« Dans le cadre du projet de loi numérique dont les députés ont achevé l’examen cette semaine en première lecture, l’Assemblée nationale a adopté un amendement qui modifie le code de l’éducation pour que les établissements scolaires deviennent un lieu d’apprentissage de la non-violence sur Internet, notamment à l’égard des femmes.
Le texte demande que « la formation à l’utilisation des outils et des ressources numériques » qui doit être dispensée à l’école jusqu’au lycée « comporte une sensibilisation aux droits et aux devoirs liés à l’usage de l’internet et des réseaux, dont (…) le respect de l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que la lutte contre les violences commises au moyen d’un service de communication au public en ligne ».
L’amendement avait été déposé par la députée Catherine Coutelle (PS), présidente de la Délégation aux droits des femmes, qui avait remis fin décembre un rapport sur le numérique et les femmes (.pdf). Mme Coutelle a assuré lors des débats que « les jeunes citoyens qui vont sur internet s’imaginent sur un espace privé et ne pensent pas aux conséquences de ce qu’ils peuvent y publier », d’où l’importance de les éduquer. »
Oki donc AFK, on s'en moque de l'égalité hommes-femmes et des violences psychologiques, right ? Non ? Bah alors ! Si le message doit passer, c'est pas dans le cours numérique mais de manière transversale. :- Quand la députée affirme « les jeunes citoyens qui vont sur internet s’imaginent sur un espace privé et ne pensent pas aux conséquences de ce qu’ils peuvent y publier », c'est bien ça qu'il faut transmettre : comment on s'exprime à l'écrit, en public, sur un medium qui conserve l'information. Et ça ne relève pas du cours sur les usages numériques mais des cours de français, philosophie et les ex-cours d'éducation civique ! Et ça ne doit pas concerner exclusivement l'égalité hommes-femmes, les violences psychos et le droit d'auteur mais absolumment tout car, là, nous sommes en train de parler de vie en société, en groupe, tout bêtement et que le support ne change rien à l'affaire (merci de pas me dire qu'Internet change tout car communication de masse. Sur FB & co, c'est faux la plupart du temps et peu importe : une violence ne change pas de caractère en fonction du nombre de personnes dans l'auditoire, elle est inacceptable dans tous les cas) !
ÉDIT DU 22/01/2016 À 23H40 : mail envoyé aux député-e-s qui ont déposé cet amendement (il faut bien leur signaler leurs erreurs sinon ils/elles ne vont jamais progresser. Surtout que là c'pas un sujet technique donc aucune excuse) :
Mesdames et messieurs les député-e-s,
Je souhaite réagir à l'amendement numéro 700 que vous avez déposé sur le projet de loi pour une République numérique (
http://www.assemblee-nationale.fr/14/amendements/3399/AN/700.asp) dont je viens de prendre connaissance.
Je comprends l'intention et elle est parfaitement fondée. Je ne dénigre pas votre amendement.
Néanmoins, il y a deux biais dans votre raisonnement :
* Quand vous affirmez « les jeunes citoyens qui vont sur internet s’imaginent sur un espace privé et ne pensent pas aux conséquences de ce qu’ils peuvent y publier », vous avez parfaitement raison : c'est bien cela qu'il faut transmettre à la jeunesse : comment on s'exprime à l'écrit, en public, sur un support qui conserve l'information sur le très long-terme. Ce n'est pas du tout le même exercice de la pensée que l'expression orale ou la rédaction d'un devoir que seul le professeur lira. Cela ne relève pas d'un cours sur les usages numériques mais des cours de français, de philosophie et des ex-cours d'éducation civique !
* Cette transmission de principes et de valeurs ne doit pas concerner exclusivement l'égalité hommes-femmes, les violences psychologiques et le droit d'auteur mais absolument tous les domaines de la vie car, là, nous sommes en train de parler de vie en société, tout bêtement, et que le support de la communication (de vive voix, par SMS ou via Internet) ne change rien à l'affaire ! Merci de ne pas me faire croire qu'Internet change tout car on entre dans une communication de masse : sur Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux, c'est faux la plupart du temps (la diffusion s'y fait par cercles d'amis, de collègues, de camarades,...) et peu importe : une violence ne change pas de caractère en fonction du nombre de personnes dans l'auditoire, elle est inacceptable dans tous les cas, même sans spectateurs !
En résumé, votre message est fondé mais la manière de l'inscrire dans la loi n'est clairement pas la bonne tant sur le fond que sur la forme, ce qui conduira à une efficacité bien moindre que celle que vous en attendez.
Cordialement. FIN DE L'ÉDIT.