Depuis août 2016, pour faire appel d'une décision prise par un Conseil de Prud’hommes, il faut nécessairement être représenté⋅e par un⋅e avocat⋅e ou par un⋅e défenseur syndical⋅e. Normal, la même loi raccourcie les délais et complexifie la procédure donc forcément qu'il faut un⋅e spécialiste pour débroussailler tout ça…
C'est un bout de justice supplémentaire qui échappe aux citoyen⋅ne⋅s. Qu'il faille un⋅e avocat⋅e en cassation, pas de problème pour moi car le but de cette étape est de discuter de la bonne application du droit lors des jugements précédents donc il faut des spécialistes qui parlent la langue (comme il te faut un administrateur systèmes pour résoudre un problème corsé). Qu'il faille un⋅e avocat⋅e en appel, procédure par laquelle on rediscute des problèmes concrets du dossier, c'est exprimer que les citoyen⋅ne⋅s sont des imbéciles incapables d'expliquer leur point de vue, de suivre une procédure et de s'encapaciter (de la même manière qu'il ne devrait point être nécessaire d'être administrateur systèmes pour utiliser un ordinateur et débloquer les problèmes essentiels), c'est instaurer une justice de privilégié⋅e⋅s à destination des privilégié⋅e⋅s qui permet aux privilégié⋅e⋅s de résoudre leur petits problèmes entre eux⋅elles. Justice de caste.
Ho, j'entends la bonne excuse qui a justifié ce massacre : il faut que ça aille vite, la procédure génère des angoisses chez les salarié⋅e⋅s. Je réponds qu'il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Si l'on veut de la vitesse, on octroie plus de moyens (financiers, humains, etc.) à notre système judiciaire et on produit du droit limpide. Les jugements iront vite sans pour autant prendre les citoyen⋅ne⋅s pour des imbéciles.
Devine quelle loi a introduit cette mascarade ? La loi Macron de 2015 (loi numéro 2015-990 du 6 août 2015 pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques de son nom complet).