Deux policiers à moto, l’un chauffeur et l’autre passager, armé d’un lanceur de balles de défense ou d’une matraque : une bonne dizaine d’équipages de cet acabit ont roulé les mécaniques, le 2 février, du côté des Champs-Elysées. Souvenirs, souvenirs… Ce dispositif rappelle les tristement célèbres « pelotons voltigeurs » de Charles Pasqua, dissous en décembre 1986, après la mort (sous leurs coups) de Malik Oussekine.
Interrogée par « Le Canard », la Préfecture de police assure, sans rire, que cela n’a rien à voir — les motos constituant « juste, un moyen de transport pour les DAR (sic) ». Les DAR, quèsaco ? Ces « détachements d’action rapide » ont été créés par ladite Préfecture à la suite du saccage de l’Arc de triomphe lors d’une manif de gilets jaunes, le 1er décembre 2018. Ils sont constitués de 200 flics en civil — normalement à pied —, recrutés parmi les spécialistes du « saute-dessus » dans les BAC ou au sein de la brigade de répression et d’intervention.
Pourtant, deux mois après leur lancement, l’Intérieur se mord les doigts. Bon nombre des blessés graves, notamment les victimes de lanceurs de balles de défense, sont imputables à ces DAR. Au départ, leur activité devait être strictement encadrée par la direction chargée du maintien de l’ordre (DOPC) à la Préfecture de police. En appui des gendarmes et des gardes mobiles, ils devaient interpeller les casseurs en flag.
Motos et bouche cousue
Mais des problèmes de commandement, consécutifs à l’affaire Benalla, ont fait passer ces détachements sous la tutelle exclusive du directeur de la police en tenue parisienne (DSPAP), qui leur a donné davantage (et un peu trop) carte blanche… Le dirlo en question a même perfectionné son joujou en créant une section moto. L’avenir de ces nouveaux voltigeurs, cependant, n’est pas assuré, la Place Beauvau réfléchissant à une reprise en main des DAR, dont les violences ont déclenché la plupart des enquêtes de la police des polices.
Ce serait un vrai crève-cœur…
Dans le Canard enchaîné du 6 février 2019.