La France n'a visiblement pas assez de pognon pour rémunérer décemment et en nombre suffisant des accompagnateurs d'élèves en situation de handicap… Ces personnels sont de plus en plus précarisés et mutualisés entre plusieurs élèves…
« La rentrée est catastrophique pour les enfants handicapés et leurs parents. Elle est belle, l’école de Jean-Michel Blanquer ! » Jean-Luc Duval, le président du Collectif Citoyen Handicap, est à bout.
Sur les 430 000 enfants handicapés en France, 14 000 (d’après les estimations de l’associatien) restent en effet aux portes de l'école plus d’un mois et demi après la rentrée, faute d’accompagnement suffisant. Le secrétariat d’Etat aux Personnes handicapées dit ne pas pouveir confirmer un tel chiffre, « faute d’un système d’information commun aux maisons départementales du handicap », mais promet de
l’obtenir « fin 2020 ». Rien ne presse !En attendant, dans les salles de classe, le nombre d’accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) ne suit pas : l’Education nationale se vante d’avoir créé 4 500 « équivalents temps plein » (ETF) d’AESH pour cette rentrée mais oublie de rappeler qu’elle doit accueillir 23 500 élèves handicapés de plus que l’année précédente…
Le nombre d’AESH plafonne aujourd’hui à 67 000 ETP, alors qu’il en faudrait près du double, au dire des associations. Ces personnels peu formés et ultra-précaires — au smic pour des contrats de 24h, en moyenne — ne savent plus où donner de la tête. « Je dois accompagner un enfant atteint d’autisme, un de trisomie et un autre de troubles moteurs graves, alors que deux d’entre eux devraient bénéficier d’un accompagnement personnalisé », témoigne Sylvie, AESH en Alsace.
Pris de Cour
Cet accompagnement au rabais — dit « mutualisé » — des élèves handicapés a la cote. La Cour des comptes le note dans un rapport de 2018 : « Le ministère ambitionne de faire en sorte que l’aide mutualisée devienne la modalité d’accompagnement par défaut, tandis que l’aide individuelle serait réservée aux élèves lourdement handicapés. »
Une tendance qu’Isabelle Deslandres, inspectrice de l’Education nationale en Seine-et-Marne, a confirmée dans son département, lors d’une audition à l‘Assemblée, le 18 juin : « Avant 2017, nous avions 80 %
d’accompagnements individualisés et 20 % d’accompagnements mutualisés (…). Aujourd’hui, nous avons environ 80 % [de] mutualisés et 20 % [d’]individualisés (…). L’idée n’était évidemment pas de ne plus accompagner nos élèves mais d’avoir davantage de souplesse. » Budgétaire, surtout.
Dans le Canard enchaîné du 23 octobre 2019.