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  • Quelques ressources sur les années de plomb

    Depuis plusieurs mois, je m'intéresse aux années de plomb, c'est-à-dire la période imprégnée de violence politique entre la fin des années 1960 et la fin des années 1980.

    En Europe, une frange de l'extrême-gauche, faisant le constat de l'échec des autres méthodes de contestation politique, décide de passer à la lutte armée réfléchie et de commettre des attentats politiques ciblés (dégrader des bâtiments, poser des bombes, assassiner des personnalités politiques / économiques / culturelles, etc.). Les groupes autonomes se nomment, entre autres, Action directe en France, Cellules Communistes Combattantes en Belgique, Fraction Armée Rouge (aka Bande à Baader-Meinhof) en Allemagne et Bridages Rouges en Italie.

    Les idéaux et pratiques de ses groupes tournent autour de l'antifascisme, de l'anti-impérialisme (principalement US), du communisme, et de l'anarchisme (autogestion, autonomie d'action, etc.).

    Comme j'ai un esprit chauvin, j’ai cherché à me documenter en priorité sur Action Directe. À défaut d'être en capacité de lire les manifestes rédigés par le mouvement (Pour un projet communiste, Sur l'impérialisme, entre autres) qui sont introuvables, je me suis penché sur les productions audiovisuelles suivantes…


    50 ans de faits divers - Action directe : un terrorisme à la française

    • 180 membres dont les leaders sont :

      • Joëlle Aubron : issue d'un milieu bourgeois (sa famille possédait un château avec 20 hectares de terre en région parisienne) qu'elle rejette ;

      • Georges Cipriani : fraiseur chez Renault ;

      • Nathalie Menigon : issue d'un milieu modeste, comptable dans une banque ;

      • Jean-Marc Rouillan : vif, très vite contrarié par tout, très influencé par la lutte anti-franquiste (à laquelle ont prit part ses grand-parents) et la mort de son ami militant espagnol Salvador Puig i Antich. Il rejoint le MIL (lutte armée anti-franquiste) puis fonde les GARI (Groupes d'Action Révolutionnaire Internationalistes).
    • Action Directe, comme d'autres, est née d'un besoin d'engagement d'une génération qui a grandit dans le culte des héros de la Résistance (Jean Alfen, ex-membre d'A.D. déclare qu'il a agit par fidélité sa famille résistante en s'organisant pour refuser ce monde de merde, qu'il aurait eu honte de laisser faire ce monde-là en se réfugiant sur un projet individuel) et dans la déception de 1968 (certitude d'alors qu'il n'y avait pas d'illusion, que la révolution allait gagner, selon Jean Alfen). Jean Alfen : Action Directe est né du constat qu'« on ne peut pas supporter l'insupportable. Ce monde-là est une horreur, une erreur et on n'améliore pas une erreur, on la supprime » ;

    • Les années 70, c'est aussi l'époque des groupes Maoïstes : la cause du Peuple, la gauche prolétarienne, Sartre qui débat avec les maoïstes et les encouragent à être radicaux, car ils ont raison de se révolter ;

    • Février 1972 : un vigile de Renault assassine un employé militant, Pierre Overney, qui distribuait des tracts. Lors de ses obsèques, 200 000 personnes appellent à la vengeance. La gauche se désolidarise. À la fin des années 70, il n'y aura plus d'organisations politiciennes prêtent à cautionner la violence dans le cadre d'un refus social. En 1977, le vigile serait assassiné ;

    • Fin des années 1970 : Action Directe se constitue de manière informelle ;

    • 1er mai 1979 : première action d'Action Directe, le mitraillage du siège du CNPF (ex-MEDEF) ;

    • Jean Alfen : « on se serait bien passé de l'action, [ le but premier ] c'était d'expliquer ce qui se joue. [ L'attentat au ] Ministère de la coopération, c'était pour dénoncer la politique africaine de la France ». Mais, ça a échoué : les communiqués de presse étaient tronqués et le groupe n'avait pas les moyens de populariser ses actions ;

    • Financement du mouvement : braquage de banques, ce que le groupe nomme « réappropriation prolétarienne » (terminologie employée en Amérique latine) ;

    • Fin 1980, les RG tendent une souricière aux deux dirigeants d'A.D. (Rouillan - Menigon) en se faisant passer pour des ambassadeurs du terroriste Carlos qu'ils leur promettent de leur faire rencontrer ;

    • À la suite de son élection, Mitterrand (et la droite sénatoriale) votent une loi d'amnistie générale. Rouillan peut sortir, car il fût faiblement condamné. Menigon ne peut bénéficier de l'amnistie, mais profite d'une grâce médicale suite à ses grèves de la faim. Certains considèrent que la gauche vient de libérer ses enfants qui ont mal tourné ;

    • Action Directe se mobilise dans les squats, notamment pour venir en aide aux Turcs, et publie des manifestes ;

    • Se sentant harcelés par les flics et déçu par le pouvoir en place (Mitterrand tenait un discours de rupture en déclarant « celui qui ne consent pas à la rupture avec l'ordre établi, politique, ça va de soi, c'est secondaire, avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, il ne peut pas être adhérent du PS), A.D. repasse à l'action en août 1982, en plein attentats islamistes à Paris, en faisant exploser une société commerciale spécialisée dans l'import de biens israéliens ;

    • Le groupe se rend compte que la violence doit monter d'un cran pour être audible quand l'AFP ignore le mitraillage de la voiture d'un agent du Mossad en exposant, à Jean Alfen, qui revendique le mitraillage par téléphone que l'AFP a bien dépêché quelqu'un, mais qu'il n'y avait personne dans la voiture. Il faut tuer pour être entendu. D'autres exposent que le goût du sang d'A.D. découle de la liquidation, en mars 1982, de la taupe qui a permis de monter la souricière fin 1980** ;

    • 1985 : A.D. assassine le général Audran, membre imminent du ministère de la Défense, responsable des ventes d'armes à l'étranger afin de dénoncer la politique militaire française alors que le monde assiste au conflit Iran / Irak ;

    • Novembre 1986 : assassinat du PDG de Renault, qui était encore une régie publique. A.D. le considère comme le symbole du capitalisme et de la puissance militaro-capitaliste de la France Besse a également procédé à 21 000 suppressions de poste en deux ans, soit 10 % des effectifs d'alors, et en prévoyait encore 5000 ;

    • La traque policière commence et les 4 membres principaux d'A.D mentionnés au début sont arrêtés dans une ferme que le couple Rouillan-Menigon loue sous un faux nom. Les gendarmes du coin n'ont rien remarqué alors que le portrait de Rouillan-Menigon est affiché dans leur commissariat sous ordre du ministère (mais elles datent de plus de 10 ans). L'info vient d'une femme de la DST rencardée par sa gynécologue de Tours qui a également reçu Menigon (le documentaire « Action Directe, 30 ans après » expose que c’est un villageois qui a informé son ami de la DST) ;

    • Dans la ferme, A.D. avait construit une prison du peuple : un emplacement permettant de loger un humain debout qui ne peut se mouvoir. Elle était destinée au directeur de la recherche technologique du CEA ;

    • À leur procès en 1989, les 4 membres d'A.D. refusent de participer à un débat dans lequel les jeux étaient faits d'avance, et la sanction connue d'avance, celle d'une justice bourgeoise qui ignore des révolutionnaires menant un combat politique et leurs motivations politiques ;

    • Certains membres d'A.D., comme Menigon, étaient en civière à l'un de ses procès à cause de la grève de la faim que le groupe menait. Ce qui fait dire à Jean Alfen que ce procès n'était qu'une parade du jugement qui n'était pas là pour juger des gens mais une image : « si vous vous opposez à notre logique, voilà comment vous terminerez ».


    Faites entrer l'accusé - Action directe, l'assassinat de Georges Besse

    • En novembre 1986, Menigon et Aubron assassinent Georges Besse, le PDG de la régie Renault afin de dénoncer la concentration industrielle et, semble-t-il, les suppressions de postes. Rouillan aurait participé aux repérages ;

    • Les deux femmes ignorent totalement la présence des témoins. Comme le note la femme de Besse, changer d'itinéraire routier afin d'assurer sa sécurité n'a servi à rien puisqu'il parait toujours du même point et il arrivait toujours au même point ;

    • En fondant les GARI, Rouillan participe, en 1974 à des incendies de cars espagnol, à la pose d'une bombe sur le tour de France et à l'enlèvement d'un banquier. Il est arrêté en 1974 et relâché en 1977 ;

    • En 1981, Rouillan déclare, à la radio, qu'à sa sortie de prison en 1977, il s'est « retrouvé face à une réalité sociale bloquée. J'ai pensé que l'action des partis de gauche et d'extrême-gauche ne pouvait pas dépasser ce blocage. J'ai pensé que la lutte armée était un des moyens qui pouvaient débloquer cette réalité sociale » ;

    • En 1981, Menigon raconte son engagement à la radio : « En 76, il y a eu une grève très dure. On a été mis à la porte de la CFDT parce qu'on voulait gérer nous-même notre lutte et qu'on était pour des actions plus radicales. À partir de ce moment-là, on a créé un collectif autonome dont le principal moyen d'action était le sabotage… d'ordinateurs, etc. ». C'est le déclic. Elle quitte son taff et participe aux actions des groupes autonomes : à cette époque, anarchistes, maoïstes, communistes et autonomes rêvent d'une percée historique de leurs idées ;

    • Rouillan et Menigon se rencontrent à Paris et forment la tête d'Action Directe. Aubron, qui ne supporte pas sa famille bourgeoise, va s'inscrire à la fac de Vincennes (celles des soixante-huitards, comme un message envoyé à sa famille), puis elle rejoint les squats dont l'un est celui où traîne A.D., qu'elle rejoint en 1982 ;

    • Cipriani découvre A.D. dans les squats allemands où se trouvent les mouvements autonomes ;

    • En 1980, avant l'arrestation de Menigon-Rouillan, les planques d'A.D. étaient infiltrées par les RG et 32 personnes sont interpellées ;

    • Entre 1981 et 85, il y aurait eu une volonté politique de ménager A.D. : quand ses membres sont interpellés pour des exactions mineures (comme le vol de la voiture de Jospin, par exemple), ils sont relâchés sous les ordres des plus hautes instances judiciaires ;

    • Rouillan, à la radio, en 1981 :
      • Il est vrai que nous avons renoncé pour l'instant à des actions spectaculaires et violentes. Mais, si la situation ne change pas, si le gouvernement ne change pas de politique dans l'usine, s'ils ne mettent pas les patrons au pas, il est évident que nous reprendrons une action violente.
      • Vous pensez que le parti socialiste, la gauche au pouvoir mettra les patrons aux pas ?
      • Nous on voudrait un peu plus : qu'on les mette carrément à la porte sinon on les éliminera, on s'en débarrassera… rire

    • Les membres d'A.D. restaient dans le coin (et ils allaient parfois remonter le minuteur) en attendant que leur bombe explose afin d'éviter des dommages collatéraux, même si c'est arriver comme Marie-France Vilela rendue aveugle par une bombe alors qu'elle promenait son chien plus tard que d’habitude (contre-carrant ainsi les repérages) ;

    • En 1985, A.D. s'unit avec la Fraction Armée Rouge ;

    • Lors de leur procès, les 4 membres d'A.D. sus-cités se sont montré désinvoltes et méprisants envers la justice. En outre, ils se passent des mots, se font des signes, dorment, se retire et décident de ne plus comparaître ;

    • Leur idéal politique reste incompris malgré la lecture d'un manifeste de 30 pages lors de leur procès.


    Action Directe, 30 ans après

    • Les membres imminents d'A.D ont-ils été des mercenaires employés par les Iraniens ou les Libannais ? Georges Besse était le président d'Eurodif dont le business nucléaire avec les Iraniens s'est mal passé (la France refuse d’exécuter le contrat et de livrer l’uranium enrichi depuis que l’Iran n’est plus dirigé par un ami des pays occidentaux). René Audran était responsable des contrats d'armement avec l'Irak, en guerre avec l'Iran.

    • Ce n'est pas mentionné dans le documentaire, mais, pour ma part, je pense que les cibles ne sont pas toujours évidentes… Faire sauter une société commerciale qui importe des fruits d'Israël pour dénoncer l'invasion du Liban par Israël ?!


    A.D. La guerre de l'ombre

    Il s'agit d'une fiction télévisée qui explore la piste d'une manipulation d'A.D. par des États étrangers. Je n'ai pas pu recouper les faits concrets en dehors de l'hypothèse d'un commanditaire étranger, ce qui m'a rendu très dubitatif sur la qualité de cette fiction. Pour moi, il faut passer son chemin.


    La Bande à Baader

    Une fiction documentaire datant de 2008 qui retrace la vie de la première génération et de la deuxième génération de la Fraction Armée Rouge : manifestations contre la venue du Chah d'Iran (qui opprimait son Peuple) dans laquelle des étudiants pacifistes sont tabassés par des pro-Chah sous les yeux des flics qui restent passifs ; première prise de position de Meinhof en faveur des étudiants ; première action de Baader (bombe dans un magasin en avril 1968) ; libération de Baader par Meinhof ; entraînement dans un camp du Fatah ; braquages de banque, lutte contre l'impérialisme américain au Vietnam ; arrestation des leaders historiques en 1972 ; grèves de la faim en cellule ; procès chaotique en 1977 ; tentatives de libération (voyageurs en avion pris en otage ; prise d'otage à l'ambassade de l'Allemagne de l'Ouest à Stockholm ; suicide des leaders historiques en 1977.

    Je déduis de ce film que la communication de Meinhof a permis de populariser les actions. De même, je déduis que la RAF a assumé plus de dégâts collatéraux qu'Action Directe.

    La contestation, c'est lorsque je dis que ça ne me convient pas. La résistance, c'est lorsque je fais en sorte que ce qui ne me convient pas ne puisse pas durer plus longtemps.

    Tue Aug 21 16:26:22 2018 - permalink -
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