Tels des gamins oubliés par le Père Noël, les hôpitaux ont regardé tous les jouets offerts par Macron avec son grand plan Santé, décliné mardi dans le budget de la Sécu. Cruelle déception : à peine « quelques miettes », se désole un responsable de la Fédération hospitalière de France (FHF), regroupant tous les hôpitaux publics. Au lieu d’augmenter de 2,3 % — comme l’avait annoncé Darmanin en juillet —, le budget de la santé, a claironné Macron, gonflera de 2,5 %, soit une rallonge de 400 millions. Sauf que la réalité est moins rose.
Avec le vieillissement de la population, en effet, en plus de l’inflation et d’autres assommantes considérations, les dépenses de santé augmentent mécaniquement de 4 % par an. Afin de limiter la hausse à 2,5 %, les hôpitaux devront encore réaliser… près de 1 milliard d’économies. « La rallonge de Macron diminue juste le montant des économies qu’on nous réclame, et de très peu, déplore la FHF. Les 400 millions serviront surtout à financer les assistants médicaux (qui épauleront les généralistes). Pour les hôpitaux, il restera, à tout casser, 150 millions. » Une goutte d’eau dans un océan de maux.
Certes, le plan Macron prévoit de désengorger les urgences en réorganisant la médecine de ville. Mais cette belle ambition mettra « au moins cinq ans » à porter ses fruits, a illico réagi le Pr Grimaldi, sur le site de « L’Obs » (l9/9). En attendant, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, qui depuis des mois agitait son futur plan, n’a plus de martingale. Une grève ? Une crise dans les Ehpad ? Un cri d’alarme des soignants ? Patience, psalmodiait—elle, le plan Santé soignera l’hôpital, ce grand malade « à bout de souffle ».
La potion fait déjà merveille. Le 20 septembre, deux jours après sa grande annonce, les hôpitaux psychiatriques de Rouen, Niort et Auch ont voté la grève. Le même jour, des syndicats ont manifesté au CHU de Nancy. Le lendemain, le CHU de Saint-Etienne a voté la grève générale. Et, le 4 octobre, la CGT appelle à une grève nationale et reconductible dans tous les Ehpad, hôpitaux et hôpitaux psychiatriques.
C’était donc ça, le « big bang » de la santé promis par Macron ?
Dans le Canard enchaîné du 26 septembre 2018.