En surface, rien n’a bougé. Les résultats, dévoilés mardi 11 décembre, des élections professionnelles dans la fonction publique n’ont pas bouleversé l’équilibre des forces entre les neuf syndicats représentatifs : la CGT est toujours en tête (avec 21,8 % des voix), suivie par la CFDT (19 %), Force ouvrière (18,1 %) et l’Unsa (11,2 %).
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Plusieurs éléments de ce scrutin sont pourtant dignes d’analyse. La participation, d’abord. Elle est en baisse par rapport à 2014, le premier scrutin où tous les agents de la fonction avaient été appelés à voter tous en même temps. Moins de la moitié des agents publics (49,8 %) ont participé au scrutin, ce qui représente une chute de 3 points.
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Même sans une forte participation, des glissements sont nettement perceptibles. Le perdant des élections est sans conteste la CGT, qui reste en première position, mais recule de 1,2 point (après une baisse de 2,3 points en 2014), alors que la CFDT régresse « seulement » de 0,3 point, et réduit donc l’écart qui la sépare de la centrale de Philippe Martinez.
C’est d’ailleurs Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, qui s’est exprimé le premier mardi, pour annoncer les résultats. Sans s’attarder sur le bilan dans la fonction publique, mais pour se féliciter que son syndicat soit désormais le premier, si l’on additionne le nombre de voix dans les secteurs privé et public.
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Sur le plan national, il ne restait en effet plus que 20 000 voix d’écart entre la CGT et la CFDT, qui était déjà passée en première place dans le privé en mars 2017. L’écart a été comblé, et selon les calculs de la CFDT, il est désormais de 15 000 voix en sa faveur. « Nous ne boudons pas notre plaisir, c’est l’objectif, ambitieux, qu’on s’était fixé, et nous l’avons atteint », savoure Mylène Jacquot.
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Peut-être la CGT attend-elle les résultats définitifs ? Ceux qui ont été communiqués mardi ne le sont pas encore totalement, et il reste peut-être à la centrale de Montreuil un petit espoir : selon Yves Veyrier, FO ne confirme pas le calcul de la CFDT qui la place en première place, tous secteurs confondus. « Nos calculs, basés sur les chiffres qui nous sont remontés, ne donnent forcément pas la CFDT en tête, indique le dirigeant de FO. Les chiffres sont très serrés, et pas encore certains. »
Mais même la représentante de la CFDT refuse de tirer un constat net de ces résultats. « On n’est pas sur une élection de type référendaire, c’est une élection qui est faite sur une multitude de scrutins de proximité », dit Mylène Jacquot. Sa prudence est de mise : à l’hôpital, la CFDT a perdu sa deuxième place, au profit de FO.
Ce dernier limite d’ailleurs les dégâts, malgré la violente crise interne qui l’a secoué ces dernières semaines, avec le départ forcé de Pascal Pavageau, en ne reculant que de 0,5 point, et en conservant sa première position dans la fonction publique d’État (qui regroupe les personnels des ministères, d’institutions comme le Conseil d’État et la Caisse des dépôts, ou les fonctionnaires de La Poste et d’Orange).
Si la place de la CFDT comme premier syndicat de France est confirmée, ça sera bien triste : nous avons beaucoup à perdre avec les syndicats dits réformistes c'est-à-dire plus consensuels et moins vindicatifs… FO va aussi virer dans le courant réformiste, son secrétaire général, Veyrier, en place depuis la fin de Pavageau, pourrait laisser les commandes au réformiste Homez dans trois ans selon le Canard enchaîné du 07/11/2018…