Les 27 et 28 juin 2015, j'étais présent dans le public de la première édition du jardin entropique, un week-end consacré au partage, aux débats et à la découverte autour du numérique et de la liberté. Il y avait des stands (FFDN, Nos Oignons, Actux,...), des ateliers (création de jeux vidéo "Visual Novel" facile avec Ren'Py, OSM,...), des expositions (notamment une salle avec des minitels faisant tourner des petits jeux vidéo \o/ ) et des conférences.
Je n'ai pas assisté à beaucoup de conférences ni à beaucoup d'ateliers puisque j'ai passé la plupart de mon temps à échanger avec des gens autour de bières / whisky. Je ne regrette rien : les personnes présentes étaient waaaaaaaah, juste waaaaaaah. :D
Malgré ça, voici les notes que j'ai prises pour les conférences auxquelles j'ai assisté.
Quelles organisations possibles pour mettre l'intérêt général au coeur du numérique ? par Philippe Berthelot & Jean-François Burgos :
* Les élus locaux semblent bouder le jardin entropique. C'est pour ça qu'on se retrouve avec deux orateurs plutôt issus du monde de la culture (l'un est membre de la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture , l'autre est un ancien de la Fédération des lieux de musiques actuelles et informaticien de métier) pour causer numérique... Ils ignorent ce que sont les STDAN (Schema technique d'aménagement numérique du territoire, dans le cadre du déploiement de la fibre optique) (question de Laurent Guerby) ;
* « La neutralité du Net est terminée, je ne sais pas encore qui y croit. Il n'y a qu'à voir les débits asymétriques de nos accès » ;
* Cet échange avec le public n'est qu'une suite de banalités : les GAFA reposent sur un modèle publicitaire, il faudrait trouver un autre modèle économique ; culture, contre-culture, sous-culture, DIY,... ; les luttes locales permettent de gagner les luttes globales, il faut toujours réfléchir en terme de territoire plutôt qu'en global ; la France a raté le virage numérique,... ;
* Il est difficile pour les activistes/militants de venir causer aux collectivités (pas la même vision de ce qu'est le travail, horaires contraignants en conflit avec travail, terminologie à se farcir, argumentaire à adapter...) mais c'est pourtant nécessaire car, dans les collectivités territoriales, il y a des bonnes volontés qui comprennent bien nos problématiques numériques et les enjeux mais qui ne peuvent rien faire seuls à cause de la rigidité de l'administration : il faut une force extérieure pour montrer qu'il y a de l'intérêt et pousser le projet.
tetraneutral.net / DCP bay par Laurent Guerby :
* Présentation détaillée des FAI associatifs dont tetaneutral.net ;
* Toujours la même présentation de guerby. J'ai remarqué que les détails (notamment sur le WiFi) font perdre pied à l'auditoire... Dommage. :(
CryptoParty en bibliothèque ? L’exemple de la bibliothèque de l’INSA de Rennes par Damien Belvèze & Chloé Lailic :
* Présentation *très* intéressante ;
* Le/la bibliothécaire doit être bienveillant, on doit pouvoir lui faire confiance (pas de pistage, respect des idées des lecteurs,...). C'est une problématique nouvelle en France mais cruciale aux USA (une bibliothécaire a refusé de témoigner à propos des activistes qui se réunissaient dans sa bibliothèque ). La lutte doit aller jusqu'au refus des DRM Adobe sur les ebooks ;
* Le cadre vie privée fait déjà partie des prérogatives des documentalistes ;
* Les documentalistes ont bien compris les problématiques mais se heurtent à la rigidité des directions informatiques qui réclament traçabilité accrue des accès et interdiction d'installer des logiciels sur les PCs (TOR, par exemple) de la bibliothèque y compris le temps d'une soirée crypto-party... Y'a vraiment des autorisations à dealer de partout... :( ;
* Leur crypto-party semble avoir été un succès : atelier complet jusqu'à échanges des clés, tout type de public était présents même si la grande majorité était des enseignants-chercheurs et des étudiants. Idée à reprendre : signalétique "1 clé, 2 clés, 3 clés" pour marquer la difficulté des ateliers sur le programme -> faire ça en mélangeant avec Caliopen pour donner des sortes de grades aux gens (leur état d'avancement dans la crypto-anarchy :D) pour les motiver. ;
* Étendre le principe de crypto-party à plus que de la crypto mais aussi hygiène informatique, sécurité informatique, protection de la vie privée de manière douce ;
Internet et citoyenneté : quand la société civile s’approprie le numérique pour lutter par Annaïg Denis & Myriam Tollemer :
* Myriam Tollemer :
* Rappel des prétendues utopies du début (ma version à moi est que ces idéaux ne sont pas morts :
http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2014/05/06/internet-les-heros-sont-fatigues_1011830). Jules Verne évoquait déjà un réseau télégraphique mondial ;
* Internet renforce l'autonomie des individus, renforce la société par le bas / par la base ;
* Internet conduit à une société plus pacifiste (esprit des 60's à San Francisco), plus tolérante, plus consensuelle. Ça rend "le réel" plus authentique, ça revitalise les liens sociaux. Il s'agit d'une liberté sociétale qui puise sa force dans la collaboration.
* Je note quelques erreurs sur l'histoire d'Internet (exemple : non, on n'a pas attendu le web2.0 pour travailler de manière collaborative, le web2.0 a rendu la collaboration accessible au plus grand nombre) et des erreurs d'interprétation (exemple : non, Internet n'est pas différent du réel... Il n'y a pas Internet et IRL, il n'y a qu'Internet et AFK, c'est un perpétuel prolongement l'un de l'autre).
* Annaïg Denis (FFDN) :
* Il convient de faire la différence entre lobbying (défendre un intérêt particulier pour soi) et advocacy (défendre un intérêt général comme LQDN/FFDN).
* Rappels de toutes les tentatives de contrôle du net et de toutes les merdes qui nous sont tombées dessus : brevets logiciels, HADOPI, paquet télécom, LOPPSI (première fois que l'on évoque le blocage administratif de sites web pour motif pedoporn), la loi Hamon (article L141-1 du code de la conso) prévoit que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) puisse demander au juge de bloquer des sites contrevenant au code de la consommation, LPM, loi antiterrorisme/Czeneuve, loi renseignement, traités transatlantiques (ACTA puis CETA (entre CA et EU) puis TAFTA...).
Dans le monde artificiel, comme dans le naturel, le chemin à parcourir est le même : réaliser les droits fondamentaux des personnes par Marco Ciurcina (Hipatia) et Free Software -- Freedom in your Computer par Richard Stallman (Conférence de clôture)
* La première conférence reprend les idées clés de rms donc les deux conférences ont dû être redondantes (conditionnel car je n'ai pas assisté à la conf' de rms, c'est le même discours depuis 30 ans (et à juste titre : c'est toujours les mêmes droits et libertés qu'il faut défendre)) ;
* Rien de neuf sous le soleil.