De nombreuses personnes me contactent en disant « J’aimerais bien faire quelque chose, au-delà des élections, mais je n’ai aucune expérience/je n’y connais pas grand-chose, je ne sais pas par où commencer, qui contacter, quoi faire ? »
[…]
Beaucoup de réponses sont en vous – oui, cette phrase sonne comme un guide de développement personnel, tant pis. Il n’y a pas une réponse applicable à tout le monde, ou tout du moins, ce n’est pas moi qui vous donnerai une réponse de type : « Va là-bas, viens ici ».
Beaucoup de réponses peuvent aussi être autour de vous : vos ami.e.s peuvent avoir des renseignements, mais vous n’en avez jamais parlé ensemble auparavant ; les murs de certaines villes affichent des informations, des appels ; des journaux, radios, médias indépendants et alternatifs existent dans de nombreuses communes. Jetez un coup d’œil. Faites aussi une recherche Internet (« média/radio/collectif alternatif/indépendant + nom de votre commune/département »). Enfin, il existe de nombreux bars et locaux associatifs où l’on peut trouver une multitude de renseignements et où les collectifs locaux affichent, donnent des conférences, des formations, des points de rendez-vous. Ces lieux pourront vous donner des infos utiles.
Je complète : d'une manière générale, il faut s'informer. Lire la presse généraliste, la presse spécialisée dans tes domaines de compétences, des blogs, l'information partagée par tes ami-e-s (les réseaux sociaux servent à cela, en vrai). Sans savoir, il est impossible d'agir. Avant d'agir, il faut développer sa curiosité.
Si quelque chose t'indigne, te scandalise, dans tes lectures, c'est le signe qu'il te faut agir.
Avant toute chose, il me paraît important de rappeler que les luttes sociales se font ensemble, dans la rue, ce qui peut être au sens propre (manifestations) ou au sens figuré (aller aider les gens/militer via des organisations, donc hors de chez soi, mais pas nécessairement dans la rue).
Yep, la pétition en ligne, le commentaire rageux, c'est choupi mais c'est en complément d'autres actions qui sont plus porteuses.
Première question à se poser : pouvez/voulez-vous aller en manif ?
Considérant les violences et la répression exercées par les autorités lors des manifestations sur l’année écoulée notamment, il n’est pas illégitime d’avoir peur d’aller manifester. Par ailleurs, des contingences peuvent vous empêcher de vous rendre en manif (situation de handicap, enfant en bas âge, isolement géographique, précarité…). La présence aux manifs n’est pas un impératif, ni une médaille de combattant.e.
[…]
Le site Médias libres https://mediaslibres.org/ globalise les informations des principaux sites d’informations de grandes villes et de grands courants, tels que Paris Luttes https://paris-luttes.info/, Rebellyon https://rebellyon.info/, Indymedia Nantes https://nantes.indymedia.org/ (à noter qu’Indymedia est présent dans plusieurs grandes villes, Grenoble, Lille… et vise à offrir un média indépendant), Mars Infos http://mars-infos.org/… Sur le côté droit du site de Médias libres, une liste de nombreux sites d’informations. Le site Démosphère propose un agenda alternatif en ligne (carte des villes disponibles) https://demosphere.eu/fr.
[…]
Si vous n’êtes jamais allé.e en manif ou si vous ne connaissez personne dans cette manif, et que vous êtes soucieux.se, n’hésitez pas à vous joindre à un cortège (l’une des tranches de hamburger) de votre choix, tous vous accepteront sans broncher, même si vous n’êtes pas syndiqué.e, pas adhérent.e d’une organisation ou association, pas membre d’un collectif – évitez en revanche de chanter des trucs en radicale opposition avec ce que chantent les autres autour de vous ; exemple : au milieu d’anarchistes, on ne crie jamais « Vive Staline » (de façon générale, ne criez jamais « Vive Staline »).
[…]
Sauf raison particulière ou impérieuse bien entendu, essayez de marcher sur la route plutôt que sur le trottoir. Si on se moque des différences du nombre de manifestants entre les syndicats et la police, c’est parce que les syndicats comptent tout le monde et la police compte les personnes qui sont sur la voie publique (le trottoir, l’abri-bus et les branches du platane ne sont pas la voie publique).
L’équipement pour aller en manif est une question qui revient souvent. Un foulard porté au départ autour du cou (même en été) permettra pour celleux qui ne prennent aucun autre équipement d’amoindrir légèrement l’effet des lacrymogènes. Sinon, du sérum phy (qui s’achète en pharmacie), ou bien du Maalox (pharmacie également) dilué avec de l’eau dans une bouteille sont les plus efficaces pour soulager les brûlures de lacrymo aux yeux (ne pas se frotter les yeux/la bouche, considérez que vos mains sont inutilisables car remplies de gaz ; tenir la tête en arrière et penchée sur le côté, vider le sérum/Maalox dans l’oeil de l’intérieur vers l’extérieur pour le rincer). Jamais de maquillage (gaz lacrymo ou au poivre passent dessous, des heures de souffrance en plus). Évitez les bijoux (bagues qui s’accrochent, les doigts viennent avec ; colliers résistants, ça étrangle ; bracelet dur, gros hématome ; bracelet en plastique, ça fond sur la peau…). Évitez les shorts/jupes ou les pantalons en toile fine qui risquent de se déchirer facilement et de laisser votre peau exposée au bitume en cas de chute ; privilégiez un bon vieux jean et ne venez pas en tongs. Des baskets, des bottes, n’importe quoi, mais pas de sandales ou de chaussures ouvertes.
J'ajoute : éviter les lentilles oculaires. Du lacrymo entre elles et l'œil = souffrances supplémentaires.
En manif, on reste solidaire de ses camarades, y compris si on ne les connaît pas. On ne reste pas tout.e seul.e et on ne laisse personne tout.e seul.e. […] Si vous êtes témoin de violences policières et que vous ne pouvez rien faire, si vous en avez la possibilité et le temps, tweetez avec le hashtag de la manif du jour (exemple : #manif8mai #frontsocial) en donnant votre position (rue, indication « devant tel café »), dites ce qui se passe (« les flics tapent deux gars devant moi, venez vite »), filmez, sauvez vos vidéos (et vos miches). Avant de mettre la vidéo en ligne, assurez-vous qu’elle n’expose pas des camarades qui n’ont rien demandé. L’application Obscuracam https://guardianproject.info/apps/obscuracam/ permet de flouter vos photos et vidéos et d'effacer les données EXIF qui donnent en temps normal la géolocalisation/horaire de la photo et la marque et le modèle de votre portable. Ne tentez pas d’action héroïque de type se jeter tout.e seul.e sur 20 flics, ça finit au poste dans le meilleur des cas.
Une autre question revient : est-ce que ça sert vraiment à quelque chose d’aller en manif ? Oui, ça sert à quelque chose d’aller en manif, c’est dans la rue et par la rue que le pouvoir a toujours plié, ça ne veut pas dire que c’est simple, c’est même usant, et l’acharnement qu’ils mettent à nous matraquer pour nous décourager d’y aller montre bien qu’ils savent que c’est par là qu’on gagne (entre autres, j’y reviens) et qu’ils nous préféreraient derrière des écrans à rager sur des statuts Facebook indignés inoffensifs.
Oui, on a des luttes en travers de la gorge, à commencer par celle contre la Loi Travail de l’année dernière, mais non elle n’a pas servi à rien, elle a au moins servi à éveiller certaines consciences, et à faire bouger les lignes, grossissez les rangs pour les faire éclater, ces lignes.
La présence aux manifs n’est pas un impératif, mais il est impératif de permettre à un maximum de personnes de venir manifester. Pour cela, seule notre solidarité, notre respect des formes de lutte de chacun.e, notre capacité aussi à animer une manifestation plutôt que de marcher tristement telle une procession funèbre, notre volonté à croire en nos aspirations et révoltes sont essentiels. C’est ensemble, par nos luttes que nous gagnerons.
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L’organisation politique
Ce qui implique, avant toute chose, de savoir si vous avez déjà des convictions politiques forgées, plus ou moins, si vous vous sentez proche de tel ou tel courant d’idéologie.
Un point tout de même sur le terme d’organisation politique. Tout groupement, mouvement, fédération, qui réfléchit à l’organisation de la société est une organisation politique au sens large, noble du terme. Il n’y a pas que des partis politiques (ainsi, un groupement anarchiste est une organisation politique).
Si vous avez déjà une idée, contactez l’antenne locale de l’organisation politique en question pour, dans un premier temps, participer à une réunion d’information, ce que quasiment tous les groupements proposent. […]
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L'association
Les associations qui militent quotidiennement pour faire évoluer les choses sont légion en France et elles manquent cruellement de bénévoles (et d’argent).
[…] c’est à vous de savoir pour quoi / contre quoi vous souhaitez lutter. Aider les migrant.e.s, l’écologie, l’antiracisme, le féminisme, les enfants, les SDF, lutter contre l’illettrisme, les violences policières, la pauvreté rurale…
Avec ce qui vous tient à cœur, vous pouvez consulter le site Internet de votre commune ou vous rendre en mairie pour connaître la liste de toutes les associations. Vous pouvez également faire une recherche Internet ciblée, exemple « aide aux migrants Carcassonne ». […]
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Les associations sont toutes tenues par des êtres humains, qui sont comme vous et moi, faillibles. Certains sont d’extraordinaires militant.e.s et leur association soulève toutes les montagnes des environs ; d’autres l’ont été et ne le sont plus, voire ne l’ont jamais été, et leur association n’est qu’une belle façade où il ne se passe rien. Par ailleurs, certaines associations ont des contraintes ou choisissent des objectifs de partenariat qui ne sont pas nécessairement annoncés sur la devanture (c’est notamment le cas pour les associations d’aide aux migrant.e.s, où beaucoup concluent des partenariats avec l’État, sont subventionnées et sont mains liées pour en critiquer l’action ensuite, voire collaborent franchement aux exactions commises).
Idem quant à la façon d’approcher une association : la contacter (mail/téléphone) ou encore mieux en se rendant sur place si vous le pouvez. Il y a de fortes chances pour qu’on ne réponde pas à votre mail/message du premier coup. La raison est simple : les bénévoles de l’association sont totalement débordé.e.s et se sont dit « je le ferai après » et ont oublié (raison pour laquelle il vaut mieux y aller). Insistez. Plutôt que de demander mille renseignements par mail, demandez s’il est possible de passer un jour, proposez directement vos disponibilités. Vous pourrez ainsi voir comment la structure fonctionne, faire connaissance avec les bénévoles et voir si cela vous intéresse de vous y investir. Au pire vous aurez perdu quelques heures et vous essaierez dans une autre ; au mieux ce sera le coup de foudre immédiat. Mais, par pitié, n’abandonnez pas parce que vous n’avez pas eu de réponse immédiate, car votre aide est non seulement bienvenue, mais elle est nécessaire.
[…]
Le collectif
À la différence d’une organisation politique (parti, fédération, groupement…) ou d’une association, un collectif n’a, a priori, aucune structure ou statut juridique (il n’est pas déclaré, le truand). Cela ne l’empêche pas d’avoir une structure organisationnelle, ce n’est pas parce qu’aucun statut n’a été déposé en préfecture qu’un collectif est un champ labouré sur le plan de son fonctionnement ; ses membres peuvent parfaitement avoir décidé d’un nom, de règles de fonctionnement, d’acceptation de nouveaux membres, d’exclusion, de réunions, d’actions, etc.
Le collectif peut remplir les mêmes fonctions que les deux précédents : être politique et/ou apporter de l’aide à des populations localement.
Quelle différence, hormis cette non-déclaration dans ce cas ? Eh bien ma foi, généralement c’est gratuit. Pas de cotisation, pas d’adhésion. Et vous savez ce qu’on dit : quand c’est gratuit, c’est vous le produit.
J'ajoute qu'un collectif peut regrouper facilement des personnes de milieux divers qui sont membres de diverses assos ou structures. Le côté informel permet ce regroupement, ce mélange des compétences et des expériences, etc. sans prise de tête et sans formalités. C'est par exemple le cas des Exégètes Amateurs, collectif d'individu⋅e⋅s qui s'appuie sur La Quadrature du Net, la Fédération FDN et FDN pour mener leurs actions juridiques contre les lois qui favorisent la surveillance généralisée des citoyen⋅ne⋅s.
j’ai peur de pas servir à grand-chose ; je sais pas à quoi je pourrais servir.
La réponse est sans appel : TOUT LE MONDE EST SUPER UTILE, MERCI D’ÊTRE LÀ !
Il y a toujours quelque chose à faire, quelles que soient vos disponibilités, vos possibilités. Chacun.e selon ses moyens.
Quelques exemples en vrac, selon les contextes, et loin d’être exhaustifs pour que ce soit plus parlant peut-être : organiser des réunions, les animer, les modérer ; faire des comptes rendus, prendre les notes, les écrire, les mettre en ligne, les envoyer ; faire des banderoles, trouver les supports, chercher des cartons, des draps, du tissu, découper des pochoirs, acheter la peinture ; gérer la communication, les listes de mails, répondre aux questions, où est la prochaine manif, c’est à quelle heure, où est le local, comment se rendre sur place, y a un covoiturage, mettre un article en ligne, faire une newsletter, écrire un article de blog, corriger les fautes d’autres rédacteur.trice.s ; écrire les tracts, les affiches, concevoir le texte à plusieurs, l’imprimer, massicoter les tracts, les distribuer, coller les affiches ; développer une commission inexistante ou peu existante sur un point de vue qui nous est cher : écologie, féministe, santé, personnes incarcérées… ; organiser des conférences/débats, trouver une salle, gérer les inscriptions, la bouffe, les intervenants, trouver quelque argent pour financer tout ça ; lancer un rassemblement pour répondre à une problématique urgente, mobiliser, lancer des appels sur les réseaux sociaux, alerter les contacts, solliciter les camarades de luttes, les partenaires associatifs ; remplir la paperasse administrative, faire les comptes, le budget, les demandes de subvention, les déclarations de manif ; tenir une permanence, organiser un groupe de parole ; gérer le collectif, faire à manger, prévoir des couchages ; le service d’ordre, l’organiser, l’équiper, le former ; les actions, les organiser, les mener ; prendre des photos, les retoucher, des tirer, mettre en forme ; coudre des fringues, en raccommoder…
C’est aussi apporter son expertise professionnelle ou son savoir-faire : expérience médicale en manif (médic), auprès des réfugié.e.s dans la rue ou en CAO (Centre d’Accueil ou d’Orientation) ; juridique partout, tout le temps, on a toujours besoin de conseils juridiques ; éducative (auprès des enfants réfugié.e.s encore, et selon la matière pour apporter une éducation populaire au groupe) ; graphique, pour donner plus de force aux textes ; manuelle, la liste est infinie : menuiserie, ferronnerie, soudage, peinture, jardinage…, que de talents précieux ; informatique, idem, c’est indispensable et un gain de temps incroyable sans parler de la sécurité que le groupe y gagne ; sportive…
[…]
Se syndiquer ?
Un syndicat est une organisation de défense de l’intérêt des personnes d’une même branche professionnelle : salarié.e.s sous différents statuts, il existe des syndicats d’intermittent.e.s, mais aussi fonctionnaires, précaires…
Être syndiqué.e est important. Cela signifie que votre syndicat vous soutient face à votre employeur/hiérarchie en cas de litige, vous informe sur vos droits, vous assiste, vous aide à remplir vos dossiers administratifs le cas échéant (CAF, impôts, etc.), peut vous assister juridiquement aux prud’hommes. Par ailleurs, le syndicat propose des formations, apporte une quantité phénoménale d’informations sur les droits des travailleur.se.s, s’oppose au patronat et souvent informe en interne et en externe sur ce que peut bien trafiquer ce dernier.
[…] L’apport des syndicats n’est pas négligeable non plus pendant les mouvements sociaux de forte importance et qui durent, car ils disposent de caisses de grève qui leur permettent de reverser à leurs adhérent.e.s une petite compensation pour les journées de salaire perdues.
Le travail des syndicats se fait au quotidien, dans les entreprises et l’administration et n’est pas forcément visible du grand public qui a tendance à n’en entendre parler qu’au travers des manifestations plutôt que via le phénoménal boulot journalier d’assistance qu’ils apportent aux travailleur.se.s.
[…] Question souvent posée : quel syndicat choisir ? Impossible de répondre. Il y a, des syndicats plus, comment dire, révolutionnaires que d’autres (Solidaires (qui rassemblent tous les SUD (Sud Rail, Sud Éduc, Sud Santé…)), la CNT (syndicat autogestionnaire)), des syndicats plus gauchistes (CGT, FO…) et d’autres… qui appellent à voter Macron comme la CFDT.
[…]
Comme les assos et tout le reste, les sections syndicales sont aussi animées par des gens, qui ici sont super et là sont de vrais abrutis, donc Machin de tel syndicat pourtant super va être nul ici, Machine de tel syndicat nul va être super là-bas, inversement, tout dépend, voilà vous êtes bien avancé.e maintenant. Mais : si cela vous semble important, syndiquez-vous.
Pourquoi on déteste les syndicats ? Certainement parce qu’on connaît mal leur action au quotidien, je l’ai dit ; ensuite parce que souvent les grands syndicats négocient avec le gouvernement alors que leur base (les grévistes) souhaitaient continuer le mouvement. La différence est à faire entre les directions syndicales et le taf de terrain, colossal. Enfin parce que lorsqu’on perd une lutte sociale (les retraites en 2010, la loi travail…), l’opinion publique tend à cristalliser sa colère sur les syndicats, dont on considère qu’ils ont « mal mené la lutte » et ont échoué. Si des critiques sont à leur faire, il me semble essentiel de garder le patronat et l’autorité en ligne de mire.
J'ajoute que les avancées sociales à l'époque où la classe ouvrière était majoritaire ont été obtenues, en partie, par la force de frappe que représentaient les syndicats de l'époque et que cette force venait du nombre d'adhérent⋅e⋅s. Visiblement, quand les salarié⋅e⋅s ont choisi de se faire moins représenter et respecter, c'est partie en sucette, les syndicats n'ayant plus de réel poids n'ont eu qu'à s'écraser. SURPRISE ?!
Chacun⋅e est capable de citer les dérapages commis par les dirigeant⋅e⋅s des unions syndicales. Genre la rénovation exorbitante du bureau de Thierry Lapeon, l'ex-secrétaire général de la CGT. Genre les nominations de chef⋅fe⋅s syndicaux par le gouvernement pour acheter la paix sociale. Et ces abus devraient justifier de ne pas se syndiquer. Ha… Et les abus de la grande distribution devraient justifier qu'on ne la fréquente plus, non ? Les abus du patronat devraient justifier qu'il ne devrait plus y avoir un⋅e seul⋅e salarié⋅e en France. Et pourtant. Bref, raisonnement illogique. Comme partout ailleurs, il faut des contrepouvoirs, garder un œil sur ce qui se passe, râler quand ça ne convient pas et changer de crémerie quand une quelconque avancée n'est possible. Les syndicats n'échappent pas à cela : il ne s'agit pas de déléguer ta contestation à un syndicat mais de faire partie d'un mouvement de contestation.
Les assemblées générales
C’est un rassemblement de personnes mobilisées, quels que soient leur statut et leur appartenance aux catégories précédemment citées. Lors d’une grève reconductible, il est commun de faire une AG des grévistes chaque jour, pour décider de la reconduire ou non déjà, pour parler des autres luttes, de l’actualité, des réactions du gouvernement, etc.
Les collectifs organisent des AG à leur rythme et accélèrent le rythme avec les moments de luttes sociales (idem pour les organisations). En période de luttes sociales, des AG sont souvent organisées à la fin des manifs (pas dans les grandes villes, trop de monde + manifs qui sont désormais dispersées par les violences policières), c’est l’occasion d’organiser les prochains rendez-vous, de donner des dates importantes, d’échanger des contacts, de poser des questions, de décider des actions à venir. C’est aussi la possibilité de donner son mail/son numéro de téléphone, pour pouvoir être informé.e des actions et mobilisations locales directement.
Enfin, les AG permettent de mettre en place des dispositifs efficaces, de convenir des covoiturages pour aller à un piquet de grève, à une manif, à un rassemblement, de voir qui est disponible tel jour pour telle tâche, de constituer des équipes réduites pour gérer ceci ou cela. Cette division des tâches est cruciale, ce travail collectif est essentiel, il ne permet pas seulement une cohésion entre les personnes en lutte, il permet aussi de réduire les coûts : coût en énergie, en manque de sommeil, en argent, en pollution. […]
[…]
La solitude et la culpabilité
Vos potes partagent grosso modo vos idées, mais n’ont pas encore la flamme de la révolte dans leur cœur bouillonnant ; vous vous sentez déjà bien seul.e avec votre révolte et craignez de vous sentir encore plus seul.e si vous vous impliquez avec tous ces gens inconnus. Au contraire ! Dites-vous que tous ces gens inconnus sont aussi arrivés un jour en ne connaissant personne (car ce n’est pas une dynastie familiale) et l’entente que vous voyez là, vous allez pouvoir la partager aussi dans quelque temps tandis que vos autres potes seront toujours sur leur canapé tout seuls, bien fait pour eux.
Vous suivez sur les réseaux sociaux ou vous connaissez dans la vie des personnes militantes très engagées et vous culpabilisez de votre propre inaction, malgré vos idées et votre conviction qu’il faut faire quelque chose. Vous ne pouvez vous empêcher de comparer et de vous dire que vous ne saurez pas faire, etc. Comparaison n’est pas raison (disait ma grande-tante), tou.te.s les militant.e.s ont commencé un jour sans la moindre expérience.
N’hésitez pas à les contacter, à leur poser des questions ! Vous pensez les déranger ? Ils et elles seront ravi.e.s de vous renseigner ! (dans la mesure de leurs moyens et dans la limite des stocks disponibles) Qu’est-ce qui pourrait leur faire davantage plaisir que de voir d’autres personnes s’engager ? Rien (hormis pour ma part de caresser un marcassin mais c’est un autre délire).
Il n’y a pas grand-chose de plus stimulant que de partager des convictions qu’on met en action ensemble ensuite, plutôt que de les garder en soi et de les laisser nous faire vieillir prématurément de rage à force de se sentir impuissant.e derrière un écran, un journal, une radio.
Vous voulez faire quelque chose ? Faites-le, vous êtes bienvenu.e, on vous attend, on a besoin de vous ; bienvenue dans la famille, vous serez fantastiques.
J'ajoute qu'il y a encore plein d'autres manières de faire avancer les choses genre :