Si je résume viteuf ce qui ressort pour l'instant des comptes de campagne des candidats à la présidentielle 2017, ça donne ça :
- Macron se fait octroyer pour environ 200 000 € de rabais inhabituels sur des prestations de communication c'est-à-dire des rabais qui dépassent parfois les 20 % admis par la Commission des comptes de Campagne et/ou qui ne semblent pas être appliqués aux candidats Hamon et Fillon (au minimum), ce qui jette un doute sur leur caractère habituel. On parle de prestations identiques voire de la location d'une même salle ! La société par qui tout a commencé, GL Event, est citée dans les Panama Papers et son dirigeant est un poto de longue date de Collomb, qui lui a octroyé beaucoup de concessions publiques à Lyon. Au moins deux des sociétés commerciales qui ont octroyé des rabais sont désormais bien reçues à l'Élysée (GL Event) voire font partie du staff présidentiel (Eurydice). Apprécions les justifications qui nous ont été servies : "on a négocié serré" côté Macron suivi d'un "ce n'est pas un rabais inhabituel" côté GL Event suivi de (quand le côté "habituel" s'écroulait face aux faits) "la différence de tarification s'explique par la temporalité : période estivale ou non" (qui ne résiste pas à l'analyse des faits : les ristournes ont perduré dans le temps) … … … ;
- Le camarade Méluche a eu massivement recours à l'autoentreprenariat (y compris pour les "hauts gradés", comme le numéro deux de sa campagne) contre lequel il a toujours pesté ainsi qu'à une association, l'Ère du peuple, qui joue le rôle de micro-parti sans avoir les statuts d'un parti politique, ce qui permet d'échapper aux règles de transparence de la vie publique. Je passe sur l'éventuelle surfacturation appliquée par l'Ère du peuple, car l'explication de la France Insoumise m'a convaincu (dans le doute, ils ont refacturé les salaires selon un delta tel qu'il se pratique dans les agences d'interim). Là aussi, apprécions les justifications qui nous ont été servies : "mouiiiiiin je suis le mal-aimé, mouiiiiiin" (alors que non : la commission des comptes de campagne a sorti le dossier de Méluche en premier car il était le plus demandé) suivi de "les personnes étaient toutes volontaires donc l'utilisation du statut d'autoentrepreneur est conforme à notre éthique" suivi du pas contradictoire propos "l'usage de ce statut n'est pas le top, mais on n'avait pas le choix, les règles étaient trop contraignantes, notamment on n'avait pas de prêt bancaire à ce moment-là" (pourquoi ne pas avoir arrêté quand il⋅elle⋅s l'ont obtenu ? mystère) suivi de "naaaaaan mais on n'a pas voulu échapper à l'IS et à la TVA avec l'Ère du Peuple qui n'est pas une structure à but lucratif, si le fisc constate un problème, on paiera, ce n'est pas le sujet" suivi de "naaaaan, y'a aucun manque à la transparence de la vie publique, si la Commission des comptes de campagne nous le demande, on publiera le nom des donateurs et le montant des dons, c'pas un soucis". En passant, je ne résiste pas à l'envie de citer ceci : « L’Ère du peuple », cette association a pour objet social de fournir un « support technique et logistique à toutes initiatives prises au service des idées de Jean-Luc Mélenchon pour réaliser la révolution citoyenne ». Ça ne se prend pas pour de la merde.
Ça me rend enragé ! Dans les deux cas, on est quand même à un niveau de foutage de gueule et de mauvaise foi comme c'est pas permis ! Pinaise, il⋅elle⋅s me dégoûtent tou⋅te⋅s ! "Naaan monsieur le juge, je ne l'ai pas vraiment violée, mais les règles pour obtenir son consentement étaient trop contraignantes, comprenez-moi"… "C'est de la négociation, ha heu non, c'est un rabais habituel, ha, non, pardon, une tarification saisonnière, je suis maladroit, ha, heu, non, c'est…"… Aucune volonté de faire une campagne totalement clean alors qu'il n'arrête pas de jacter sur la transparence, sur une 6e République plus saine, etc. Quand tu renies tes prétendues convictions (sur le statut d'autoentrepreneur) avant même le combat, tu pars quand même très mal, je trouve. Booooarf, tout ça me dégoûte…
Je ne reviens pas sur Fillon et sur Le Pen… C'est guère mieux.
En tout cas, tout ça amène à réfléchir à l'équité de financement entre les candidat⋅e⋅s à une élection, à l'égalité des prix pratiqués par un même prestataire auprès de candidats différents pour une même prestation, aux contrôles que l'on pourrait améliorer genre la Commission des comptes de campagne n'a pas de pouvoir d'enquête, ne connaît pas le milieu dans lequel elle exerce (combien coûte l'impression de tracts ? combien coûte un meeting de telle ampleur donné dans tel lieu ? Il⋅elle⋅s n'en savent rien) et elle est sous-dimensionnée, ce qui l'empêche de gérer le brutal pic électoral qui se produit tous les 5 ans, etc.
Ça sera pour la prochaine fois. Pour l'heure, les comptes de campagne de tous les candidat⋅e⋅s à la présidentielle 2017 ont été validés. Circulez, y'a rien à voir, et surtout, n'hésitez pas à voter pour des crapules (mais au moins, y'a des crapules de droite, de gauche et de ni-ni, et ça, ça change tout, c'est ça, « avoir le choix » !).
Sources :