Jusqu'au 27 février, Laurent Montet crevait l’écran. C’était un « expert » cathodique reconnu. L’un de ces spécialistes « vus à la télé » qui écument les plateaux en donnant leur avis sur tout. Son truc à lui, c’était la criminologie. Avec un titre ronflant de « docteur » et un CV accumulant diplômes universitaires, travaux et publications long comme un casier judiciaire de grand bandit, Montet avait ses entrées partout : LCI, NRJ 12, C8… Dès qu’il y avait un crime, Montet venait en expliquer le sens.
En 2014, d’ailleurs, il avait ouvert Forcrim, « l’école professionnelle des criminologues en France », permettant de valider des masters et de préparer son entrée dans la profession. La scolarité coûtait cher et l’expert demandait aux étudiants de payer leur inscription au plus vite, et si possible en mandat cash. Forte des conventions signées avec de nombreuses uni— versités, la haute école de criminologie parisienne a attiré nombre d’étudiants. Transformés en pigeons.
Le doctorat de Montet ne valait rien, sauf en Côte d’Ivoire (« Le Parisien », 28/2). Tous les partenariats brandis par l’expert étaient faux ou périmés. Et les cinq années d’études n’ont aucune valeur en France. C’est pour cela qu’une trentaine d’étudiants s’étaient portés partie civile, ayant perdu — selon l’avocat général — « de l’argent, du temps et l’estime de soi » (« L’Est Eclair », 1/3). Comme ces étudiants étrangers désormais dans l’impossibilité de justifier leur présence en France.
Il y a quelques années, Montet avait déjà été rappelé à l’ordre par la justice, sans en tenir compte. « C’est un usurpateur des lois. C’est un escroc », a tonné le ministère public, le 27 février, dans son réquisitoire. Alors, révocation du sursis antérieur, 3 ans ferme et arrestation à l’audience.
On est curieux de voir quel « expert » viendra nous expliquer le cas Laurent Montet à la télévision…
Le bullshit lolilol de la semaine.
Dans le Canard enchaîné du 6 mars 2019.