Les recherches sur nos ancêtres, c'est une série de polars dans lesquels la police scientifique a le beau rôle et où l'ADN est devenu un témoin crucial. prenez les cousins de nos ancêtres sapiens et néandertaliens, les « dénisoviens ». On n'en connaissait qu'un très petit os de la main, mais il avait fourni un ADN qui n'était ni sapiens ni néandertalien. C'est comme ça qu'on les a définis, ces dénisoviens, avant de retrouver leurs gènes chez des populations asiatiques et océaniennes actuelles. Et voilà qu'une mandibule, trouvée au Tibet, datée de 160 000 ans, livre des protéines fabriquées par de l'ADN dénisovien, ce qui permet d'en faire un début de portrait-robot, en attendant mieux. Donc, entre mille et deux mille sièces avant Siné, trois sortes d'humains chasseurs-cueilleurs paléolithiques parcouraient l'Eurasie. Ils se métissaient parfois puisque l'on retrouve des gènes de néandertaliens et de dénisoviens parmi nous, sapiens d'aujourd'hui. Ces divers « paléos », très peu nombreux, avaient en commun des techniques de la pierre taillée. Ils ont vécu de cueillette et de chasse durables, en Afrique puis ailleurs, depuis plus de deux millions d'années, dans des conditions si difficiles que nul d'entre nous n'y survivrait. Donc, respect ! En outre, ils ont presque tout inventé vers la fin de leur ère : sculpture, peinture, musique, danse, masques, bijoux, rituels funéraires (mille sièces avant les gourous monothéistes)… Le problème, comme dans toute enquête policière, c'est que beaucoup d'informations sont perdues. Surtout depuis l'invention de l'agriculture, avec laquelle nous saccageons la planète, et l'explosion démographique du néolithique (âge de la pierre polie), il y a seulement une dizainee de milliers d'années. Dans Retour vers le paléo, préfacé par Jean-Paul Demoule, qui fait autorité, un « team » d'archéologues a le mérite de faire le tri entre le peu que l'on sait, le beaucoup que l'on ne sait pas, et les hypothèses, souvent délirantes, de certains de leurs collègues.
Je prends connaissance de l'Homme de Denisova, découvert à la fin des années 2000.
Dans le Siné Mensuel de juin 2019.