Après avoir obtenu le renoncement de Casino à implanter un supermarché à l'extérieur de leur village, un groupe de citoyens a constitué une liste électorale pour les municipales de 2014 afin d'aller plus loin. Un projet électoral est construit collectivement, avec les outils d'éducation populaires. Ce projet remporte les élections. Une semaine après la victoire, les citoyens peuvent participer à 8 commissions participatives, environ 250 habitants sur 1 200 y prennent part, soit 20 % de la population. Les élus sont référents des commissions.
Point positif : les citoyens sont montés en compétence. Prise de parole, atelier pour construire le nouveau Plan Local d'Urbanisme (qui doit tenir compte de pleeein de contraintes et d'obligations légales, qui nécessite des compétences en topographie, etc.) qui réuni 430 habitants et usagers du village (environ 1/3), prise de décisions sur les rythmes scolaires, l'éclairage public, la création d'un compost collectif, de logements à loyers modérés, etc.
Points négatifs :
- Les citoyens ont découvert que les municipalités ont peu de marge d'action au profit de l'État, des intercommunalités et de la loi ;
- Certains sujets n'ont pas été spontanément soumis à l'avis de la population, comme celui, pourtant critique, de la gestion de l'eau ;
- Les citoyens ont également constaté que mettre d'accord des gens avec des besoins différents, des envies différentes et surtout des intérêts divergents, c'est éreintant. Exemple : le PLU a épuisé tout le monde durant 2 ans et demi. « Il est plus facile de mettre d'accord sur la couleur des pots de fleurs que de s'attaquer à la propriété privée et à la réduction des zones constructibles » (la loi limite désormais la superficie du terrain d'une maison de lotissement à 500 m², d'autres voulaient être plus radicaux sur les zones naturelles protégées, etc.) ;
- Certains reprochent le cadre trop rigide, donc peu évolutif, posé avant les élections. Un collectif d'opposition en vue des municipales de 2020 s'est formé en janvier 2019 pour dénoncer que la volonté des habitants n'a pas été mise au centre du débat, que les outils mis en œuvre n'ont pas permis la libre expression de chacun (notamment des gamins qui n'ont pas été consultés avant l'installation d'un gradin sur leur talus bien-aimé alors qu'ils en sont les usagers, par exemple) et que les conditions d'un vrai débat n'ont jamais été réunies (12 habitants tirés au sort pour fignoler le PLU, est-ce représentatif ?).
Bref, il s'agit de critiques assez communes qui reviennent souvent dans la vie associative et dans les expériences de démocratie participative, selon moi…
Via le Siné Mensuel de septembre 2019.