La machine à purges massives s’emballe, dans la Turquie du président Recep Tayyip Erdogan, qui avait jadis tenté de survendre à l’Europe une image angélique d’islamiste « modéré ».
Le 24 décembre, 2 756 fonctionnaires turcs ont été renvoyés, perdant jusqu’ à leur couverture santé. Parmi eux, 637 militaires et 105 universitaires, mais aussi des agents des ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères.
Accusés, en vrac, de terrorisme, ces bannis ne seront plus jugés en civil mais affublés du nouvel uniforme que porteront les comploteurs présumés (« lemonde.fr », 24/12). Ils rejoindront ainsi les 55 000 personnes arrêtées et les 140 000 limogées ou suspendues de leurs fonctions depuis le « coup d’Etat » manqué du 15 juillet 2016.
Le lendemain, 25 décembre, 17 membres du journal d’opposition « Cumhuriyet » comparaissaient pour la cinquième fois devant la justice, accusés, eux aussi — comme 153 journalistes —, d’avoir fomenté un putsch contre Erdogan. L’un d’eux, Ahmet Sik, emprisonné et à l’isolement depuis le 29 décembre 2016, qui avait notamment révélé les liens entre Daech et Ankara, a été brutalement expulsé de la salle d’audience pour cause de défense « trop politique ». Le journaliste, lauréat du Prix mondial de la liberté de la presse de l’Unesco, a lancé aux magistrats : « Vous serez jugés demain à votre tour. Et je vous souhaite un autre tribunal que le vôtre ! »
Et insolent, en plus…
Dans le Canard enchaîné du 27 décembre 2017.