Mes notes (enrichies par mon survol du rapport 2018 de la Cour des comptes sur le Linky) :
Objectifs annoncés : facturation plus juste (plus besoin de profils-type, ni d'attendre un an avant un relevé et une régularisation) et maîtrise du réseau : la consommation va augmenter (voitures électriques, toujours plus d'objets électriques dans nos domiciles, etc.), le réseau ne pourra pas suivre si l'on ne planifie pas des évolutions voire si l'on n'est pas capable de réguler la demande en quasi temps réel (sisi, c'est dans le rapport de la Cour des comptes : « Les gains résultent essentiellement de la réduction des pertes non techniques, obtenue par la limitation de la puissance disponible dans la période d’absence d’occupation des logements […] […] […] L’effacement permet pour une zone géographique la mise hors tension à distance d’équipements électriques, avec l’accord des usagers concernés, afin de limiter la consommation lorsque celle-ci est trop élevée. La mise en place de mécanismes d’effacement permet d’éviter de construire des capacités de production qui ne seraient utilisées que quelques heures par an, aux périodes de pointe. ») ;
Objectifs que l'on peut déduire de la démarche d'Enedis : la supervision en quasi temps réel permettra de réduire les coûts en personnel pour les opérations courantes (relevés manuels annuels, changement de puissance, etc.), de réduire le risque d'impayés (dû à la régularisation annuelle), de réduire les fuites dans le réseau (branchage sauvage et/ou lignes dégradées) et d'acheter et de vendre en flux tendu (donc au meilleur prix) l'énergie manquante (ou au contraire le trop produit) ;
La communication entre un Linky et l’un des 2200 postes de distribution se fait en utilisant la techno CPL, donc sans opérateur télécoms. En revanche, chaque compteur Linky peut être un relai dans la communication ;
La plupart des arguments mis en avant dans ce docu sont du pipeau :
Le Linky disjoncte dès que la puissance souscrite est atteinte alors que les anciens compteurs permettaient une tolérance ? Ben oui, on n'avait pas une technologie permettant une granularité aussi fine dans les années 70/80 ! Contrairement à ce que dit le documentaire, la famille citée ne paiera pas plus pour la même consommation, mais elle paiera sa surconsommation habituelle par rapport à son abonnement sous-dimensionné ! ;
Le Linky émet des ondes et un léger champ électrique. Oui, comme ton téléphone portable, comme ton four à micro-ondes, comme tes plaques de cuisson à induction, comme les trouzemilles réseaux Wi-Fi qui t’entourent en permanence, etc. !
Le déploiement des Linky est imposé ? Oui, par la loi (et non par Enedis), qui ne précise aucune sanction pour le⋅a consommateur⋅rice quand il⋅elle refuse le compteur (sur sa propriété privée, seul motif de refus valable), mais qui prévoit des pénalités pour Enedis pour tout compteur non déployé après 2024 (date espérée de la fin de la pose du Linky dans tous les domiciles). En revanche, la brutalité des sous-traitants d'Enedis (harcèlement, agressivité, menaces, etc.) est injustifiable !
Le risque pour la vie privée m’apparaît être sérieux. Linky relèvera la consommation une fois par heure à partir du 1er juillet 2018 et permet de descendre à une granularité d'une fois toutes les dix minutes. Partant de là, on peut imaginer de la publicité ciblée (forte conso en hiver -> pub pour tout ce qui permettra d'améliorer l'isolation), de l'identification des comportements (la lumière allumée régulièrement la nuit, c'est de l'insomnie (ta mutuelle et ton assurance sont au courant ?) ou la préparation d'un acte politique, tout comme la détention de livres a faillit l'être dans l'affaire dite du groupe de Tarnac ? Une conso très faible durant tes heures de présence à domicile obligatoires durant un arrêt maladie, c’est normal ? La CPAM est au courant ?), etc. Enedis a même une équipe qui bosse sur de nouveaux services : la fabrique numérique d'Enedis. À l'ère du numérique, ces données de consommation valent de l'or, donc elles seront revendues. L'éthique n'entrera pas dans l'équation des décideur⋅euse⋅s ;
Le rapport 2018 de la Cour des comptes sur le Linky est trèèèès instructif. Tout comme Envoyé spécial, je retiens cette phrase de conclusion : « Néanmoins, l’analyse bénéfices-coût au niveau de la distribution ne peut à elle seule justifier économiquement le projet et, en l’état actuel des travaux, le système n’apportera pas les bénéfices annoncés en ce qui concerne la maîtrise de la demande d’énergie. »
Une question éthique se pose : s'il faut contrôler la consommation, qui seront les consommateur⋅rice⋅s visés par le mécanisme d'effacement (arrêt à distance d'équipements électriques gourmands afin d'éviter une pointe de consommation que le réseau ne pourrait pas encaisser), mécanisme qui cessera un jour d'être du volontariat ? Est-ce que les riches seront autant visés que les pauvres, même si l'on peut considérer que ces derniers ont une probabilité plus élevée de posséder des équipements vieillots qui consomment à mort ? Est-ce qu'il y aura un abonnement premium garantissant une absence d'effacement moyennant finances ?