Il est fort, ce Roundup ! Il désherbe tout, même l’éthique ! Suffit de savoir qui arroser… Prenez le gars qui supervisait le dossier du glyphosate à l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), un certain Jess Rowland. Un type ouvert, ce Jess : depuis qu’il a pris sa retraite, début 2016, il bosse comme consultant pour l’industrie chimique. Tranquille ! Et, à l’EPA, il était déjà à tue et à toi avec Monsanto. C’est l’une des énormités dénichées par « Le Monde » (5/10) dans la masse de documents que la firme, poursuivie par des malades du cancer, a dû livrer àla justice US. « Jess se mettra en retraite de l’EPA dans cinq ou six mois, écrit un cadre de Monsanto dans un mémo, le 3 septembre 2015. Et il pourrait encore npus être utile dans la défense en cours du glyphosate. » Thank you, Jess ! Les « Monsanto Papers » éclairent aussi d’un jour très frais l’affaire de Gilles-Éric Séralini. En 2012, ce biologiste de Caen publie une étude qui fait un effet bœuf à la une des journaux : ses rats nourris avec un mais arrosé de glyphosate ont développé des tumeurs énormes.
Monsanto riposte au bulldozer et, quelques mois plus tard, bingo ! l’étude est « rétractée » de la revue scientifique qui l’a publiée. Du jamais-vu : d’habitude, seule une fraude justifie un retrait. Mais le rédacteur en chef de la revue s’est montré arrangeant : en sous-main, et depuis 2012, il était payé… par Monsanto, 400 dollars l’heure. Plus c’est gros, plus c’est miam !
Dans un livre-enquête, Marie-Monique Robin révèle bien d’autres coups fourrés. Dès 1981, Monsanto a ainsi manipulé ses propres études pour planquer des résultats alarmants sur les risques de cancer…
Acheter des experts ou infiltrer les agences sanitaires : le mode d’emploi est simple comme l’étiquette d’un désherbant !
Dans le Canard enchaîné du 11 octobre 2017.