La bagarre dure depuis plus de trente ans parmi les énarques. Le Quai d’Orsay réussira-t-il à arracher à Bercy la pleine autorité sur les hauts fonctionnaires chargés de la sacro-sainte « diplomatie économique » ?
Dernière offensive en date : la tentative du Quai de profiter du programme de transformation du service public, Action publique 2022, pour capter, sous sa tutelle, l’ensemble des personnels rattachés à d’autres ministères travaillant dans les ambassades. Les quelque 700 agents du réseau des services économiques à l’étranger de la très influente Direction du Trésor sont les premiers visés, ainsi que le rapporte « Challenges » (21/2).
Si Bruno Le Maire compte bien conserver sous sa coupe ce réseau, il n’est pas pour autant satisfait de leur action. Venu adresser ses vœux audit réseau le 11 janvier, le ministre de l’Economie et des Fi- nances a saisi l’occasion pour… leur faire sèchement la leçon.
« Je ne vous cache pas, leur a-t-il d’emblée lancé, que j’ai parfois un peu le sentiment, quand je me déplace à l’étranger ou quand je vois les notes qui m’arrivent, qu’il n’y a pas suffisamment de clarté dans les missions qui vous sont fixées et que vous ne savez pas toujours exactement ce que vous devez faire. »
Avant de s’agacer franchement : « Si les seules informations dont je dispose sur l’économie d’un pays c’est le journal, à un moment donné, on va se demander à quoi servent les services économiques régionaux. »
Le Maire a conclu son intervention en rappelant aux hauts fonctionnaires qu’ils travaillaient pour le ministère de l’Economie : « Vous n’êtes pas au service de l’ambassadeur — si bien soit-il —, vous êtes au service de l’économie française. Ne l’oubliez jamais. Et, surtout, vous avez de la chance : vous avez un ministre de l’Economie et des Finances qui connaît le monde diplomatique mieux que personne. J’en viens. »
Compris, Le Drian ?
Dans le Canard enchaîné du 28 mars 2018.