En marge des palabres officiels du « G7 » des ministres de l’Intérieur, qui s’est tenu à Paris le 4 avril, Christophe Castaner a rencontré en tête à tête son homologue d’extrême droite Matteo Salvini. Cela lui a permis de se faire une opinion définitive sur les migrants et les ONG. « En Méditerranée centrale, a-t-il déclaré après sa discussion avec l’Italien, on a observé de façon tout à fait documentée une réelle collusion, à certains moments, entre les trafiquants de migrants et certaines ONG. »
Un scoop ? Non. Il s’agit en fait, de l’aveu même du ministère de l’Intérieur, d’une vieille lune ressortie d’un rapport — publié en 2016 — de Frontex, l’Agence européenne des gardes-frontières, qui soupçonnait, sans preuve, certains bateaux affrétés par des ONG d’avoir parfois eu des contacts téléphoniques avec des passeurs.
Comme le rappelle « Le Monde » (7/4), Macron n’était pas allé aussi loin que son ministre en déclarant, l’été dernier, que les ONG « [faisaient] le jeu des passeurs ». Mais, cette fois, le spectacle offert par un Christophe Castaner à la remorque d’un leader populiste a mis le boxon à En marche !, où la tête de liste aux européennes, Nathalie Loiseau, s’est empressée de prendre ses distances avec les propos de son ancien collègue du gouvernement.
Devant le tollé, Casta a fini par adoucir ses propos, tweetant, le 5 avril : « Nos ennemis, ce sont les passeurs, pas les ONG. » Jusqu’à sa prochaine rencontre avec Salvini ?
Pour ma part, je pense que les pompiers sont complices des pyromanes.
J'ai tout de même un point de divergence avec le Canard : Castaner n'a pas besoin de parler avec Salvini avant de débiter soit des truismes vides de sens, soit du bullshit, il fait cela très bien tout seul, avec ses conseillers, son gouvernement et sa caste.
Dans le Canard enchaîné du 10 avril 2019.