L’un des problèmes qui explique pourquoi le sujet a du mal à susciter l’indignation est que les données surveillées dont il est question restent floues dans l’esprit de la plupart des internautes. Savoir que la police peut demander le « recueil en temps réel » des « informations ou documents » détenus par les opérateurs télécoms n’évoque pas grand chose. Savoir qu’il s’agit des « données de connexion » n’aide pas beaucoup plus, et c’est guère mieux lorsque l’on précise qu’il s’agit, en fait, de toutes les « métadonnées » qui concernent l’activité télécoms d’un individu. Que de jargon sans substance.
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« La technologie a changé. Plutôt que d’envoyer des gens pour vous surveiller, on utilise les appareils que vous avez payés, les services et les systèmes qui vous entourent chaque jour de façon invisible, pour vous observer en notre nom. Les métadonnées, c’est le fait qu’une communication a eu lieu. Savoir que vous m’avez appelé, quand vous m’avez appelé, d’où vous m’avez appelé… Ces informations sont les mêmes que celles produites par un enquêteur privé qui vous suit toute la journée. Ils ne peuvent pas s’asseoir assez près de vous dans tous les cafés, pour écouter tous les mots que vous prononcez. Mais ils peuvent être assez proches pour savoir à quelle heure vous avez quitté votre maison, quel est le numéro de la plaque d’immatriculation que vous conduisez, où vous êtes allé, avec qui vous vous êtes assis, combien de temps vous êtes resté, quand vous êtes parti, où vous êtes allé ensuite… Tout ça ce sont des métadonnées ».