le vélo.
Comme le dit DataGueule, le problème des transports est vaste : il faut repenser aussi la localisation de nos universités, de nos emplois et le télétravail, repenser les loyers dans les métropoles, repenser les infrastructures dans les métropoles mais surtout en dehors, repenser l'aménagement des périphéries des villes pour pas avoir que du taff sans logements et sans commerces, repenser la flexibilité horaire au travail histoire de pas tou-te-s être sur la route au même moment, etc.
Je ne suis pas favorable à l'usage de la voiture pour les longues distances (le TGV fait bien mieux) ni pour aller aux commerces situés à 500 mètres (la marche et les bras font le job) mais pour tout le reste, ne pas avoir de voiture, c'est vraiment handicapant, de mon point de vue.