Ma tante Henriette, elle gueule quand il n’y a plus d’épicerie dans son bled, mais c’est la première à courir à l’hypermarché à cinq bornes. Moins cher, plus rapide, le chaland (même de gauche !) file chez Leclerc, et après lui le déluge. C’est vrai que les vieux, en plus d’être pingres, sont souvent pressés. Alors certes, ils regrettent leur coopette, le sourire de la crémière, mais ni ses prix ni sa file d’attente. Côté téléphonie, elle est passée chez SFR, l’Henriette. Parce que c’était moins cher que chez Orange. Orange, ultime avatar d’un lointain service public. Mais voilà, SFR, ça dléconne tout le temps. Pourquoi ? C’est une boîte gérée par un requin. Un type qui presse le citron, puis la pulpe, puis les pépins. Oh, question management, France Télécom (Orange) n’est pas en reste, certes ! Mais SFR, c’est l’incarnation de la vanité de l’ouverture à la concurrence. C’est moins cher… mais ça marche pas. Et qu’est-ce qu’elle fait l’Henriette quand ça marche pas ? Elle appelle les PTT… Orange quoi. Parce qu’en se vautrant sur les offres SFR, elle a pas bité qu’elle quittait le service public, qu’elle plongeait dans le matigot de l’offre et de la demande. Et quand la dame marocaine de la plateforme Orange lui explique tout ça, elle l’engueule, l’Henriette. Pourquoi ? Parce qu’elle veut rien comprendre. Pour les pigeons comme elle, la SNCF a créé Ouigo. Une filiale lowcost avec du personnel moins formé, des prestations à la carte selon des règles incompréhensibles. Alors l’Henriette, elle va se précipiter, elle et toutes les autres alouettes qui vont s’écraser dans le fameux miroir. Dans quelques années, Ouigo sera privatisé, ses tarifs auront explosé, le personnel pas forcément compétent, les retards seront la règle. Et l’Henriette ira se plaindre aux « fainéants » de la SNCF… qui'l’enverront chier. Bien fait pour sa gueule.
Gros gros +1.
Dans le Siné mensuel de septembre 2018.