J'ai mis à jour mon shaarli « Quand un citoyen veut en savoir plus sur sa presse » qui vise à en savoir plus sur ce qui se cache derrière les journaux que je lis (actionnariat, aides financières, flicage numérique, indépendance fonctionnelle, etc.). Ce shaarli expose les changements que j'ai effectués.
Préambule
L'essentiel des remarques que j'ai vu passer portent sur le fait que je n'ai pas pris en compte tel ou tel journal (Le Monde diplomatique, Alternatives Économiques, Ebdo, etc.).
Oui, je me suis concentré sur la presse qui m'intéressait à date, celle à laquelle j'allais peut-être m'abonner (ou renouveler mon abonnement). C'est un choix conscient. Mon shaarli n'est pas un observatoire de la presse. Je ne peux pas assumer ce rôle-là tout seul car c'est hyper chronophage, principalement car la presse est un monde opaque (cf la conclusion de mon shaarli sur la presse).
Quelques remarques toutefois sur les journaux proposés :
- J'ai appris qu'Alternatives Économiques est édité par une SCOP. En regardant viteuf, j'émets quelques points de vigilance à creuser comme la SCP qui est actionnaire de la SCOP, mais, globalement, c'est cool ;
- J'appelle à la prudence lors de la recherche de l'actionnariat du Monde diplomatique, car les cartes ont pas mal été rabattues depuis le décès de Berger (en tout cas au Monde). En janvier, c'était la galère intégrale pour mettre la main sur l'actionnariat du Monde et surtout pour croiser les sources.
Aides financières
https://www.ecirtam.net/opennews/?uHuueg :
Petite remarque, tu as mis Fakir en rouge pour une aide financière publique en 2015 et en même temps, tu mets en orange Basta ! pour 87 k€ de subventions publiques en 2016.
Ça me semble pas logique.
Il serait aussi intéressant de faire une différence entre une aide ponctuelle et une aide régulière.
Fakir en rouge sur le critère des aides financières, c'est une erreur, en effet.
En revanche, Basta! aurait dû être en rouge à cause de la multiplicité des sources de revenus (Google, État) mais j'ai atténué en orange car je ressens une volonté d'être moins dépendant de sources de revenus externes : d'une part, Basta déclare que ces subventions servent en majorité à financer son observatoire des multinationales (et donc pas le journal qui m'intéresse), d'autre part, Basta! propose un financement à prix libre par les lecteur⋅rice⋅s, il ne tient qu'à nous de s'en saisir.
La régularité des aides est bien l'un de mes critères. L'ennui, c'est que je manquais de données publiques pour une partie des journaux (Fakir, Siné, Les Jours, Basta!, Politis) car le sinistère de la Culture n'avait pas encore rendu public une partie des aides à la presse 2016 et que Google n'avait pas rendu public les aides octroyées par son fonds en 2015 et 2016 (et ce n'est toujours pas le cas).
En gros, mon barème pour le critère "aides financières" est le suivant :
- vert : pas d'aides ou aide postale (car je considère que l'aide postale arrive à la fin de la chaîne de production de valeur d'un journal donc que ce n'est pas la même chose que des aides directes qui permettent à un journal de produire son contenu, l'une des premières étapes de la chaîne de production. Il faut déjà que le journal soit en état de marche, qu'il ait quelque chose à envoyer, pour en bénéficier car elle est versée à La Poste, pas au journal) ;
- orange : une même aide, publique ou privée, régulière ou récente (selon les données publiées - 2016 - donc disons que récent c'est => 2014, et encore, je suis généreux car certains journaux - Marianne par exemple - font tellement le yoyo qu'une période d'observation de deux ans, c'est vraiment court) ;
- rouge : plusieurs aides, publiques ou privées, régulières ou récentes (idem). Dans d'autres contextes, une diversification des sources de revenus est positive. Dans le monde de la presse, cela signifie (trop) souvent un journal exsangue très dépendant de toute source de revenus qui peut lui revenir donc un journal très vulnérable et fragile ;
- Atténuations : l'ancienneté d'une aide peut faire descendre un échelon. Un ressenti positif que le journal fait ce qu'il peut pour s'en sortir, essaye de proposer des modèles économiques différents peut faire descendre un échelon.
En ré-examinant tous les journaux traités, je me suis rendu compte que j'ai commis beaucoup d'erreurs à propos des aides financières… J'ai donc apporté les corrections suivantes :
- Canard : aide postale uniquement => passage d'orange à vert ;
- Fakir : aide directe publique régulière => passage de rouge à orange ;
- Sine : aide directe publique régulière => passage de rouge à orange ;
- Mediapart : une aide directe publique en 2009 => passage d'orange à vert ;
- Les Jours : plusieurs aides publiques régulières => rouge ;
- Politis : aide directe régulière => passage de rouge à orange ;
- La Revue Dessinée : aide directe publique 2016 => passage de vert à orange ;
Autres modifications :
- J'ai ajouté les aides à la presse publiques 2016 :
- 20 k€ pour Fakir (en hausse) ;
- 60 k€ pour Sine mensuel (en hausse) ;
- 1,5 M€ pour Marianne (en hausse) ;
- 1,7 M€ pour Le Monde (en hausse) ;
- 50 k€ pour Les Jours (première apparition) ;
- 109 k€ pour Politis (en baisse) ;
- 12 k€ pour La Revue Dessinée (première apparition) ;
- Afin de ne pas induire le⋅a lecteur⋅rice en erreur, j'ai ajouté, pour chaque journal qui en a bénéficié avant 2015, une mention explicitant que l'aide postale n'est plus publiée depuis 2015 ;
- Modification concernant Le Monde : dans les aides financières, j'ai ajouté : d'« une somme encore inconnue (mais des chiffres évoquent de 100 000 à 200 000 €/mois pendant 6 mois) provenant de Facebook pour produire des contenus diffusés sur le réseau social ». Cela ne modifie pas les voyants qui restent tous au rouge ;
Flicage
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Au quotidien, j'ai ressenti que Marianne et Mediapart incrustent beaucoup de contenus sans valeur ajoutée depuis d'autres sites web, ce qui flique totalement la lecture. J'ai décidé de vérifier mes impressions et ça donne ça :
- Marianne : polices google et myfonts.net, twitter, ligatus, mailmunch, r66, horizon-media, disqus, ownpage, adserver, aticdn, adwidecenter, etc. Soit plus de 12 traqueurs…
- Mediapart : Facebook (événements), Xiti, AppNexus, adbutter, adnxs, google (stats et favicons), exelator, vimeocdn, microsoft (targetemsecure.blob.core.windows.net), etc. Soit plus de 9 traqueurs…
- Le voyant "publicité" de Marianne et de Mediapart passent au rouge. Mediapart car il y a clairement de l'abus. Marianne car mes constatations sont en contradictions avec ce qui est écrit dans leur FAQ (« l'abonnement 100% numérique, qui vous permet d'accéder au journal sous forme de liseuse ainsi qu'aux articles de Marianne sur tous vos écrans, sur un site débarrassé de toute publicité ») ;
- Arrêt sur images : depuis la nouvelle version de mi-janvier 2018, il n'y a plus de traqueur Ownpage et Facebook. En revanche, on a une police récupérée depuis Google et des vidéos et un script Youtube (le script est récupéré automatiquement). Cela ne change pas la couleur des voyants ;
- Modifications concernant Reflets.info : un flux RSS complet est disponible, il n'y a plus de dépendances externes (police, stats WordPress, etc.) chargées automatiquement. J'ai donc attribué un point bonus supplémentaire pour le respect de la vie privée. Tous les voyants sont désormais vert sans réserve. GG \o/ ;
Actionnariat
- Modification concernant Marianne : l'actionnaire majoritaire devrait bientôt passer de Yves de Chaisemartin (ancien de la direction de la Socpresse, 4e groupe de presse français, détenteur alors du Figaro) à Czech Media Invest pour 91 % du capital. Czech Media Invest est le premier groupe médiatique et d'édition en République tchèque. Il appartient à Daniel Křetínský, homme d'affaires qui a fait fortune dans l'acheminement du gaz russe, la production électrique à partir de gaz et de charbon. Je ne change pas la couleur du voyant actionnariat tant que la transaction n'est pas actée, mais on se rapproche clairement d'un voyant rouge ;
- Modifications concernant Les Jours : nommer explicitement Augustin Naepels, le « directeur financier et technique chez Moxity (billeterie en ligne) » + prendre en compte l'évolution de la répartition du capital (je salue au passage la transparence de ce journal, même si la page pourrait être mise plus en avant) :
- Les 8 journalistes et le DAF cofondateur⋅rice⋅s détiennent désormais 73,96 % au lieu de 82 % ;
- La société des Amis des Jours, qui regroupent un peu plus de 100 lecteur⋅rice⋅s entre dans le capital pour 2,19 %. Renaud Le Van Kim (producteur-réalisateur : Le Grand journal, retransmissions d'évenements de Nicolas Sarkozy, etc.) entre au capital pour 3,22 %. Rodolphe Belmer (ex-dirlo de Canal+, dirlo d'Eutelsat) entre dans le capital pour 0,32 % ;
- Xavier Niel (Illiad / Free) passe de 3,2 % du capital à 5,13 %. :O Son comparse Pigasse (banque Lazard) passe de 0,91 % à 1,63 %. Leur comparse Pierre-Antoine Capton passe de 0,91 % à 1,46 % ;
- Anaxago (financement participatif) passe de 6,52 % à 5,87 %. Olivier Legrain passe de 2,23 % à 2,54 %, Jean-François Boyer passe de 1,37 % à 1,23 %, Marc-Olivier Fogiel passe de 1,14 à 1,03 %,