Le président du Sénat. Gérard Larcher, scrute avec une grande vigilance un projet de Macron : la diminution du nombre de parlementaires de 30 % — qui aboutirait à 400 députés (au lieu de 577) et 240 sénateurs (au lieu de 348).
Pour les députés, Larcher n’a rien à dire. En revanche, pour les sénateurs, il pourrait accepter le chiffre de 240, souhaité par l’Elysée, à condition que les départements ruraux soient correctement représentés et qu’il y ait au moins un sénateur par département.
Voilà qui promet de belles discussions de maquignons.
Je ne marche pas aux côtés de Larcher, qui défend ses intérêts. En revanche, comme je l'ai déjà écrit, réduire le nombre de parlementaires est une erreur. Je recopie ma prose :
Faut-il vraiment réduire le nombre de nos député⋅e⋅s et sénateur⋅rice afin de faire des économies comme on l'entend souvent ? Dans la première Chambre des représentants des USA, il y avait 1 élu pour 600 électeurs / pour 46 000 citoyens […]. En 2008, il y avait 1 élu pour près de 700 000 électeur⋅rice⋅s. Au temps de la première Chambre des représentants, l'élu avait une vision d'à quoi ressemble vaguement ses électeurs, de ce qui les intéresse, de leurs idées politiques, etc. Cela forme un même tissu social cohérent. L'électorat loge laaaaaaaargement dans les tribunes d'un stade de foot d'une petite ville. Ce n'est plus le cas. Donc, forcément que l'élu⋅e moderne n'est plus humainement en capacité de savoir à quoi ressemble son électorat et s'accroche donc aux généreux donateurs qui sont en nombre beaucoup plus réduit.
- Pour comparer, en France, en 2017, il y a un⋅e élu⋅e à l'Assemblée pour 79 000 électeur⋅rice⋅s / pour 117 000 citoyen⋅ne⋅s (et j'ai compté toute la population française, même les personnes qui ne sont pas en âge de voter ou qui n'ont pas le droit de vote). Il faut donc 2 stades de foot d'une grande ville (ou le stade de France) pour loger les électeur⋅rice⋅s d'un⋅e seul⋅e élu⋅e. C'est déjà énorme si l'on cherche à obtenir un lien de proximité entre élu⋅e⋅s et citoyen⋅ne⋅s. Faut-il encore plus réduire les effectifs au risque d'obtenir [ une représentation encore plus affaiblie ?! ]
Dans le Canard enchaîné du 24 janvier 2018.