Un documentaire de 2015-2016 sur les relations étroites entre d'anciens nazis et le BND, le service de renseignement allemand. Ce documentaire se place dans le contexte de l'ouverture des archives du BND à une commission d'enquête indépendante par une loi de 2011.
À la fin de la 2e guerre mondiale, Reinhard Gehlen, ancien chef du renseignement nazi, se livre aux américains avec l'intention de leur filer des renseignements sur les soviétiques. À son retour en Allemagne, il fonde « la mission Gehlen » qui deviendra le BND en 1956. Elle est missionnée par les Américains pour collecter et exploiter des informations sur l'union soviétique, justifiée par une trouille constante du communisme. Dans ce contexte, la mission Gelhen emploie et collabore avec des informateurs ex-hauts-dignitaires du régime nazi. En effet, la plupart ont bossé dans la lutte contre les communistes au sens large, d'où une expérience et un réseau social profitable. Noms : Barbie (boucher de Lyon), Krichbaum, Rauff (inventeur des camions de la mort), Felfe, Brunner (commandant du camp de Drancy).
Le BND facilitera la fuite de ses agents ex-nazis (Barbie en Bolivie, Brunner en Syrie, etc.). Souvent dans des dictatures où ils ont eu des vies confortables. Ainsi, Barbie travaillera pour le Ministère de l'intérieur bolivien en partenariat avec les services secrets boliviens, probablement pour des activités de torture, jusqu'à la chute du régime, en 1982, et son extradition judiciaire vers la France. Brunner participera à la création des services de renseignement syriens.
En échange des réseaux d'influence constitués par les ex-nazis extradés, le BND fera son possible pour masquer leurs anciennes activités et ne pas dévoiler leur nouvelle vie (le BND ne lâchera rien sur Barbie, recherché par la France, par exemple). De même, le BND fera capoter l'enquête visant ses employés permanents après la découverte, en 1961, de la trahison de Heinz Felfe, ex-lieutenant SS ayant collaboré avec le BND et les soviétiques… L'enquête avait pourtant mis en lumière que la moitié des agents permanents du BND étaient des anciens nazis… Mais, dans le contexte de la crise des missiles de Cuba, ça passe…
Quand la mission Gelhen devient le BND et est rattachée à la chancellerie, on pourrait s'attendre à ce que les agents prouvent leur dénazification, comme c'était le cas pour des autres fonctionnaires. Il n'en sera rien. Hans Globke, juriste qui a rédigé les commentaires et les explications des lois raciales de Nuremberg est nommé chef de cabinet à la chancellerie. Emil Augsburg, membre de la police secrète du Reich est nommé conseiller d'État. Le BND, rattaché à la chancellerie, est donc dispensé de toute dénazification. Cela s'explique par une volonté de constituer un gouvernement de conciliation avec des nazis, des cocos et des Allemands.