Armé du courage du fanfaron, Macron avait raflé 5 euros aux bénéficiaires de l'allocation logement au cœur de l’été 2017. Une « connerie », aurait—il reconnu depuis. Mais le filou récidive en 2019, la tartufferie en plus.
Dans son principe, la formule de l’aide au logement est assez simple. On calcule d’abord une « dépense éligible » — qui dépend du coût du logement — puis on en déduit une « participation personnelle », variable selon le revenu, pour obtenir le montant de l’aide. Avec l’inflation, il faut ajuster les paramètres de calcul pour maintenir le pouvoir d’achat de l’aide. Si les paramètres clés qui déterminent le montant de la dépense éligible et celui de la participation personnelle ne suivent pas l’inflation, le pouvoir d’achat des aides diminue, tout comme celui des allocataires.
Les gouvernements ont souvent joué sur ces paramètres pour rogner les aides au logement mais sans oser jusqu’à présent faire baisser leur pouvoir d’achat davantage que l’inflation. Au pire, pour un ménage qui parvenait bon an mal an à maintenir le pouvoir d’achat de ses salaires, cela signifiait que le montant en euros de son allocation restait à peu près le même. Le pouvoir d’achat de l’aide était rogné par l’inflation mais de façon difficilement mesurable. La ponction variait selon l’inflation.
Pour un Macron pressé d’économiser ce « pognon de dingue », ce n’était pas assez. D’où sa décision de baisser uniformément ces aides de 5 euros par mois à l’été 2017. Une décision exécutée par ses sbires, mais de façon sans doute assez maladroite et trop visible. « Une connerie » aurait déclaré le chef. Depuis, les techno-salopards ont fourbi leurs armes.
Picsou et les technorapaces
Pour l’année 2019, ils reprennent d’abord les vieilles ficelles. La revalorisation des paramètres de calcul est nulle ou proche de zéro. Une décision qui a été unanimement dénoncée par les associations en octobre 2018. Comme l’inflation prévue est de 1,5 %, c’est une baisse à peu près équivalente du pouvoir d’achat des aides qui est programmée. Mais les technorapaces en rajoutent une couche en changeant le mode de calcul.
Jusqu’à présent, le revenu pris en compte pour le calcul de l’aide était le dernier revenu connu déclaré à l’administration fiscale, le revenu d’il y a deux ans (année N-2). Désormais, ce sera le revenu des douze derniers mois. Pas besoin d’avoir fait l’Ena pour comprendre que si le revenu a suivi l’inflation, il sera plus élevé avec le nouveau mode de calcul et que le montant de l’aide sera, par conséquent, plus faible. Picsou Macron rafle ainsi une partie des hausses de salaire qui ont simplement permis de maintenir le pouvoir d’achat des allocataires. C’est vrai pour ceux dont le pouvoir d’achat a augmenté, mais aussi pour ceux qui l’ont simplement maintenu. Contrairement à ce qu’affirment les mercenaires intellectuels de la macronnerie, cette seule mesure va faire baisser le montant de l’allocation, même pour les ménages à pouvoir d’achat constant et dont la situation financière ne s’est donc pas améliorée. Cette baisse supplémentaire peut être chiffrée, au minimum, à environ 5 € par mois.
Pour les allocataires dont la situation s’est dégradée depuis deux ans, la hausse de l’allocation sera un peu plus rapide qu’auparavant. Mais des mécanismes existaient déjà pour prendre en compte certaines de ces situations. Ce coup de pouce sera loin de compenser la ponction qui sera opérée sur tous les autres. C’est ce qui explique pourquoi le gouvernement table sur une économie d’environ 5 % du montant total des aides, soit environ 1 milliard d’euros.
Macron n’est pas seulement le président des riches, c’est aussi le Termmator des pauvres. Il est vrai que l’un ne va pas sans l’autre, mais c’est difficilement avouable. Alors le brigand prend des gants technocratiques, dans l’espoir de masquer sa turpitude. En bon Gaulois même pas réfractaire, cela s’appelle prendre les gens pour des cons.
« Ils ont les mains blanches », chantait en 1910 Montéhus : « Ça sent le tartuffe, l’avare, le gripp’sous / Voilà c’qu’on appelle des mains de filou ! / Ça sent le roublard, ça sent le malin / Voilà c’qu’on appelle un poil dans la main ! »
Et ça vient nous parler du sens de l’effort…
Dans le numéro de février 2019 de Siné mensuel.