Résumé de la réforme Blanquer 2019. Obligation d'instruire dès 3 ans qui était déjà quasi une réalité (97,7 % des enfants de 3 ans étaient scolarisés avant la réforme). 26 000 enfants supplémentaires devront, principalement, être accueillis… dans des écoles surchargées. Génie ! L'obligation de l'État d'accueillir des élèves de 3 ans devient celle des parents de les instruire ou de leur trouver une école. Forcément, les familles se tourneront vers les écoles privées… que les villes devront subventionner toujours plus en s'endettant toujours plus. La réforme du Bac change rien, mais le jeune déscolarisé est désormais obligé de se trouver une activité agréée jusqu'à ses 18 ans, les missions locales d'insertion y veilleront. Bref, rien de concret, à part un renforcement du désengagement de l'État.
Instruction obligatoire dès 3 ans, obligation de formation de 16 ans à 18 ans : avec ces deux mesures, Blanquer et Macron nous la jouent Jules Ferry à l'envers.
Abaisser l’âge de l’instruction obligatoire de 6 ans à 3 ans : c'est la mesure phare de la loi Blanquer sur « l’école de la confiance ». L’objectif n’est pas démesuré : pour les moyennes et grandes sections de maternelle (4 et 5 ans), le taux de scolarisation est de 100 % depuis longtemps et il est très proche (97,5 %) pour les petites sections (3 ans) : « 26 000 enfants qui n’allaient jamais à l‘école maternelle vont y aller ». Une vraie fake news pour deux raisons.
D’abord, instruction obligatoire ne signifie pas scolarisation obligatoire. L’instruction peut être donnée par les familles, en dehors de tout cadre scolaire ; elle fait alors l’objet d’un contrôle. Surtout, le code de l’éducation prévoyait déjà l’obligation pour l’État d’accueillir les enfants dès l’âge de 3 ans dans une école maternelle (article L113-1), une obligation non respectée. Qu’à cela ne tienne, il suffit de changer la règle. Car avec la loi Blanquer/Macron, le sens de cette responsabilité est tout bonnement inversé et celle-ci incombe désormais aux familles. En clair, les familles qui ne feront pas la preuve qu‘elles délivrent une instruction à leurs bambins dès 3 ans pourront être sanctionnées. Exit l’obligation de scoiarisation pour l’Etat, vive l'obligation d’instruction pour les familles !
Faute de moyens supplémentaires, la loi autorise désormais la scolarisation des enfants de maternelle avec ceux de l’école élémentaire. En avant pour une surcharge accrue cles écoles primaires, du moins pour ceux qui n‘ont pas les moyens d'aller dans les maternelles privées, aux frais des contribuables désormais. Car avec cette mesure. plus d’une centaine de millions d’euros de subventions publiques vont tomber dans l’escarcelie des maternelles privées que les mairies seront désormais obligées de financer.
Normal ? La loi contraint les communes à financer, à égalité, les écoles publiques et privées (forfait à la tête). Si l'on baisse l'âge de l'instruction, alors plus d'enfants seront scolarisés, potentiellement dans le privé, surtout si le public ne peut pas absorber la charge, donc oui, l'argent ira au privé. De ce que je lis par ailleurs, la compensation de l'État sera insuffisante, donc les communes vont s'endetter.
Quant à la massacrante « réforme » du lycée, elle ne va certainement pas ramener plus de jeunes au lycée. Elie risque au contraire de rejeter aux marges du système scolaire encore plus de lycéens à qui l’on aura fait miroiter la « liberté de choix » et qui devront faire avec une offre de « spécialités » le plus souvent lndigente, sauf dans les centres«villes des grandes agglomérations. Beaucoup de désillusions et de défections en perspective.
Pour plus d'infos, lire Blanquer mitonne un bac à l‘ancienne.
Pas de problème : une loi fera l’affaire pour ces décrocheurs. Passé l’âge de l’instruction obligatoire, la loi Blanquer inscrit l'obligation de formation de 16 ans à 18 ans. Les jeunes déscolarisés devront ainsi se débrouiller pour trouver un stage ou un contrat d’apprentissage, faire un service civique, occuper un emploi ou être dans un « dispositif d’accompagnement ». Les missions locales d’insertion veilleront au respect de l'obligation, tout comme Pôle emploi. L’avenir de ces jeunes est bien tracé…
Dans le Siné Mensuel de septembre 2019.