J'accorde aucun égard au politicien, mais j'éprouve un profond respect pour l'homme qui, après avoir avalé de force un grand nombre de couleuvres (« je me surprends tous les jours à me résigner, à m'accommoder des petits pas »), s'émancipe d'un gouvernement-carcan dans lequel il n'a pas pu faire autant que l'enjeu écologique le nécessite.
Un homme qui dénonce le poids des lobbys (exemple : Thierry Coste, de la Fédération nationale des chasseurs, était présent, sans invitation, à la réunion gouvernementale du 27 août 2018 sur la chasse) et des postures politiciennes (notamment au Sénat).
Un homme qui « ne veut plus se mentir » et qui renoue ainsi avec son estime de soi. Un homme qui ne veut plus servir de caution morale : « je ne veux pas donner l'illusion que ma présence au gouvernement signifie qu'on est à la hauteur sur ces enjeux-là », « si je les [ Macron et Philippe ] avais prévenu [ de sa démission ], peut-être qu'ils m'en auraient encore une fois dissuadé ».
Un homme qui en a marre des prétendus petits compromis qui sont en réalité de vraies compromissions éthiques qui ne permettent pas de changer l'issue : « Petit à petit, on s'accommode de la gravité et l'on se fait complice de la tragédie qui est en cours de gestation. »
Hulot fait appel à la responsabilité collective. C'est l'ensemble de la société qui doit porter ses contradictions :
Posons-nous une question centrale sur notre propre responsabilité sur nos propres contradictions. En tant que citoyen, on peut aussi se poser la question. Ça va vous paraître là aussi totalement dérisoire, mais quand j'vois qu'on continue à jeter ses mégots par terre, que le petit geste élémentaire… est-ce que notre société est bien prête à des grands changements ? Est-ce qu'on est prêt à remettre en cause nos modes de consommation, nos modes de production ?
[…]
Tout l'été, les résistances anti-éoliennes, alors, OK, on ne veut pas d'éoliennes, on ne veut pas de centrales nucléaires, on ne veut pas de centrales thermiques. Comment on fait si l'on additionne tous les refus ?! Ceux qui critiquent, à tort ou à raison, qu'est-ce qu'ils proposent ? Qui vient enrichir le débat écologique ? Qui vient apporter ses pièces pour construire la société de demain, le modèle de demain ?!
Un homme humble : « peut-être n'ai-je pas su convaincre, peut-être n'ai-je pas les codes », « ‒ Aviez-vous les épaules pour être ministre ? ‒ Peut-être pas, la question vaut d'être posé, peut-être pas ».
J'espère que mon départ provoquera une profonde introspection de notre société sur la réalité du monde.