La Cour des comptes calcule que la réduction du nombre de régions n'a pas permis de réaliser des économies mais qu'elle a coûté 207 millions d'euros depuis 2015 (cela représente moins de 1 % du budget total des régions - environ 30 milliards d'euros (source 1, source 2)). Forcément. Il a fallu harmoniser (souvent à la hausse / au plus favorable) des politiques publiques différentes (transport, éducation), des systèmes d'information différents ainsi que des rémunérations d'agents et des indemnités d'élus (ces dernières dépendent de la strate démographique du territoire). Il a fallu prendre en charge des rôles et compétences renforcés. Des régions ont voulu conserver leur maillage territorial (leur organisation, les emplois locaux, leur présence proche des gens, quoi), ce qui implique des dépenses de patrimoine, de rémunérations, de transport, voire de réunion (comme la location du Parc des expositions de Montpellier pour les réus du Conseil régional Occitanie évoqué dans le rapport).
Juger le gain (ou non) économique de la fusion des régions sur moins de 4 ans, ça ne me semble pas être judicieux vu l'ampleur du chantier. La Cour expose que des chantiers, comme le transport inter-urbain et scolaire, ont été différés en attendant les nouvelles directives.
La refonte des régions — ramenées en 2016 de 22 à 13 super-régions — devait permettre « 10 milliards d’économie » par an, avait alors affirmé André Vallini, secrétaire d’Etat à la Réforme territoriale. Elle coûte, au contraire, 207 millions de plus qu’avant, a indiqué la Cour des comptes dans un rapport publié le 24 septembre !
Causes de ce dérapage XXL : « des surcoûts importants en matière de rémunération des personnels et d’indemnités des élus », « des lacunes dans la fiabilité des comptes », « des défaillances dans l’évaluation des actifs ». Bref, la totale. A la tête du tableau d’horreur de l’augmentation des dépenses, le Centre-Val de Loire (+ 16 %), l’Occitanie (+ 11,7 %), la Bretagne (+ 9,5 %) et la Normandie (+ 9 %).
Mais on aurait tort de prendre ces chiffres — et surtout celui de l’économie attendue de 10 milliards — au pied de la lettre. « Un calcul au doigt mouillé [qui est] sorti comme ça », a reconnu Vallini lors de l’émission « Envoyé spécial » (28/3). Qui a ensuite répété ce chiffre, « bien obligé d’assumer ». Mais il ne regrette rien pour autant, puisque, plaisante-t-il, « ça [lui] vaut de passer à la télévision ».
Et même plus d’une fois !
Dans le Canard enchaîné du 2 octobre 2019.