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——————————— Thursday 21, November 2019 ———————————

Ce que l'arrestation de Glasgow dans l'affaire Dupont de Ligonnès dit de notre époque

Je retiens deux choses de l'arrestation de Glasgow du 11 octobre 2019 dans l'affaire Dupont de Ligonnès. Résumé : ne pas se fier exclusivement à la technique, aussi bien en matière de justice que de sécurité (flicage vidéo, smartphone "verrouillé" par empreintes digitales, reconnaissance faciale etc.) que d'autre chose ; se concentrer sur les médias qui travaillent sur le temps long (hebdo, mensuel, saisonnier, etc.) afin de penser les sujets de sociétés ; arrêter les alertes, sollicitations, informations, distractions immédiates et permanentes (smartphone, réseaux sociaux, médias de temps court, etc.) afin de satisfaire nos intérêts au lieu de ceux d'autres entités (sociétés commerciales qui carburent à la pub donc à la récurrence d'une audience croissante, autres humains que soi, etc.).

Se fier exclusivement à une preuve scientifique, les empreintes digitales dans le cas présent, est une erreur. Il y a évidement l'ignorance de la science, tel, au 19e siècle, le médecin légiste Tardieu, qui, découvrant des poisons dans des cadavres humains concluait au meurtre… avant que la science nous apprenne que ces composés chimiques se forment lors de la décomposition de tout corps humain. Il y a aussi la méthodologie utilisée : appareil de mesure défectueux, interférences dans la mesure, méthodologie déficiente (exemple : la police aux frontières écossaises considère que 5 points de convergence sur 13 entre les doigts et les empreintes enregistrées sont suffisantes. En France, il faut 12 points de convergence et l'absence de divergence), erreurs humaines (contamination d'échantillons, erreur d'étiquetage, échange malencontreux), etc. Il ne faut pas se fier exclusivement à une prétendue preuve scientifique. Si, dans l'affaire Dupont de Ligonnès, une analyse ADN a été effectuée après-coup, c'est aussi le travail d'enquête de terrain et de voisinage réalisé par la police française autour du lieu d'habitation de la personne arrêtée à Glasgow qui a permis de s'assurer que la personne arrêtée n'était pas Xavier Dupont de Ligonnès. Bref, il ne faut pas se fier exclusivement à la technique, aussi bien en matière de justice que de sécurité (flicage vidéo, smartphone "verrouillé empreintes digitales, reconnaissance faciale etc.) que d'autre chose. La technique, parfois plus fiable et adaptée que l'humain pour réaliser des tâches a aussi sa limite de fiabilité ;

Notre société va trop vite. On veut tout savoir très vite en permanence. Nous sommes hypnotisés en permanence par des alertes instantanées, des sollicitations immédiates, des informations, des contre-informations. De notre famille, de nos amis, de nos contacts, de nos collègues, etc. Les médias en continu (audio/vidéo ou non), la presse quotidienne, les réseaux sociaux, le smartphone, etc. Quand prenons-nous le temps de souffler et de réfléchir ? Dans cette affaire, la police à été prise au piège : il faut se faire mousser, il faut justifier nos salaires, il faut se redorer le blason (Gilets jaunes et tabassages de pompiers), il faut savoir répondre à toute rumeur de manière instantanée, donc il faut communiquer. Les médias ont été pris au piège : il faut être premier à sortir l'info afin de renforcer notre image et de gagner du fric par une augmentation de l'audience (une info et son démenti, ce sont deux nouvelles, donc deux motifs pour attirer de l'audience), il faut sortir les vieux documentaires contextuels du placard pour les rentabiliser une fois de plus. Les citoyens ont été pris au piège : ils se sont fait parasiter inutilement le cerveau au lieu de penser à leur vie, à ceux qui comptent pour eux, à leurs passions, à la société qu'ils veulent, au vivre-ensemble, etc. Au final, en attendant 17 heures supplémentaires, il y aurait rien eu à dire. En attendant, une personne a vu sa vie privée voler en éclat (son nom étant largement répété dans tous les médias) et sa présomption d'innocence être quasiment bafouée. Si j'ai assez vite développé une critique négative des prétendues informations radiophoniques et télévisées, j'en suis au stade de remettre en cause la légitimité de la presse quotidienne. Ça va trop vite. Ça n'éclaire pas sur les sujets de société (nucléaire, retraites, impôts, nouveaux droits/devoirs, etc.). Ça jacte pour jacter. Ça jacte pour filer des infos puis des démentis. On a eu la même chose dans l'affaire de l'incendie de Lubrizol (au début, on nous annonce que 5 200 tonnes de produits ont cramé, puis 9 000 tonnes…) ou dans l'affaire du pont de Mirepoix-sur-Tarn (le camion pesait 38 tonnes, ha non, 44 tonnes, ha non, plus de 50 tonnes, un décès, deux décès, cinq blessés, quatre blessés, etc.) ou dans les affaires dites terroristes (un an après, l'affaire du groupe dit des Barjols qui voulaient flinguer Macron se dégonfle), etc. Pendant ce temps-là, aucune info sur les risques sanitaires de Lubrizol ou du plomb de Notre-Dame. Nous sommes hypnotisés. Je pense qu'il faut se concentrer sur les médias qui travaillent sur le temps long : hebdomadaires (et encore !), mensuels (comme Siné mensuel ou Le Monde diplomatique), saisonniers (comme La Revue Dessinée ou XXI). D'une manière générale, arrêtons de courir comme un hamster dans sa roue, y compris en dehors des médias (réseaux sociaux, smartphone, etc.).

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