A l’aise dans sa fonction, la première dame veille à tout avec un soin jaloux.
« Franchement, c’est parfait, du sacré boulot. Trierweiler, à peine arrivée, voulait être calife à la place du calife, Gayet était un fantôme et Bruni avait une communication tellement lourdingue qu’on voyait toutes les coutures. Souvenez-vous de la séquence où elle a reçu des lectrices de “Femme actuelle” à l’Elysée. Carla et ses invitées étaient en train de papoter le plus simplement du monde, et tout à coup qui arrive, comme ça, qui passe la tête ? Nicolas ! Quelle surprise ! », rigole un spin doctor.
Et d’ajouter : « Avec Brigitte Macron, c’est du grand art. La papesse de la presse people, Mimi Marchand, patronne de l’agence Bestimage, qui gère son image, l’incite à peu intervenir directement. Ce sont les autres qui parlent d’elle, ce qui fait oublier à quel point sa communication est hypercontrôlée, en lien total avec l’Elysée ». Brigitte Macron a réussi cet exploit : tous les communicants de la place de Paris lui tirent leur chapeau.
A l’Elysée, elle est toute-puissante. « Pas un discours important qu’elle n’ait relu, mais elle est suffisamment maligne pour ne pas le faire savoir », raconte le témoin d’une réunion. « Si elle est présente autour de la table, le Président ne la quitte pas des yeux. Ceux qui s’opposent à elle, pour une raison ou pour une autre, se sentent soudain plus éloignés du prince, ils ont peu à peu moins accès à lui et ont le sentiment d’être aussi moins écoutés », se souvient un autre.
Des postulants au fayot d’or
Ceux qui veulent obtenir un hochet, s’approcher de Macron, faire passer un message ou rester en cour l’ont compris : il faut chanter les louanges de Brigitte. Certains ne savent trop que dire mais y vont fort, comme Jean-Michel Blanquer. « Elle incarne pour moi la prof idéale », a-t-il confié en pas trop petit comité, histoire d’être sûr que cela soit répété, ajoutant : « Je maintiens, même si ça me fait passer pour un fayot. » Mais non, quelle idée. Et puis, il y a de la concurrence pour le fayot d’or. Richard Ferrand, qui voudrait bien remplacer Rugy à la présidence de l’Assemblée, ne fait pas dans l‘aquarelle : « Sa présence est rayonnante et sert le pays. »
Attention toutefois a Edouard Philippe, qu’on a toujours tendance à enterrer trop vite et qui n’a pas dit son dernier mot : « Brigitte Macron a une densité de réflexion et une profondeur culturelle impressionnantes. » Y a du métier, c’est indéniable.
Elle va relayer la pensée macronienne, selon le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, qui lui a dit, la voix tremblante : « Vous êtes une des rares femmes dans le monde entier qui peut délivrer un message, nous avons besoin de vous. » Un avis que partage Jean-Pierre Raffarin, retraité de la politique qui n’aurait rien contre l’idée d’obtenir une nouvelle mission. En Chine explique-t-il, Brigitte est tout simplement « une idole ».
Brigitte Macron fait aussi souffler un petit vent de « modernité » à l’Elysée. Elle a ôté les lourdes tentures pour faire « entrer la lumière », a fait remiser quelques bergères, et souhaite exposer au Palais des artistes modernes. C’est bien simple, le couple Macron éprouve une « fascination » pour les artistes. François Patriat, président du groupe LRM au Sénat, ne se fait pas beaucoup prier pour crier son admiration : « Elle fait très moderne, elle comprend ce que les Français attendent d’elle et fait simplement l’unanimité. »
Les proches collaborateurs de Brigitte Macron, Pierre-Olivier Costa et Tristan Bromet, expliquent aux journalistes qu’elle évitera au Président la fameuse déconnexion d’avec le réel. Elle aime quitter le Palais, s’évader dans Paris pour « débriefer » ses conseillers. Et, là, au contact de la vraie vie, « les sujets qui paraissaient très importants au bureau deviennent souvent futiles ».
Elle rend Bernadette gentille
Mais sa plus grande qualité c’est qu’elle « humanise » la présidence. Aux côtés de son surhomme, qui dort trois heures par nuit et avale les dossiers comme Hollande les macarons, elle est là pour les douleurs du quotidien. « Les demandes désespérées des personnes qui ne trouvent pas les bonnes portes retiennent son attention », raconte la presse. Elle est le « dernier recours ». Lors des obsèques de Hallyday, elle a « pris en main l’aspect humain ».
Parfois, Brigitte répond elle-même au téléphone, mais oui. Elle veut, explique-t-on, « organiser des soirées à l’Elysée sans people, loin du gratin parisien ».
Le grand mot de la com’ de Brigitte, c’est « juste ». elle a des mots «justes », un comportement « juste ». Le mot n’est pas choisi au hasard : il fait oublier l’hypercontrôle de l’image de la première dame.
Et ça marche. Laure Adler trouve qu’elle apporte « un petit supplément d’âme » et se pâme devant la vie personnelle de la première dame : « Madame Bovary, à côté, c’est de la gnognotte. »
Brigitte Macron a même reçu Bernadette Chirac a l’Elysée, et, devant le personnel, a réussi à faire dire au cerbère « un mot gentil pour tout le monde ». Trop forte.
Oooooook… En 2017-2018, en France, pour exister dans la politique-politicienne, il faut toujours faire sa cour à la madame du châtelain… Hé bah… On n'est pas rendu, hein… Pitoyable…
Dans le Canard enchaîné du 10 janvier 2018.