Les voyages scolaires échappent au champ d’application de la future loi anticasseurs. Une erreur ! Le 21 mars, une jeune fille séjournant en Italie voit les carabinieri débouler pour interroger ses profs. M., il faut le dire, est une dangereuse délinquante : en mai, en compagnie d’une grosse centaine d’autres ados, elle a occupé le lycée Arago, à Paris (XIIe), afin de protester contre Parcoursup.
Arrêtés, plusieurs séditieux ont été placés en garde à vue - certains écopant même de 2 mois de prison avec sursis pour occupation illégale d’établissement scolaire. Pour une fois qu’ils voulaient rester en classe !
Selon leurs avocats, réunis en collectif, « au moins trois de ces lycéens et étudiants ont constaté, lors de leurs déplacements à l’étranger, qu’ils faisaient systématiquement l’objet de vérifications d’identité prolongées aux postes de frontière ainsi que d’attentes inexpliquées au cours desquelles serait mentionnée, à demi-mot, l’existence d’une fiche S à leur endroit ». « Le Canard » a vérifié : l’un des lycéens, C., est bel et bien l’objet d’une fiche S émise par la Direction du renseignement de la Préfecture de police.
Cette fiche S-02, comme on dit dans le jargon, a été créée le 4 octobre 2018, cinq mois après l’occupation du lycée parisien, alors que C. était mineur. Motif : « appartenance à la mouvance contestataire radicale susceptible de se livrer à des violences ». Son compte est bon!
Si les deux autres lycéens - dont notre vacancière italienne - ne sont pas fiches S, ils figurent dans le fichier des personnes recherchées. Initialement, ils devaient y rester jusqu’au terme de leur contrôle judiciaire, en juin 2018. Neuf mois plus tard, ils y sont toujours. Ça la fiche mal…
Pour le fiché S, on ne peut pas exclure l'hypothèse d'une action commise après l'occupation du lycée. Pour les autres, on constate, sans surprise et pour la trouzemillième fois que les fichiers policiers, comme tous les autres fichiers, ne sont pas nettoyés, ce qui, dans le cas présent peut porter préjudice (recherche d'un emploi dans certains secteurs, par exemple)…
Dans le Canard enchaîné du 27 mars 2019.