L'après non-cumul des mandats parlementaires et locaux… Qui est coupable ? Les élus en question et/ou les personnes qui votent en faveur des combines et/ou les citoyen⋅ne⋅s ? Un peu tout le monde. Comment se fait-il que ça magouille autant si proche du peuple (la mairie et la métropole c'est chez nous, pas "loin là-bas à Paris") ?
Après avoir vilipendé la loi interdisant le cumul d’un mandat d’exécutif local avec celui de parlementaire, quelques dégourdis s’en accommodent fort bien. En témoignent les exploits d'une dizaine d’anciens députés-maires qui ont réussi à maintenir leur niveau de vie quasi inchangé, malgré la perte de leur indemnité parlementaire de base, s’élevant à 5 600 euros brut mensuels.
Pour réaliser ce prodige, il leur a suffi d’augmenter fortement leurs indemnités municipales et d’y adjoindre une autre fonction locale, comme celle de président d’agglomération ou de métropole. De quoi atteindre ou frôler de nouveau le plafond autorisé pour les cumulards, fixé à 8 270 euros brut par mois…
Le maire LR d’Orléans, Olivier Carré, a droit à une mention spéciale. Cet ex-député a fait voter par sa majorité municipale une hausse de 330 % de ses indemnités, passant de 960 à 4 120 euros mensuels.
Si M. le Maire s’était arrêté la, il n’y aurait pas eu de quoi fouetter un électeur. En effet, pour que le plafond légal soit respecté, ses indemnités de maire avaient été réduites d’autorité lors de son entrée au Palais-Bourbon, en 2007. Il semble donc logique que, n’étant plus député, Olivier Carré récupère la totalité de son traitement municipal…
Agglomération de pognon
Mais cet élu astucieux a poussé le bouchon plus loin. Jusqu’à présent, moyennant une indemnité de 1 257 euros mensuels, il siégeait également, en tant que vice—président, au conseil d’Orléans Métropole. Surprise : au début de juin, le président LR de la métropole, Charles-Eric Lemaignen, a eu la chic idée de quitter son fauteuil et de le laisser à Olivier Carré. Avec, à la clé, une enveloppe de 3 680 euros mensuels. Résultat : le maire encaisse désormais un total de 7 800 euros, contre 8 000 auparavant. Vite, une souscription…
Son collègue de Belfort, Damien Meslot (également LR), n’a pas démérité non plus. Lors de son élection à l’hôtel de ville, en 2014, ce petit malin avait cru bon de se faire mousser en claironnant qu’il renonçait à son « salaire » de maire. En réalité, Meslot — qui touchait par ailleurs ses indemnités de député et de président de la communauté d’agglomération — était déjà au plafond : il ne pouvait donc pas faire autrement, à moins de violer la loi…
Cinq ans plus tard, ce maire d’élite a dû ramer pour expliquer à son conseil municipal que, tout compte fait, il verrait bien son indemnité passer de 0 à 3 180 euros. Pour faire bonne mesure, il a demandé et obtenu que son « salaire » de président d’agglomération soit gonflé de manière à lui permettre d’atteindre de nouveau le maximum légal…
Cette épidémie d’augmentations a pareillement frappé le maire de Valenciennes, l’UDI Laurent Degallaix, et celui de Cholet, le divers-droite Yves Bourdouleix. Mais c’est leur collègue de Roanne, le LR Yves Nicolin, qui a fait le plus fort. Non content de doubler ses gains à la présidence de l’agglomération, Nicolin a, le même jour, joué les pères la rigueur en annonçant son intention de tailler dans les salaires des agents à temps partiel. L’élu, qui, en séance, avait lancé un vibrant « je ne connais personne qui vit de l’air du temps » pour justifier son augmentation, a dénoncé la situation de ces infâmes profiteurs, travaillant à 90 % de temps et payés… 91,25 % d’un salaire plein.
Ces gueux sont d’une indécence…
Dans le Canard enchaîné du 26 juillet 2017.
ÉDIT DU 11/09/2017 À 20H15 : un cas gratiné pour compléter la série. FIN DE L'ÉDIT.