Tump lâche les kurdes sans prévenir (l'UE aurait peut-être voulu déployer des armées ?), ce qui va générer un regain d'immigration en UE et de terrorisme, mélange de ressentiment envers les États-Unis et libération des gus de Daech par les kurdes lors de leur retraite précipitée. Après ça, Trump se la joue mégalomane puis """"blagueur"""" puis paranoïaque… En attendant, l'enquête sur l'affaire Trump-Stormy Daniels va avancer.
« Si la Turquie fait quoi que ce soit dont j’estime, dans ma grande et inégalable sagesse, que cela dépasse les bornes, je détruirai et anéantirai complètement l’économie de la Turquie. » Telle est la dernière saillie, pardon, la dernière volte-face fulminante de Trump, lâchée le lundi 7 octobre au soir sur Twitter. Un revirement total moins de vingt-quatre heures après un chaleureux coup de fil, passé, dimanche soir, au président turc Erdogan, qui laissait à ce dernier la voie libre pour déclencher une opération contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie.
Dans sa « grande et inégalable sagesse » — il plaisante ? —, Trump venait tout à trac de décider de retirer toutes les forces spéciales américaines de la zone, lâchant les alliés kurdes en rase campagne face à leur ennemi héréditaire. Même le Pentagone s’est permis de critiquer cette décision dévastatrice, évoquant les « conséquences déstabilisatrices » d’une intervention turque décidée par Erdogan.
Dans sa « grande et inégalable sagesse », Trump a aussi cru bon d’allumer un contre-feu (d’artifices), le 3 octobre, à l’affaire ukrainienne en défiant, par un tweet, la Chine d’enquêter à son tour sur les « arnaques » de son adversaire démocrate l’ex-vice-président Joe Biden et de son fils Hunter. Une prétendue « blague » qui a embarrassé nombre de sénateurs républicains, y compris son plus fidèle soutien, Lindsey Graham, plus critique encore sur la Syrie.
Tentant des diversions désespérées sur la scène internationale, Trump fait de plus en plus figure de Joker, le comique grimaçant cher à Hollywood, mais ses saillies lui reviennent en boomerang. Tandis que le piège de la procédure d’impeachment (destitution), déclenchée le 24 septembre, se resserre, Trump pond des centaines de tweets, dénonçant « un coup d’Etat », stigmatisant les « traîtres »…
Or ce n’est plus lui qui dicte son tempo par ses tweets mais les élus chargés de l’enquête ainsi que les médias, au fil des révélations. Ce n’est plus un mais deux lanceurs d’alerte anonymes de la CIA qui ont dénoncé sa conversation suspecte avec le président ukrainien Zelinsky [N.D.L.R : sic ], au cours de laquelle Trump semble avoir exercé un chantage à l’aide militaire US pour que ce dernier ordonne une enquête sur son rival Joe Biden. Des SMS entre diplomates américains, tout juste révélés, l’attestent. Dans l’un d’eux, le chargé d’affaires américain à Kiev Bill Taylor s’exclame : « Je trouve ça dingue de suspendre l’aide sécuritaire en échange d’un coup de main pour une campagne politique. »
Et voilà que, sur un autre front — dans le cadre de la procédure sur les versements effectués à l’actrice porno Stormy Daniels pour acheter son silence —, un juge fédéral de New York vient d’autoriser le procureur de Manhattan à accéder aux déclarations de revenus de Trump, qui a toujours énergiquement refusé de les rendre publiques.
Sa « grande et inégalable sagesse » suffira-t-elle face à tant d’adversité ?
Dans le Canard enchaîné du 9 octobre 2019.